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Sobriété : ce que contiennent les plans des entreprises et des administrations

Depuis le mois de juin dernier, les différents secteurs d'activité publics et privés planchent sur les mesures à prendre pour réduire leur dépense énergétique. Une sobriété choisie, à défaut d'être heureuse, présentée au public, jeudi 6 octobre.

Energie  |    |  N. Gorbatko
Sobriété : ce que contiennent les plans des entreprises et des administrations

Certains le mûrissent depuis des mois, comme les représentants de la grande distribution, d'autres depuis quelques semaines, comme le segment de l'événementiel. Mais, au total, neuf groupes de travail – entreprises, collectivités locales, administration, transports… – ont planché sur un plan de sobriété pour leur propre secteur, à la demande du gouvernement, en coconstruction avec des experts, organisations professionnelles et autres syndicats. L'ensemble de ces feuilles de route, pragmatiques et non contraignantes, ont été présentées en grande pompe, jeudi 6 octobre, au parc des expositions de Paris, en présence de neuf ministres. Objectif de ces plans : mobiliser managers et salariés pour réduire de 10 % en deux ans la consommation énergétique de chaque entreprise, structure ou équipement du pays.

Encore et toujours le chauffage

Constitué d'une dizaine à une cinquantaine de grandes mesures, à décliner et à adapter au sein de chaque organisation, chacun de ces catalogues foisonnants met d'abord l'accent sur la mesure la plus directement efficace : la réduction globale de la température du chauffage à 19 °C, voire à moins en cas d'alerte Ecowatt rouge, en l'absence de personnel dans les locaux ou pour quelques équipements sportifs. Certains, comme le conseil départemental de la Mayenne, iront même plus loin en anticipant, dès le vendredi, la réduction des températures pour le week-end. Pour beaucoup, y compris pour les gestionnaires de logements, la saison de chauffe sera écourtée de quinze jours, conformément aux préconisations de l'Agence de la transition écologique (Ademe).

“ Nous allons mesurer ce plan, aller chercher des kilowatts supplémentaires et développer un récit collectif au service de cet objectif ” Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique
Mais les économies de chauffage peuvent se décliner de multiples manières. Certains veilleront par exemple à mieux isoler leurs canalisations d'eau pour éviter les déperditions, en s'appuyant notamment sur les aides des certificats d'économies d'énergie (CEE). La Ligue de football professionnel, elle, sacrifiera l'esthétique des terrains en limitant leur pelouse au « hors gel », au lieu de les maintenir à 5 à 6 °C toute l'année. Les musées nationaux se poseront le même type de questions pour la conservation de leurs œuvres. Le plus souvent possible, l'eau chaude sanitaire sera, elle aussi, sacrifiée au profit de l'eau froide. Pour l'État, des millions de mètres cubes d'eau sont en jeu.

L'éclairage en question

Outre l'extinction des panneaux lumineux qui sera respectée conformément à la règlementation, ou de manière plus volontaire selon le choix de chaque organisation, une meilleure gestion de l'éclairage constitue un gisement considérable d'économies d'énergie. Plusieurs secteurs d'activité, comme celui de la grande distribution, s'engagent ainsi à réduire son intensité en fonction des moments de la journée ou à l'arrêter tout simplement en l'absence de clientèle par exemple. De nombreuses collectivités réviseront également, ou l'ont déjà fait, les horaires de leur éclairage public qui monopolisent 30 % de leur budget électricité. Un choix qui a permis à la commune de Monceaux-les-Mines (Saône-et-Loire) d'économiser 500 000 euros.

Traduit par un gain d'énergie de 75 à 80 %, l'équipement en ampoules leds est également à l'ordre du jour pour la plupart des secteurs d'activité. Alors que ce poste mobilise 40 % du budget énergie des collectivités locales, seules 10 % d'entre elles en sont d'ores et déjà équipées. Pour la Métropole de Dijon (Côte-d'Or), cette mesure a représenté 10 gigawatts et 10 millions d'euros d'économies.

La mobilité à ne pas négliger

Enfin, troisième poste à impact pour l'ensemble des secteurs, responsable d'un tiers des dépenses énergétiques de l'État, par exemple, la mobilité sera mieux prise en compte par de nombreuses feuilles de route. L'état incitera ainsi ses agents à réduire leur vitesse sur autoroute à 110 km/h, comme le préconise l'association Négawatt. Si cette mesure se généralisait à l'ensemble des conducteurs, indique l'ONG, elle génèrerait un gain de 13,5 térawatts. Des formations à l'écoconduite sont également prévues par plusieurs acteurs, dont l'État, la Confédération du commerce de gros ou les domaines skiables de France pour les pilotes des dameuses. La mesure devrait aussi s'appliquer aux conducteurs de trains et de métro, avec à la clef 7 à 15 % d'économies.

Des efforts devraient aussi être consentis en termes de mobilité durable. Pour les membres de la fonction publique, le forfait Mobilités durables passera ainsi de 200 à 300 euros. Plus généralement, jusqu'à la fin de l'année 2023, l'État annonce l'exonération d'impôts sur le revenu et l'exonération de cotisations, pour le salarié, de la prise en charge par l'employeur du forfait de transport en commun, ou de service public de vélo, au-delà des 50 % minimum et jusqu'à 75 %.

