La Commission européenne vient de dévoiler son projet d'indice de réparabilité des téléphones portables et des tablettes numériques. Celui-ci figurera sur la future étiquette « énergie » aux côtés de plusieurs autres éléments permettant de mesurer la durabilité des équipements : qualité de la batterie, résistance aux chutes et aux agressions extérieures (poussières et eau). L'exécutif européen souhaite que la nouvelle législation soit adoptée d'ici à la fin de l'année, pour une entrée en vigueur au plus tard un an après.
L'association Halte à l'obsolescence programmée (HOP) « se félicite » de ce projet, qui « est indéniablement un progrès ». De même, Fairphone, le spécialiste des mobiles réparables et durables, estime que « ce projet de règles constitue une première étape importante dans le processus visant à rendre les smartphones plus durables ». Toutefois, ces deux acteurs souhaitent le renforcement de certains points, en particulier la durabilité des batteries.
Le projet, soumis à consultation comporte deux règlements : le premier crée une réglementation Écoconception applicable spécifiquement aux mobiles, le second précise les critères d'écoconception applicables.
La réparabilité notée de A à E
Concrètement, Bruxelles propose une étiquette « énergie » assortie de critères de durabilité. Sur le plan énergétique, l'indice d'efficacité habituel sera présenté, avec une note allant de A (pour les plus efficaces) à G.
La grande nouveauté concerne, d'abord, l'ajout d'un score de réparabilité, noté de A à E. Celui-ci s'inspire de l'indice français et prend en compte six critères : trois notes relatives au caractère démontable de l'équipement (elles apprécieront la capacité de certaines pièces – caméra, batterie, écran, etc. – à être démontées, la simplicité des opérations de démontage et la nature des outils nécessaires) ; une note relative à la disponibilité d'une quinzaine de pièces détachées ; une note relative à la durée de fourniture des mises à jour des logiciels (les meilleures notes prévoient une durée de sept ans pour les mises à jour de sécurité) ; et une note basée sur la mise à disposition de la documentation technique (celle-ci pourra être facturée à « un prix raisonnable et proportionné »).
Ce dispositif est globalement bien reçu. HOP note toutefois des reculs par rapport au système français. Le projet européen « ne prend pas en compte le prix des pièces détachées dans son calcul [alors qu'] il s'agit généralement d'un des freins les plus importants à la réparation d'un appareil ». De même, la disponibilité des pièces détachées est réservée aux seuls réparateurs professionnels, à l'exception de la batterie et de la couverture arrière accessibles à tous, déplore l'association. « Les fabricants peuvent exiger des réparateurs qu'ils s'enregistrent et paient pour accéder aux informations de réparation », critique, pour sa part, Fairphone, craignant que le prix « raisonnable » demandé « laisse une grande place à l'interprétation ».
Des batteries de qualité ou remplaçables
La future étiquette affichera aussi les performances de la batterie. Celles-ci prendront en compte son autonomie par cycle, c'est-à-dire l'autonomie selon un scénario d'utilisation défini. Les performances seront aussi basées sur le nombre de recharges possibles avant que la capacité de recharge ne chute à 80 % de la capacité initiale (l'« endurance » sera affichée en milliers de cycles). HOP regrette toutefois que le texte permette aux « fabricants de batteries de proposer des batteries durables (…) ou de proposer des batteries comme pièces détachées aux utilisateurs finaux ». Ce point est aussi critiqué par Fairphone, qui demande à Bruxelles de « faire pression [sur les fabricants] pour imposer à la fois des batteries durables et des batteries en tant que pièces de rechange ».
Autre critère : le nombre de chutes répétées que l'appareil peut supporter tout en continuant à fonctionner. Les plus robustes (notés A) devront supporter 300 chutes. À l'opposé, la note E sera attribuée aux produits résistant à moins de 50 chutes. Dans le même esprit, la robustesse des smartphones sera évaluée sur la base de leur capacité à résister à la poussière (selon la taille des particules) et l'eau (selon qu'il résiste aux éclaboussures ou à une immersion de plus d'une minute).