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Actu-Environnement

Sortie du nucléaire : les électriciens allemands espèrent l'aide du contribuable

Energie  |    |  Contexte

L'idée ne manque pas de culot. Les opérateurs des centrales nucléaires allemandes proposent de constituer un fonds public pour financer la fermeture de leurs installations et le stockage des déchets.

Les électriciens sont prêts à y injecter les quelque 36 milliards d'euros de provisions accumulées à cet effet. En sus, les quatre entreprises concernées (RWE, Eon, EnBW et Vattenfall) renonceraient aux milliards de dédommagements réclamés à l'État allemand pour la sortie du nucléaire d'ici 2022.

En échange du pactole, l'État aurait la charge de tous les coûts, et des surcoûts éventuels, de cet imposant chantier. Les opérateurs s'inspirent du modèle de la fondation publique couvrant les conséquences environnementales de l'exploitation houillère dans la Ruhr et la Sarre.

Coûts incertains

La proposition est plus qu'intéressée. Sur le papier, les fonds mis de côté doivent suffire pour la fermeture des 17 réacteurs en activité au moment de la catastrophe de Fukushima et la volte-face du gouvernement Merkel sur l'énergie atomique.

Le coût total de l'arrêt des centrales est aujourd'hui incertain. Selon la cour des comptes, les données du calcul ne sont plus actuelles. Même l'administration se plaint de ne pas avoir toutes les informations.

L'expérience de la fermeture des installations nucléaires de l'ex-RDA, à l'entière charge du contribuable, a pourtant prouvé que la facture dépasse souvent le devis initial.

Ainsi, la mise hors service des cinq réacteurs de la centrale de Greifswald, près de la Baltique, a déjà coûté 4,2 milliards d'euros, un milliard de plus que prévu. Surtout, personne n'est en mesure de donner un chiffrage fiable du financement nécessaire pour le stockage sur des milliers d'années des déchets nucléaires.

Sans surprise, la proposition de RWE et consorts a suscité une levée de boucliers. Le SPD et l'opposition dénoncent une « socialisation des risques après une privatisation des profits ».

Même Angela Merkel, avare de commentaires sur l'actualité au jour le jour, a, elle aussi, opposé une fin de non-recevoir. Toutefois, la chancelière prédit « de nombreuses discussions à venir » sur le sujet dans un entretien au quotidien conservateur FAZ.

Effet boomerang

En réalité, les discussions ont débuté en coulisse depuis un moment. Les mauvais résultats des opérateurs, handicapés par la faiblesse du prix de bourse de l'électricité, ont fait naître des inquiétudes sur leurs capacités à assumer leurs obligations légales.

En 2013, RWE a enregistré son pire résultat depuis la fondation de la République fédérale, avec des pertes de 2,8 milliards, Vattenfall était aussi dans le rouge, tandis que les bénéfices de EnBW et Eon ont fondu en 2013.

Le débat autour de leur revendication pourrait donc avoir un effet boomerang pour le quatuor. Actuellement, « les provisions pour l'arrêt des centrales, leur démantèlement et le traitement des déchets ne sont pas liquides, mais investies », fait remarquer Hubertus Zdebel, spécialiste du dossier chez la gauche radicale de die Linke. En cas de faillite, les provisions pour la sortie du nucléaire seraient en grande partie perdues.

À droite comme à gauche, on reprendrait bien la moitié de la proposition des grands électriciens : sécuriser les provisions dans un fonds dédié sans les décharger de leurs responsabilités.

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