Plus de 80 % de la chaîne d'approvisionnement de la filière mondiale du solaire photovoltaïque réside entre les mains de la Chine. Et d'ici à 2025, le pays devrait concentrer 95 % des moyens de production du silicium polycristallin et de fabrication des « wafers », à la base des panneaux solaires. Tel est le constat du premier rapport (1) de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) en la matière.
« Le rôle de la Chine a été essentiel pour réduire les coûts du solaire photovoltaïque, au profit de la transition énergétique, admet le directeur général de l'AIE, Fatih Birol. Néanmoins, ce niveau de concentration géographique de la chaîne d'approvisionnement installe des problématiques que les gouvernements du reste du monde doivent désormais prendre en compte. » L'AIE plaide pour une décentralisation de la filière, afin d'accentuer la production et réduire son empreinte carbone.
À titre de comparaison, depuis dix ans, la Chine a investi plus de 50 milliards de dollars dans le développement du secteur, dix fois plus que l'ensemble des pays d'Europe. D'autant que l'avantage économique de l'accaparement du silicium polycristallin en Chine (40 % de l'approvisionnement mondial provient de la seule province chinoise de Xinjiang) commence à s'étioler : les prix ont augmenté de 20 % en un an.
En outre, reprendre la main sur la chaîne d'approvisionnement peut également laisser la possibilité au reste des pays du monde à décarboner la fabrication des panneaux solaires – du fait du mix énergétique chinois, composé à 60 % de charbon. Enfin, s'agissant des matières premières, l'AIE appelle la filière à avancer sur le recyclage des panneaux solaires. Si ces derniers étaient systématiquement recyclés, le processus pourrait couvrir 70 % de la demande en argent et 20 % des besoins en aluminium, cuivre, verre et silicium.