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En Pologne, Suez Environnement parie sur l'énergie des déchets

En Pologne, la conformité aux règles européennes fait évoluer à toute allure le secteur des déchets. Dans ce pays d'Europe où Suez Environnement a jeté son dévolu, Sita s'affirme dans la valorisation énergétique.

Déchets  |    |  C. Saïsset
En Pologne, Suez Environnement parie sur l'énergie des déchets
Environnement & Technique N°330
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°330
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"J'ai l'impression de vivre en accéléré ce que nous avons vécu en France ces 40 dernières années", s'exclame Jean-Michel Kaleta, directeur de Sita Polska. Le pôle propreté du groupe Suez Environnement, Sita, est implanté en Pologne depuis 1992. Sa filiale Sita Polska y occupe aujourd'hui une position de leader avec 160 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2012 et 2.600 employés répartis en 25 localisations opérationnelles. Positionnée parmi les opérateurs de collecte, elle assure le service auprès de 2 millions d'habitants (soit près d'1 Mt/an). Elle gère quatre centres de tri, quatre centres de production de combustibles alternatifs, une plateforme de compostage de déchets verts et cinq décharges.

Une gestion des déchets balbutiante

Sita Polska a pris son essor dans un contexte d'ouverture à la concurrence du marché de collecte et de traitement des déchets, avec contractualisation directe avec le producteur de déchets (foyer, co-propriétaire, entreprise, etc.). L'essor de l'offre de service eu la vertu d'améliorer les standards de collecte, mais aussi la fâcheuse propension à atomiser le marché avec parfois une concurrence déloyale entre opérateurs et l'impossibilité de garantir un flux de collecte stable sur le long terme. L'élimination en décharge, parfois dans des exutoires illégaux, fut privilégié jusqu'à la mise en place en 2008 d'une politique ambitieuse de taxe sur l'enfouissement (aujourd'hui de 26€/t). Malgré cela, 80% des déchets solides municipaux collectés ont été encore enfouis en 2010 en Pologne.

Avec 38 millions d'habitants, le pays produit selon Eurostat une moyenne de 12 Mt/an de déchets municipaux, soit 315 kg de déchets/habitant/an dont seuls 225 sont collectés et "traités". Lorsqu'en août 2012 la Commission européenne la classa parmi les mauvais élèves européens, la Pologne venait de promulguer une loi pour transférer aux municipalités la responsabilité de la gestion des déchets ménagers.

L'essor d'incinérateurs…

La capitale Varsovie ne sera bientôt plus la seule ville de Pologne à disposer d'un incinérateur (capacité de 40.000 t/an, projet d'extension à 250.000 t/an). Avant même l'échéance de mise en œuvre des nouvelles obligations légales (fin juillet 2013), cinq projets d'incinérateurs ont été signés par les municipalités de Cracovie (220.000 t/an), Bydgoszcz-Toruń (180.000 t/an), Szczecin (150.000 t/an), Bialystok (120.000 t/an) et Konin (94.000 t/an). Et un projet de conception-construction, financement et d'exploitation-maintenance a été signé par Poznań (210.000 t/an) avec Sita Zielona Energia, une joint-venture créée par Sita Polska et Marguerite Waste Polska (1) .

"Avec un chiffre d'affaires d'exploitation sur 25 ans de 850 M€, c'est le plus gros contrat de partenariat public privé signé dans le secteur des déchets en Pologne", se réjouit Jean-Michel Kaleta. Le coût d'investissement, 180 M€, sera supporté par Sita Zielona Energia, avec un emprunt contracté auprès d'un consortium bancaire polonais et une probable subvention des Fonds de Cohésion européens accordés à la ville de Poznań. Les travaux de construction seront assurés par les géants mondiaux Hitachi Zosen Inova et Hochtief. La chaleur produite sera récupérée par l'opérateur de la centrale de chauffage urbain de Poznań, Dalkia, filiale de Veolia Environnement et d'EDF.

… et de TMB

Ce montage financier pourrait faire des émules, notamment à Łódź (725.000 habitants) et à Gdańsk (460.000 habitants). Ces dernières années, celle-ci s'est dotée de 9 installations de tri mécano-biologique (TMB) publics subventionnés par les Fonds de Cohésion européens d'une capacité de 70 à 100.000 t/an chacun. Ces TMB rudimentaires équipés d'un simple crible pour séparer la fraction organique de la fraction calorifique, figurent comme l'autre mode de traitement des déchets privilégié en Pologne. La capitale Varsovie dispose de quatre TMB privés, pour une capacité totale de 380 à 400.000 t/an, et la capitale de la basse Silésie, Wroclaw, de deux TMB privés pour une capacité totale de 350.000 t/an.

