
Travaux de Seine aval : respecter les normes fixées par la DERU
Pour le site Seine aval, le schéma prévoyait la modernisation des installations actuelles afin de respecter les normes fixées par la DERU en 1991. Cette directive impose notamment un traitement plus rigoureux du phosphore et de l'azote : des éléments susceptibles de nuire aux réserves d'eau douce et au milieu marin en favorisant la prolifération d'algues qui étouffent les autres formes de vie (eutrophisation). Elle oblige également chaque État membre à délimiter des « zones sensibles », autrement dit des parties de son territoire eutrophes ou qui présentent un risque d'eutrophisation. Les agglomérations européennes de plus de 10.000 équivalent habitant (EH) situées en zones sensibles devaient satisfaire à cette Directive ERU fin 1998, celles de plus de 15.000 EH, hors zones sensibles, fin 2000 et celles de plus de 2.000 EH avant fin 2005.
C'est dans ce dessein que l'usine Seine aval devrait se doter d'un épaississeur de boues, d'une unité complémentaire de dénitrification et d'une unité de traitement dédiée aux jus de retour de boues pour optimiser les performances des équipements de traitement de l'eau (70% d'abattement d'azote global). Le montant global des travaux s'élève à 322 millions d'euros financés par l'agence de l'eau Seine-Normandie (45 %), le SIAAP (35 %) et la région Ile-de-France (20 %). Actuellement, les bassins de traitement des pollutions carbonées et les digesteurs des boues sont directement reliés. L'installation d'un épaississeur entre ces équipements devrait optimiser l'élimination du carbone effectuée dans la station et améliorer le traitement des boues.
Les jus issus des traitements des boues fortement concentrés en azote et en carbone, sont aujourd'hui directement réinjectés en tête de station, surchargeant les eaux en pollution. Grâce à une nouvelle unité spécifique, ils seront préalablement traités, avant d'être renvoyés dans le circuit. Les ouvrages recevront ainsi des eaux moins chargées en pollution, ce qui améliorera leurs performances et diminuera les risques de nuisances olfactives liés à la surcharge des équipements.
Aujourd'hui, Seine aval n'élimine ''que'' 30 % des nitrates produits lors de l'étape de nitrification, alors que le taux d'abattement de l'azote global exigé par la DERU est de 70 %. Avec la mise en service en 2011 d'une unité complémentaire de dénitrification, ce seuil devrait être atteint.
53 stations d'épuration encore non conformes
A l'occasion de cette visite, Chantal Jouanno, en a profité pour rappeler le bilan du plan de son ministre de tutelle Jean-Louis Borloo, lancé à Arcachon il y a deux ans, le 17 septembre 2007 pour résorber le retard pris par la France dans la mise aux normes de ses stations. Sur les 146 grandes stations d'épuration identifiées comme non-conformes en 2006, 93 ont déjà été remises aux normes et 53 sont encore non conformes ''Parmi les 53, 41 sont aujourd'hui en travaux'', a précisé Chantal Jouanno. Il n'en reste donc que 12 n'ayant pas encore démarré les travaux et ''si tout se poursuit sur les lancées actuelles, elles ne devraient être plus que 3 stations en début d'année prochaine'', a-t-elle indiqué. Les trois mauvais élèves sont ''Bordeaux, Fontainebleau et Versailles'', a-t-elle précisé devant la presse.
Une course contre la montre
Il s'agit ''d'une course contre la montre'', a estimé la ministre, en rappelant que la France était passible d'une astreinte de 150 millions d'euros pour la non conformité de ses stations. Le non-respect de cette directive a conduit la cour européenne de justice à prononcer plusieurs arrêts demandant à la France de se mettre en conformité sous peine de se voir infliger une sanction pécuniaire. Et si la France était condamnée, il faudrait qu'elle paie les astreintes jusqu'à la mise aux normes de la dernière des stations concernées par le contentieux, a prévenu Chantal Jouanno.
Cette sanction est estimée à plusieurs centaines de millions d'euros par an. Il est impensable que nous ne respections pas la directive sur les eaux résiduaires… et ce alors même que nous comptons parmi nos entreprises les leaders mondiaux dans le domaine, a-t-elle jugé.
L'ensemble de ce plan est doté de moyens financiers des agences de l'eau mais aussi d'un prêt d'1,5 milliards d'euros de la Caisse des Dépôts. Si en 2007 et 2008 1,5 milliards d'euros par an ont déjà été investis pour de nouvelles installations de traitement des eaux usées, 2,5 milliards d'euros seront à consacrer d'ici fin 2011 pour achever la mise aux normes ERU des systèmes d'assainissement. Après 2015, l'entretien du parc nécessitera la reconstruction annuelle d'environ 500 stations d'épuration (sur les 17.700 du parc) soit une capacité épuratoire d'environ 3 millions d'équivalent habitant (EH) pour un montant annuel de l'ordre de 750 millions d'euros par an.
* EH : Equivalent Habitant