L'OVH est une solution alternative à l'épandage et au stockage qui consiste à décomposer à haute température la matière organique en gaz carbonique, sels minéraux et eau. Immédiatement après leur extraction des ouvrages de traitement des eaux et un léger épaississement par centrifugation, les boues encore liquides sont chauffées à 240°C sous une pression de 50 bars en présence d'oxygène pur pendant 30 à 60 minutes. Après traitement, les boues sont transformées en trois flux : de l'eau avec tous les composés qui ont été dissous et qui peuvent être éliminés par des traitements biologiques de l'eau, du gaz (CO2 et azote) et un résidu solide minéral contenant des éléments minéraux tels que l'aluminium, les phosphates, les carbonates et les métaux lourds. Ces éléments cristallisés se présentent sous une forme de sable baptisé « technosable » qui peut être valorisé comme sous couches pour les travaux routiers ou stocké en décharge de classe 3. Une tonne de boues épaissies est réduite à 20 Kg de technosable voire 10 Kg après séchage.
Ce procédé utilisé depuis quarante ans pour les effluents industriels a été adapté aux boues urbaines. Déjà utilisé aux Etats-Unis pour traiter notamment les boues de New-York et Chicago, ce traitement a juste été testé en France sur une opération pilote à Toulouse pendant trois ans. Aujourd'hui, le procédé est en fonctionnement à Epernay et le sera prochainement à Aix-en-Provence, à Bruxelles en Belgique et à Trucazzanno en Italie.
La station d'épuration d'Epernay présente aussi la particularité d'avoir été financée en partie par les professionnels de la viticulture qui ont exprimé dès le début du projet, le souhait de voir cette nouvelle station communale accueillir leurs effluents très volumineux en période de vinification et de vendange. La collaboration est basée sur des conventions avec chaque production précisant les quantités de raisins pressurées et les volumes vinifiés. L'équipement a ainsi été adapté et surdimensionné afin de pouvoir traiter une plus grande quantité d'effluents en période de vendanges et de vinification. Résultat, la station a été construite pour pouvoir recevoir plus de 16.000 m3 d'effluents par jour. En période calme, la station traitera 9000 m3/jour alors qu'en période de vendange cette charge pourra monter jusqu'à 15.000 m3/jour. En test depuis 2005, la STEP d'Epernay a déjà réalisé le traitement des premières vendanges en septembre 2006.
Au final, le projet aura coûté plus de 26 millions d'euros dont 2,2 M€ apportés par les établissements vinicoles. L'Agence de l'eau Seine-Normandie, la Communauté de Communes de la Grande Vallée de la Marne, le Conseil Général de la Marne et le Conseil Régional de Champagne-Ardenne ont apporté le reste des financements. La Champenoise de Distribution d'Eau et d'Assainissement, filiale du groupe Veolia Eau, assure l'exploitation de la station, dans le cadre de son contrat de délégation de services publics pour la gestion de l'ensemble des services d'assainissement de la Communauté de Communes.