Télétravail et covoiturage à nouveau d'actualité

En supprimant la nécessité du transport, le télétravail pourrait également devenir une source intéressante d'économies d'énergie. Son efficacité reste, en revanche, à démontrer pour ce qui concerne l'usage des bâtiments. La solution sera donc encouragée pour les fonctionnaires, via une hausse de 15 % de l'indemnité prévue à cet effet, mais elle restera maniée avec précaution. Afin d'en avoir le cœur net, l'État compte mener des expérimentations sur quatre de ses sites.

Autre piste largement soutenue par les pouvoirs publics et qui représenterait selon Négawatt un gisement de 2 térawatts sur les courtes distances : le covoiturage. Afin d'encourager sa massification, une aide « renforcée », encore à préciser, devrait être mise en place par les pouvoirs publics à partir du 1er janvier prochain. Objectif : passer de 1,1 passager en moyenne par voiture à 1,8. Le dispositif pourrait aussi être favorisé – pour les supporters seulement… – par la Ligue de football professionnel et celle de rugby qui proposeraient des billets à tarifs réduits aux volontaires.

À chacun ses initiatives

À chaque segment d‘activité, ensuite, d'activer les leviers adaptés à sa spécificité. La Confédération du commerce de gros, par exemple, investira dans des logiciels de logistique. Les établissements thermaux ouvriront leur saison une semaine plus tard et la clôtureront une plus tôt. Ils changeront aussi leurs produits détergents pour réduire les temps de lavage en blanchisserie. Les domaines skiables de France ralentiront la vitesse de leurs remontées mécaniques à certaines heures. Le conseil départemental de la Mayenne développera un logiciel d'autopartage pour ses véhicules de service. L'État supprimera les écrans « non nécessaires »…

Mais le « combat » ne s'arrêtera pas à l'hiver 2022-2023, assure la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. Des investissements structurants à plus long terme sont également prévus. Pour la rénovation des chaudières de ses propres bâtiments, l'installation de thermostats intelligents ou même de panneaux photovoltaïques, l'État promet 150 millions d'euros. Il soutiendra aussi les collectivités locales grâce au Fonds vert, d‘une part, au doublement des fonds du programme CEE Actee 2, actuellement doté de 100 millions d'euros, d'autre part. À ce programme, qui vise à les aider à planifier leurs travaux de rénovation énergétique de leur patrimoine, s'ajouteront des sous-programmes pour leurs projets sur l'éclairage public (Lum'actee), la rénovation des piscines (Act'eau) ou l'effacement (Eff'actee). En misant sur des économies d'énergie de 40 %, le conseil régional du Grand Est, pour sa part, programme une rénovation de ses lycées en accéléré sur quatre ans au lieu de dix.

Accompagnement et suivi

Pour chacun des acteurs concernés, reste à passer du programme à l'action. Dans ce but, les fédérations du commerce publieront des guides pratiques. Le groupe « entreprises » s'appuiera sur les outils pédagogiques de la plateforme « Les entreprises s'engagent » et sur les échanges « entre pairs ». Comme le groupe « État exemplaire », il préconise la nomination d'ambassadeurs au sein de chaque organisation, responsables de l'application de la feuille de route. Aujourd'hui, 190 000 entreprises en auraient déjà désigné un. Afin de favoriser l'apprentissage des bons réflexes, l'État envisage par ailleurs d'envoyer une « taskforce » d'énergéticiens au secours de ses agents partout sur le terrain, chargés d'expliquer les bonnes pratiques aux néophytes, comme de vérifier les réglages de leurs installations. Quelque 25 000 hauts fonctionnaires seront en outre formés aux enjeux de la transition.

Souvent accusé de ne pas assez assurer le suivi de ses initiatives, le gouvernement promet cette fois de mettre en place un comité spécial et d'informer le public, chaque semaine, des évolutions de la consommation générale. « Nous allons mesurer ce plan, aller chercher des kilowatts supplémentaires et développer un récit collectif au service de cet objectif », insiste Agnès Pannier-Runacher, qui évalue la réduction potentielle de consommation de ces plans à 50 TWh.

Des mesures insuffisamment contraignantes

Si la Première ministre, Élisabeth Borne, juge ces feuilles de route « à la hauteur de l'enjeu », certaines associations comme France Nature Environnement (FNE) encouragent les pouvoirs publics à mettre en place des moyens d'accompagnement dans la durée pour les entreprises, les ménages et les collectivités. « Le gouvernement entend réduire la consommation d'énergie de 10 % en deux ans seulement alors que le rythme actuel de réduction de la consommation d'énergie est de moins de 1 % par an », remarque la Fédération. Comme le Réseau Action Climat, la fédération d'ONG insiste également sur la nécessité de répartir les efforts en fonction du niveau de vie. Elle suggère aussi de sortir du modèle d'incitation à la consommation et de « penser la sobriété au-delà du court terme », par le biais d'infrastructures de mobilité alternatives à la voiture, de revitalisation des centres-villes ou d'un meilleur accompagnement à la rénovation…

Les députés socialistes et apparentés, de leur côté, auraient attendu des mesures plus fortes en termes de mobilité, comme l'abonnement aux transports du quotidien à neuf euros par mois, ou en termes d'éclairage, comme la fin pure et simple des écrans vidéos publicitaires dans l'espace public. Leurs collègues LFI-Nupes vont encore plus loin en proposant la gratuité des transports, le rétablissement des petites lignes ferroviaires, la limitation du poids et de la puissance des véhicules et, plus généralement, une planification plus aboutie de la sobriété dans tous les secteurs.

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