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Les collectivités dans l'urgence de la sobriété

Face à la menace de l'explosion de leurs factures d'énergie, les collectivités ont mis en place des mesures de sobriété dès l'automne dernier. Dans l'urgence, deux postes majeurs de consommation ont été ciblés : le chauffage et l'éclairage public.

Energie  |    |  S. Fabrégat
Les collectivités dans l'urgence de la sobriété
Actu-Environnement le Mensuel N°434
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°434
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Baisse de la consigne de chauffage, extinction de l'éclairage public, télétravail dans les administrations ou encore fermeture de piscines ou de musées et/ou baisse de leurs amplitudes horaires… De nombreuses mesures, plus ou moins populaires, ont été mises en place par les collectivités pour baisser les consommations énergétiques cet hiver mais aussi, et surtout, alléger les factures. L'acceptabilité de ces mesures a souvent été le nœud du problème.

Les baisses de consommation ont, de fait, porté sur deux grands postes, de loin les plus énergivores pour les collectivités : le chauffage (et l'eau chaude sanitaire) dans les bâtiments publics et l'éclairage de la voirie. L'objectif, pour nombre d'entre elles, était d'éviter une explosion de la facture énergétique. Ces mesures ont majoritairement été acceptées par les citoyens, selon un sondage réalisé par Enedis en novembre. « En revanche, moins d'un Français sur trois soutient la fermeture d'installations sportives ou de lieux culturels pour répondre aux enjeux de sobriété », indiquait le gestionnaire de réseau. « La suspension ou la restriction de certains services, si elle est acceptable ponctuellement dans un contexte de crise, peut davantage soulever de la critique et du rejet si elle devient permanente et questionne la durabilité de la sobriété sur le long terme », analyse le cabinet de conseil Eco Act.

“ Il faut s'appuyer sur les retours d'expérience, et chacun va composer sa propre recette ” Samuel Martin, Négawatt

Passée l'urgence de l'hiver, l'objectif va désormais être dans la définition d'actions à plus long terme, afin de pérenniser les économies d'énergie. « Il n'y a pas un seul chemin figé, une recette générique, cela fonctionne très mal sur le terrain. Il faut s'appuyer sur les retours d'expérience, et chacun va composer sa propre recette. Cela se fait dans la dentelle », préconise Samuel Martin, de l'association Négawatt.

Éteindre la lumière : à la croisée des enjeux

« Dans les communes de moins de 10 000 habitants, l'extinction de l'éclairage public figure au premier rang des mesures mises en place par ces mairies pour réduire leur consommation d'énergie », analysait Enedis, fin novembre. Pour les petites communes, ce poste peut représenter jusqu'à 40 % de la facture énergétique, d'où le choix d'agir dessus prioritairement.

Mais malgré l'urgence, beaucoup de communes ont fait le choix de la concertation en interne et en externe afin d'emporter l'adhésion. Des réunions publiques ont souvent été organisées pour expliquer la mesure et répondre aux craintes que cette action pouvait soulever au sein de la population : hausse du sentiment d'insécurité, questions de sécurité routière…

Zoom sur les équipements sportifs

Les collectivités gèrent de nombreux équipements sportifs. Eux aussi ont été soumis à des mesures de sobriété. Selon le compte rendu du groupe de travail du plan de sobriété consacré aux sports, 86 % des acteurs ont diminué d'au moins 2°C la température des gymnases et salles privées de sport, 70 % des piscines ont baissé la température de l'eau d'au moins 1°C et 33 % ont indiqué avoir modulé et/ou optimisé leurs heures, jours et périodes d'ouverture.
En revanche, « seuls 32 % des acteurs ont réduit leur consommation d'eau chaude dans les vestiaires ou encore seulement 28 % d'entre eux ont désactivé les appareils électriques et électroniques pour éviter le gaspillage énergétique ». Enfin, les trois quarts des collectivités et gestionnaires de salles privées ont réalisé, en 2022, la maintenance et la révision de leurs installations de chauffage.
Des actions ont également été réalisées sur l'éclairage : 49 % des gestionnaires d'équipements sportifs ont optimisé les périodes et puissances d'éclairage en fonction du niveau de pratique et des heures de la journée.
Le ministère prévoit, en juin 2023, la publication d'un plan d'adaptation de la pratique sportive au réchauffement climatique.

