Les risques d'inondation sont en constante augmentation : l'évaluation préliminaire des risques d'inondation (EPRI) réalisée par l'Etat en 2011 révèle que près d'un habitant sur quatre et un emploi sur trois sont potentiellement exposés. Face à ce risque, dont le coût annuel moyen est évalué entre 650 et 800 millions d'euros, et sous l'impulsion de la directive européenne de 2007, l'Etat français a souhaité se doter d'une stratégie nationale.
Prévue par la loi Grenelle 2 de 2010, elle n'a été présentée en conseil des ministres qu'en juin 2013, soumise à la consultation du public que durant l'été 2013, pour être finalement présentée ce jeudi 10 juillet 2014 par la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal en clôture de la réunion de la Commission mixte inondations chargée de l'élaborer.
"Il faut sortir de la stratégie d'urgence pour rentrer dans la stratégie de prévention et d'organisation", a résumé la ministre de l'Ecologie, qui a insisté sur la nécessité d'une meilleure connaissance du risque, d'une meilleure prévention et d'une adaptation des constructions.
Ouverture du portail Géorisques
Il s'agit en premier lieu de mieux connaître le risque. Ségolène Royal a annoncé l'ouverture du portail internet Géorisques qui regroupe près de 130 indicateurs géolocalisés sur les risques. Réalisé en partenariat avec le BRGM, il a pour ambition de proposer au grand public une connaissance des risques menaçant les habitations, mais aussi des cartes et des dossiers thématiques pour un public plus averti.
La ministre a également incité toutes les personnes situées dans les secteurs les plus à risques à… s'équiper à l'avance de "kits de survie", destinés à attendre les secours pendant une période pouvant atteindre trois jours.
Le référentiel de vulnérabilité annoncé pour l'automne 2015
La stratégie a ensuite pour objectif de rendre les territoires moins vulnérables en améliorant la prévention. "J'ai lancé un groupe de travail qui élaborera un référentiel de vulnérabilité", a indiqué Ségolène Royal, précisant qu'il serait disponible à l'automne 2015. Celui-ci avait toutefois été annoncé pour la fin 2014 lors de la consultation du projet de stratégie nationale. Cet outil intégrera la "vulnérabilité effective des enjeux". Autrement dit, et à titre d'exemple proposé par le ministère, un rez-de-chaussée est plus vulnérable qu'un étage élevé, et cette différence de risque sera désormais prise en compte.
L'évaluation du risque s'affine effectivement au cours du temps. Après l'évaluation préliminaire des risques d'inondation (EPRI) réalisée en 2011, puis l'identification des territoires à risque important d'inondation (TRI), qui font l'objet de stratégies locales des risques d'inondation, les plans de gestion des risques d'inondation pour chaque grand bassin hydrographique doivent être élaborés d'ici la fin 2015. Il s'agit d'ailleurs là de l'obligation première de la directive "inondations" de 2007.
Il n'est pas inintéressant de rappeler ici les conclusions d'un rapport du CGEDD de mars 2013 qui pointait la complexification de la transposition législative de la directive par l'introduction de nouveaux concepts "au risque de lourdeurs inutiles".
Un concours international d'architecture bientôt lancé
Le ministère de l'Ecologie a lancé en 2013, avec le ministre en charge du logement, des ateliers nationaux des "territoires en mutation exposés aux risques" afin de faire émerger des solutions d'urbanisme et d'aménagement très concrètes. Les travaux de ces cinq ateliers, situés en Loire moyenne (Indre-et-Loir), vallée de Fensch (Moselle) et vallée de l'Orne (Meurthe-et-Moselle), vallée de l'Argens (Var), vallée de l'Oise (Oise), bords de Marne en Ile-de-France, doivent être restitués fin 2014.
Ségolène Royal a par ailleurs annoncé le lancement, "très rapidement", d'un concours international d'architecture, afin d'intégrer au mieux le risque inondation dans les opérations d'aménagement ou de requalification urbaine.
La ministre a également évoqué la possibilité d'élargir les prêts aux collectivités territoriales prévus dans le projet de loi sur la transition énergétique à la conception d'éco-quartiers prenant en compte le risque inondation.
Mieux cibler le Fonds de prévention des risques naturels
"Le Fonds de prévention des risques naturels majeurs sera désormais mieux ciblé sur les communes prenant des mesures de prévention", a indiqué par ailleurs la ministre de l'Ecologie. Ces mesures sont notamment la pose de repères de crues permettant de "transmettre une mémoire collective des inondations", l'élaboration des plans communaux de sauvegarde (PCS) ou encore la réalisation d'exercices réguliers.
La stratégie nationale vise enfin à améliorer la résistance des réseaux pendant la crise. "Je propose de réunir à la rentrée tous les opérateurs des réseaux nationaux pour accélérer la préparation", a conclu Ségolène Royal.