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Recyclage : des pistes pour créer plus d'emplois en France

Pour créer plus d'emplois, un rapport officiel suggère, notamment, de réduire l'enfouissement et l'incinération, de renforcer l'obligation de recyclage, d'augmenter l'incorporation de matières recyclées et de mieux encadrer l'exportation de déchets.

Déchets  |    |  P. Collet
Environnement & Technique N°333
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°333
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"L'industrie du recyclage en France occupe moins de trente-mille personnes à temps plein et le développement de cet emploi est contrarié par un certain nombre de facteurs qui pèsent à la fois sur l'amont, sur l'aval et sur la position compétitive du territoire français dans la filière." Tel est le constat dressé par un rapport officiel sur l'industrie du recyclage en France (1) qui propose de "changer de dimension pour créer des emplois". Les auteurs avancent que "ce défi peut être relevé, davantage toutefois par une approche globale de la filière que par une panoplie de mesures favorisant le recyclage de produits particuliers".

Le document, remis en septembre 2013 aux ministres de l'Ecologie, Philippe Martin, et du Redressement Productif, Arnaud Montebourg, et publié fin décembre, propose 18 recommandations à mettre en œuvre dès 2014, pour la plupart d'entre elles.

Globalement, le recyclage relève de l'économie circulaire de manière "très générale" car, en réalité, il "n'est guère circulaire et possède comme la plupart des autres industries un amont et un aval". Or, aujourd'hui, l'amont comme l'aval souffrent de difficultés qui dégradent la compétitivité du recyclage français et limitent la création d'emplois.

BTP, mise en décharge et REP pointés du doigt

"En amont, trop peu de déchets vont au recyclage", déplore le rapport qui souligne que "la recyclabilité théorique ne garantit pas le recyclage effectif et des déchets qui pourraient être recyclés finissent très souvent en décharge ou incinérés, ces deux modes de traitement nécessitant bien moins d'emplois que le recyclage".

Pour les rapporteurs, les déchets du BTP qui représentent "le plus grand potentiel de recyclage encore largement inexploité" constituent la priorité. Aussi, la première recommandation formulée vise à "engager une réflexion avec la profession du bâtiment et des travaux publics pour accroître significativement le recyclage des déchets produits par cette profession". Dans ce cadre, les pistes à privilégier sont : l'intégration d'un volet de recyclage de chantier dans des schémas régionaux de carrière, des incitations à la démolition sélective, l'encouragement à la réutilisation des matériaux inertes entre chantiers urbains concomitants, l'abolition du compte prorata (2) pour la gestion des déchets de chantiers, une évaluation du dispositif des diagnostics déchets avant démolition et des formulaires de recollement, et l'introduction d'une rubrique sur la destination des déchets produits dans les déclarations d'achèvement des chantiers importants.

Autre problème, la mise en décharge "est encore trop peu coûteuse et forme donc dans bien des cas une solution de facilité économique". Le rapport suggère donc, de décourager la mise en décharge par une interdiction d'enfouissement pour les principaux flux de matière recyclable, une forte augmentation de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) touchant l'enfouissement, et une révision à la baisse ou une suppression des modulations de cette taxe.

Enfin, les éco-organismes des filières de responsabilité élargie du producteur (REP) "ne visent pas toujours à optimiser le recyclage", constatent les fonctionnaires de Bercy et Roquelaure. Pour améliorer la situation deux mesures sont proposées : l'extension de l'obligation d'agrément à tous les éco-organismes des filières REP et l'inclusion d'objectifs à atteindre en matière de réemploi, réutilisation et recyclage dans les cahiers des charges de tous ces éco-organismes. Mention spéciale pour la REP déchets d'emballages, dont le périmètre devrait être étendu à tous les déchets d'emballages ménagers et aux emballages professionnels comparables.

Encourager l'usage des matières recyclées

Côté aval, le rapport dénonce un intérêt "encore trop faible" pour les matières recyclées. "Les interdictions d'utilisation de matière recyclée demeurent et sont le plus souvent injustifiées", regrettent les auteurs ajoutant qu'"à l'inverse, l'exigence d'emploi de matières recyclées est encore rare dans les cahiers des charges".

