Un objectif que le syndicat des énergies renouvelables juge réaliste, même s'il regrette le manque de moyens mis en œuvre pour développer certaines filières, comme l'a souligné André Antolini, président du SER lors d'une conférence de presse le 2 octobre. Malgré tout, le président du syndicat a rappelé que les taux de croissance de chacune des filières des énergies renouvelables sont très importants. On ne les rencontre nulle part ailleurs. Dans le monde entier, l'énergie éolienne connaît en effet une croissance de près de 30 % par an en moyenne depuis dix ans tandis que le solaire photovoltaïque croît de 35 % par an depuis 1998.
Création d'un fonds chaleur : bonne nouvelle mais…
La production de chaleur à partir de biomasse (bois ou déchets) constitue plus du tiers de l'objectif d'augmentation de 20 Mtep de la consommation française d'énergie renouvelable. Le gouvernement a d'ailleurs annoncé la création d'un fonds chaleur pour soutenir la production de chaleur d'origine renouvelable. Celui-ci devrait être doté d'un milliard d'euros d'autorisation d'engagement et de 330 millions d'euros de crédits sur les trois prochains exercices budgétaires. La bonne nouvelle est là, a commenté André Antolini. Cela fait plus de dix ans que nous entendons dire qu'il faut créer un fonds chaleur, il est désormais annoncé. Mais notre joie serait complète si le dispositif avait été complété par un fonds de mobilisation de la ressource. Traiter l'aval, c'est-à-dire les équipements, c'est bien, mais traiter l'amont est indispensable. La forêt française est mal gérée.
Concernant la production de chaleur par solaire thermique, pompe à chaleur ou géothermie, on peut avoir quelques inquiétudes sur l'atteinte des objectifs, note le président du SER. Nous ne voyons pas de dispositifs permettant d'impulser le changement.
Enfin, si le scénario du Comop 10 prévoit un maintien de la production de chauffage domestique au bois à la production actuelle qui est de 7,4 Mtep, ce maintien s'appuie néanmoins sur un renouvellement et sur une augmentation de plus de 3 millions d'appareils du parc d'équipements actuel. Dans le projet de loi finance 2009, le crédit d'impôt qui porte la croissance de ce secteur est très sensiblement réduit, sans maintenir un dispositif permettant de remplacer les appareils anciens. Aujourd'hui, nous reculons sur ce point par rapport à 2006.
Electricité : des gisements en attente de signaux positifs
Pour parvenir aux objectifs fixés par le scénario du Comop 10, le parc français d'éoliennes devrait passer de 2.000 unités en 2006 à 8.000 en 2020. Selon André Antolini, l'éolien est la technologie la plus mûre et la moins coûteuse des EnR. L'objectif de construire 6.000 à 7.000 éoliennes supplémentaires est réalisable même si le développement de la filière en France n'est pas un chemin de rose. L'Agence internationale de l'énergie préconise de favoriser l'acceptabilité sociale des éoliennes. Or, en France, la filière a manqué d'une politique publique affirmée. Et de saluer la prise de position en faveur des éoliennes de la secrétaire d'Etat à l'écologie Nathalie Kosciusko Morizet lors d'une interview dans le quotidien Le Monde le 30 septembre dernier. C'est la première ministre qui prend une position aussi claire sur le développement de l'éolien. C'est une très bonne nouvelle. Pour favoriser l'acceptabilité sociale de la filière, la mise en place par l'Etat d'une stratégie de développement est nécessaire selon le président du SER : tout le monde souffre d'une anarchie, ou plus exactement d'un défaut de planification du développement de l'éolien.
Quant au solaire photovoltaïque, nous attendons des signaux positifs. L'industrie est en pleine évolution. Le monde entier est en train de vivre une révolution inimaginable il y a deux ans. Nous sommes dans un cercle vertueux engagé par certains pays. Nous attendons la même chose de la France, explique André Antolini. Condition nécessaire au développement de la filière ? Une lisibilité des tarifs d'achat de l'électricité produite.
Pas de tarif d'achat, c'est précisément ce dont souffre la filière biomasse selon le président du SER : nous continuons de penser qu'il serait opportun de fixer un tarif d'achat de l'électricité issue de la biomasse, y compris via la cogénération.
Biocarburant : favoriser la production locale
Bien qu'ils figurent au plan de développement des EnR, le SER semble conscient de la polémique qui entoure les agrocarburants. André Antolini se veut rassurant : il faut avoir la préoccupation d'un développement des biocarburants respectueux de l'environnement. Il n'est évidemment pas question d'importer des biocarburants en Europe.