Un nouveau rapport de la coalition d'ONG Alliance pour l'environnement et la santé (HEAL) démontre que les subventions aux énergies fossiles entraînent des effets sanitaires qui finalement coûtent beaucoup plus aux Etats. Les pays du G20 subventionnent encore les énergies fossiles à hauteur de 416 milliards d'euros selon l'Overseas Development Institute. Mais selon l'étude de HEAL publiée ce 27 juillet, les Etats dépensent six fois plus pour contrer les effets sanitaires dus à l'utilisation d'énergie fossile.
Les pays sont contraints de débourser 2.600 milliards d'euros pour soigner les infections respiratoires, les AVC, les crises cardiaques et autres cancers des poumons. Des dépenses de santé liées à la pollution de l'air, au changement climatique et à la dégradation de l'environnement qui ne sont pas prises en charge par l'industrie des énergies fossiles mais par la société.
La Pologne en tête en Europe
Le rapport examine le coût réel de l'impact sur la santé des subventions accordées aux producteurs de pétrole, de gaz et de charbon dans sept pays du Nord et du Sud : Royaume-Uni, Chine, Pologne, Turquie, Allemagne, Inde et Afrique du Sud. Au Royaume-Uni, par exemple, les dépenses de santé découlant de la pollution de l'air causée par les énergies fossiles sont cinq fois supérieures aux subventions payées. En Chine, c'est 18 fois plus. Mais le record est détenu par la Pologne où l'impact sanitaire représente 26 fois la valeur des subventions.
A noter que pour la France, qui verse 1,41 milliard d'euros de subventions à la production d'énergies fossiles, l'impact sanitaire des énergies fossiles est estimé à 16,5 milliards d'euros par an selon les chiffres du Fonds monétaire international, un chiffre inférieur à ceux estimés pour l'Allemagne (40 Md€) ou la Pologne (36 Md€).

Utiliser ces fonds pour améliorer le système de santé
Dans son rapport, HEAL exhorte les pays à supprimer progressivement leurs subventions aux énergies fossiles d'ici à 2020 pour les pays développés et d'ici à 2025 pour les pays en développement. Au sommet du G7, en mai 2016, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Japon et l'Union européenne s'étaient engagés à les éliminer d'ici 2025. Cet engagement remonte au G7 de 2009. Aujourd'hui, les soutiens aux énergies fossiles sont en diminution dans les pays du G7 en raison de la baisse conjoncturelle du prix du baril. Exception notable, le Royaume-Uni a augmenté ses subventions en consentant des exonérations de taxes aux producteurs de pétrole de la mer du Nord.
Pou motiver les Etats, l'Alliance leur propose des pistes pour utiliser au mieux les sommes économisées afin d'améliorer la santé publique. Par exemple, en Allemagne, les 5,1 milliards d'euros de subventions seraient suffisants pour fournir à plus de 300.000 ménages une installation solaire, ou pour financer la transition professionnelle des 15.000 employés allemands travaillant dans des centrales à charbon pour les cinq années à venir. En Pologne, ces fonds pourraient aussi être utilisés pour construire plus de 34 nouveaux hôpitaux et employer 30.000 nouveaux médecins.
"Une des meilleures stratégies politiques pour réduire les subventions aux énergies fossiles consiste à mettre en place dans le même temps un système universel et gratuit de couverture des dépenses de santé financé par la suppression de ces subventions. Combiner ces deux mesures peut offrir des avantages significatifs sur le plan sanitaire, économique et environnemental. Cela peut également être un excellent atout politique pour les dirigeants qui mettront en place des services de santé gratuits pour leurs citoyens", propose même Robert Yates, de l'ONG Chatham House, membre d'HEAL.