Les auteurs regrettent en particulier que les industriels ne communiquent pas sur l'incorporation de matières recyclées dans leurs produits. Ils recommandent donc d'étiqueter certains produits afin d'afficher le pourcentage de matière recyclée dans le produit ou dans son emballage. L'agro-alimentaire pourrait donner l'exemple et l'automobile pourrait faire l'objet d'"une norme obligatoire de publication (…) de leur utilisation de matière recyclée". De même, la norme NF environnement pourrait être améliorée en introduisant ou renforçant le critère d'utilisation de matières recyclées dans les référentiels de certification. Certains secteurs (automobile, papiers, verre, ameublement en particulier), pourraient faire l'objet d'"une réflexion (...) sur l'intérêt et la faisabilité des obligations d'incorporation de matières recyclées". Dans la même veine, les interdictions d'utilisation de matière recyclée "doivent devenir exceptionnelles" et les obligations d'utilisation de matière recyclée doivent être développées dans la commande privée comme publique.

Le troisième problème de l'aval est la libre circulation des déchets non dangereux, dont le principe n'est pas remis en cause dans le rapport, qui crée "le paradoxe d'une éco-industrie mondiale qui recourt abondamment aux transports, et souvent aux installations de traitement peu respectueuses de l'environnement ou des conditions de travail". Pour y remédier, les auteurs suggèrent d'introduire dans le cahier des charges des éco-organismes une clause favorisant le recyclage de proximité, par le biais d'une rémunération plus favorable. Par ailleurs, ils proposent que l'Union européenne mette en place une certification obligatoire des installations de traitement de déchets non dangereux exportés hors de l'Union, afin d'assurer la conformité de ces installations aux principes environnementaux et sociaux de l'Union.

1. Consulter le document.
http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/009023-01_rapport_cle2beba3-1.pdf
2. Le compte prorata permet de gérer les dépenses communes de chantier, telles que l'eau, l'électricité et les déchets.

Réactions4 réactions à cet article

Que tous vos souhaits pour 2014 se réalisent, a fortiori s'ils sont altruistes.

matières recyclées n'est guère plus heureux que matières premières secondaires qui est dévalorisant

Matière première de substitution ou MPS ?

Soyons bien conscient que si nos irresponsables politiques s'attaquaient réalistement à l'obsolescence programmée, le gisement des MPS décroîtrait vite fortement.

Et si déjà vous rajoutez retour à la consigne ....


Autant faire de la prévention, non ?

NB. Le lien entre promotion de l'altruisme et réduction de l’agression de l'environnement est-il évident ici et ailleurs

Jean-Marie | 07 janvier 2014 à 08h56 Signaler un contenu inapproprié

Pour les déchets du bâtiment, il y a encore trop de chantiers pour lesquels le maître d'œuvre et le maître d'ouvrage ne tiennent aucun compte du volet déchet d'un projet, ce qui entraîne que les sous-traitants se voient dans l'obligation de prendre en charge cette partie, sans rétribution aucune et sont donc tentés de se débarrasser des déchets "comme ils peuvent".
Une des solutions serait de rendre obligatoire la prise en compte des déchets avant les chantiers et le recollement de cette prise en compte en fin de chantier pour assurer que les coûts liés seront supportés par les responsables.

Albatros | 07 janvier 2014 à 13h34 Signaler un contenu inapproprié

Parmi les mesures proposées l'augmentation du prix de la mise en décharge aura sans doute un impact mais elle montre combien la rentabilité du recyclage est problèmatique. Dans la majorité des cas cette rentabilité est trés limite et cela apparait de façon évidente pour tout ce qui bénéficie de SUBVENTIONS. Créer des emplois dans le recyclage est certes louable mais ensuite il faudra trouver les personnes qui acceptent un travail aussi ingrat et mal payé. Imaginez qu'on vous propose (pour sortir du chomage) un travail de tri de déchets en vue de recyclage, seriez vous réellement enchanté??? PAR EXPERIENCE je sais que non.

ami9327 | 07 janvier 2014 à 14h41 Signaler un contenu inapproprié

Vu du côté des contribuables et malgré de meilleures performances de recyclage au fil des ans, la facture ne cesse d'augmenter sur les feuilles d'impôts. De plus les consommateurs que nous sommes ne décidons en rien des emballages imposés par les fournisseurs mais nous sommes quand même chargés de faire une part du tri ! Le traitement des déchets a bien généré un "business" mais tant qu'il sera massivement financé par les subventions il n'y a pas d'économie à attendre pour le contribuable ! Concernant les conditions de travail je partage l'opinion de ami9327, allez dans un centre de tri et vous serez servi.

MoutonRebel | 14 janvier 2014 à 18h54 Signaler un contenu inapproprié

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