En Mazovie, région de Varsovie, et en Silésie, les filiales respectives Sita Radom et Sita Starol de Sita Polska disposent d'une capacité de traitement de 375.000 t/an de déchets pour la fabrication de combustibles alternatifs au charbon (PCI ou pouvoir calorifique inferieur de 50 MJ/kg). Ces combustibles solides de récupération (CSR) sont contrôlés en terme de pouvoir calorifique, humidité, teneur en chlore et en soufre, afin d'être acceptés en co-incinération dans des cimenteries et des usines de production de matériaux routiers. Les CSR de valeur calorifique élevée (PCI de 18 MJ/kg) sont obtenus à partir de déchets solides broyés, ceux à valeur calorifique moyenne (PCI de 13 MJ/kg) le sont à partir de déchets solides, pâteux et liquides imprégnés dans de la sciure de bois. A quoi s'ajouteront bientôt des combustibles liquides de récupération (CLR) obtenus à partir de solvants, d'huiles, d'émulsions et autres liquides organiques, dont le pouvoir calorifique est supérieur à 34 MJ/kg.

Car Sita Polska entend bien augmenter sa capacité de production, en investissant notamment dans la construction de deux TMB d'une capacité de 40.000 t/an chacun, afin de s'assurer un flux de déchets à haut PCI. Jean-Michel Kaleta en est convaincu : "La Pologne montre qu'elle fait le choix de la valorisation énergétique des déchets, comme l'a fait le Royaume-Uni". Une affirmation non confirmée par les autorités polonaises qui se doivent, rappelons-le, d'appliquer la hiérarchie de traitement prônée par l'UE à savoir prévention, réutilisation, recyclage, valorisation énergétique, enfouissement.

1. Filiale du fonds d'investissement Marguerite créé par les principales institutions financières publiques européennes au plus fort de la crise, fin 2009, pour servir de catalyseur à la réalisation d'infrastructures nécessaires à la mise en œuvre des politiques européennes en matière de changement climatique, de sécurité énergétique, etc.

Réactions4 réactions à cet article

TMB, incinérateur, on reste au moyen age, en Pologne, en termes de traitement des déchets.

lio | 02 octobre 2013 à 11h27 Signaler un contenu inapproprié

Bon, il faut l'admettre, c'est pas gagné gagné. Et il est excellent que l'article rappelle la hiérarchisation de traitement des déchets prôné par l'UE.
Mais tout de même. Pour un pays qui enfouissait tout ses déchets c'est un progrès incroyable.
Le TMB n'est pas moyenâgeux et les usines d'incinération seront équipées des dernières technologies. C'est déjà ça de gagné, les riverains ne souffriront pas de scandales à la dioxine comme on a pu le connaître avec nos anciens incinérateurs.
Reste que le recyclage aura encore bcp à faire pour prendre place.
26 €/t pour l'enfouissement. C'est vrai que c'est beau.
40 €/t en France je crois (d'ici 2015) mais possibilité d'exonération totale ou partiel en fonction du taux de récupération du biogaz.

Terra | 03 octobre 2013 à 10h30 Signaler un contenu inapproprié

lio,

Il y a 130 usines d'incinération réparties sur toute la France, soit le plus grand parc d’incinérateurs d’ordures ménagères d’Europe...

En 2010, selon l’Ademe, 30 % des déchets municipaux français ont été incinérés. Ces chiffres classent la France au 7e rang européen pour l'incinération. 30 % partent encore en décharge, et seulement 20 % sont recyclés et 15 % compostés.

Qui est au moyen-âge ?

Kulthian | 03 octobre 2013 à 11h46 Signaler un contenu inapproprié

Quelle horreur encore des TMB!!! Et on reprend le modèle anglais comme référence? Eux qui sont bien contents de faire disparaitre leur résultat de TMB (soi disant compost) parce que personne chez eux n'en veut! Comment peut on investir autant d'argent pour une solution qu'on sait déja mauvaise?? Qui va encore gagner dans cette histoire? Les habitants à qui on va servir ce compost infect avec la fumée des incinérateurs ou Véolia Environnement? Pauvre pays.

isabelle | 07 octobre 2013 à 18h06 Signaler un contenu inapproprié

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