Certaines collectivités, souvent plus grandes, ont pris le temps d'élaborer un plan d'extinction précis ou d'expérimenter avant de généraliser. La Ville de Lyon a, par exemple, fait le choix d'expérimenter pendant trois mois l'extinction en cœur de nuit dans certains quartiers et certains jours de la semaine (du dimanche soir au mercredi soir entre 2 heures et 4 h 30), avant de décider d'une poursuite ou d'une extension de la mesure. Bilan : pas d'accidentologie ni d'insécurité en hausse, et une réduction des consommations de 130 000 kilowattheures (kWh). « Cette expérimentation bien que satisfaisante a également révélé la complexité du réseau électrique lyonnais ne permettant pas, à court terme, une extension du périmètre géographique, d'où un manque de lisibilité pour la population », a indiqué la municipalité à l'issue de l'expérimentation, le 6 février.

De son côté, Bordeaux n'a éteint la lumière qu'à partir du 2 janvier, entre 1 heure et 5 heures, et seulement dans les quartiers résidentiels. L'hypercentre reste éclairé. Ce qui devrait assurer une économie de 880 000 euros, selon les estimations de la municipalité.

À Strasbourg, des mesures devraient être prises prochainement. La municipalité a pris le temps de la réflexion puisqu'elle n'est concernée par la hausse des prix de l'énergie que depuis le 1er janvier 2023, date du renouvellement de ses contrats d'énergie. « Il fallait d'abord réfléchir à quand, comment, pourquoi, explique Aurélie Kosman, conseillère municipale. L'éclairage public pose des questions de sécurité, de biodiversité, de sécurité routière, mais aussi d'esthétique de la ville. Il fallait aborder la question de manière globale, prendre le temps de l'échange, lever les croyances. » L'objectif est de mettre en place cette mesure de manière durable, ce qui justifie le temps de la réflexion. Comme dans la plupart des grands centres urbains, il s'agira de faire coïncider l'extinction des lumières avec l'arrêt et la reprise des transports publics.

Consignes de chauffage : des difficultés techniques révélées

Un maire sur deux aurait également opté cet hiver pour la baisse de la température dans les bâtiments publics. La consigne générale était de 19°C, avec des adaptations selon le type d'usage. « Il faut faire du sur-mesure sur les consignes de température, analyse Samuel Martin. Il y a besoin de discuter, de débattre, d'être à l'écoute des besoins, de prendre en compte les différents types d'occupation, si le bâtiment est occupé par des enfants par exemple. Ce temps d'échange entre équipes techniques, équipe sobriété et occupants est important. Le problème des collectivités est que leur fonctionnement est généralement en silo, alors que le sujet de l'énergie est transversal. »

Cette mesure a également mis en lumière des difficultés techniques d'application. « Les collectivités se sont rendu compte qu'elles n'avaient pas forcément les moyens de piloter les consommations. Elles manquent d'outils, d'équipements (comme des thermostats, de la gestion technique des bâtiments…), mais aussi de ressources humaines, de personnes pour effectuer la maintenance et pour s'occuper de l'animation comportementale. Un certain nombre de mesures portent en effet sur les changements de pratiques », souligne Nicolas Garnier, délégué général d'Amorce.

Beaucoup de communes ont également une méconnaissance de leurs consommations et de la cartographie de ces consommations sur l'ensemble de leur patrimoine. Pour accompagner les collectivités, Enedis a ouvert, en septembre 2022, une plateforme sur la maitrise des données et ayant pour vocation à les aider dans leurs arbitrages en matière énergétique. « Globalement, il y a un niveau de connaissance assez faible du patrimoine public. Mais sans connaître son patrimoine sur le bout des doigts, une collectivité peut faire beaucoup de choses en s'appuyant sur la connaissance des usages et de l'occupation des bâtiments », estime Samuel Martin.

À plus long terme : accélérer la rénovation

Ces mesures ont été prises dans l'urgence pour passer l'hiver mais restent à être affinées afin d'être pérennisées. Il s'agissait avant tout de faire la chasse au gaspi et d'identifier les pistes d'économies rapides à atteindre. « Le plan de sobriété, c'est du court terme. Sur le long terme, il faudra de nouvelles mesures pour que les collectivités rénovent plus vite, estime Nicolas Garnier. Par exemple, il faudrait un comptage différent de la rénovation dans leur endettement qui, aujourd'hui, compte comme la construction d'un pont, ce qui est absurde. » Des aides devraient également être données pour généraliser l'usage des thermostats, estime le délégué général d'Amorce.

Autre point noir : le parc privé. « À l'échelle de Strasbourg et de l'Eurométropole, nous investissons plusieurs dizaines de millions d'euros pour rénover les bâtiments publics, et prioritairement les écoles. Les bailleurs sociaux ont également lancé des travaux de rénovation. En revanche, nous menons des réflexions sur le parc privé, mais nous n'avons pas réellement les moyens d'agir en tant que collectivité », souligne Aurélie Kosman.

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