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Actu-Environnement

Sûreté nucléaire : il n'est pas sûr que la quatrième génération réponde aux exigences de l'ASN, estime l'IRSN

Risques  |    |  P. Collet

L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) "ne peut pas se prononcer, à ce stade, sur la possibilité [pour un réacteur à neutrons rapides refroidis au sodium (SFR, pour Sodium cooled Fast Reactors)] d'atteindre un niveau de sûreté significativement supérieur" à celui des réacteurs à eau sous pression de 3ème génération, tel que l'EPR. Il s'emble néanmoins possible d'atteindre "un niveau de sûreté au moins équivalent".

Telle est l'une des principales conclusions de l'état des lieux du potentiel de sûreté des réacteurs nucléaires étudiés dans le cadre du forum international Generation IV réalisé par l'IRSN (1) et publié le 27 avril. Ce travail d'évaluation de la sûreté et de la radioprotection des futurs réacteurs de 4ème génération est le premier à être rendu public par un organisme officiellement chargé de ces questions. L'étude se penche sur six types de réacteurs (2) , dont le projet Astrid, un réacteur SFR de 600 mégawatts (MW) similaire à Rapsodie (25 puis 40 MW thermiques non électrogène, en activité de 1967 à 1983), Phénix (250 MW, 1974 - 2009) et Superphénix (1.250 MW, 1984 - 1997).

En avril 2014, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait clarifié sa position au sujet de la sûreté des futurs réacteurs SFR devant l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) et par écrit. "Pour l'ASN, cette nouvelle génération de réacteurs devra apporter un gain de sûreté significatif par rapport à la troisième génération de réacteurs de type EPR", indiquait expressément le courrier envoyé par l'Autorité au CEA. "Je ne doute pas que les règles de sûreté auront évolué vers le haut" lorsque les réacteurs de quatrième génération seront commercialisés, explique Pierre-Franck Chevet, président de l'ASN, pour justifier ses attentes. S'agissant du prototype Astrid, porté depuis 2010 par le CEA, EDF et Areva, l'ASN se contentera d'"un niveau de sûreté au moins équivalent à celui exigé pour les réacteurs les plus récents (génération 3)". Le réacteur devra par ailleurs prendre en compte tous les enseignements tirés de l'accident de Fukushima.

En octobre 2014, l'IRSN a débuté l'examen du dossier d'options de sûreté du projet Astrid. L'étude du dossier doit s'étaler sur l'année 2015.

Le sodium reste le talon d'Achille

Le principal atout des réacteurs SFR en termes de sûreté, estime l'IRSN, "réside dans l'utilisation d'un caloporteur liquide, sous faible pression et dont la température en fonctionnement normal présente une marge importante (300°C) par rapport à sa température d'ébullition". De telles caractéristiques entrainent "des délais de grâce importants, de l'ordre de plusieurs heures, en cas de perte des moyens de refroidissement". Mais l'IRSN apporte néanmoins un bémol : "cet avantage doit être modulé par le fait que l'intégrité des structures du réacteur ne pourra pas être maintenue au voisinage de cette température".

Quant aux défauts de la filière, ils sont connus depuis longtemps, notamment via le retour d'expérience des réacteurs Phénix et Superphénix. "L'utilisation du sodium présente un certain nombre d'inconvénients liés notamment à sa forte réactivité avec l'eau et l'air", rappelle l'IRSN. C'est cette difficulté qui pousse l'IRSN à considérer qu'il n'est pas certain que les réacteurs SFR atteignent un niveau de sûreté significativement supérieur à celui de l'EPR, même si les travaux de recherche et de développement réalisés pour Astrid "devraient permettre des avancées de sûreté".

1. Télécharger le rapport de l'IRSN
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-24453-rapport-irsn.pdf
2. Il s'agit des réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium (Sodium cooled Fast Reactors – SFR), des réacteurs à très haute température, à spectre thermique (Very High Temperature Reactors – VHTR), des réacteurs à neutrons rapides refroidis au gaz (Gas cooled Fast Reactors – GFR), des réacteurs à neutrons rapides refroidis au plomb (Lead cooled Fast Reactors – LFR) ou à l'eutectique plomb-bismuth (Lead Bismuth Eutectic – LBE), des réacteurs à sels fondus à spectre rapide ou thermique (Molten Salt Reactors – MSR) et des réacteurs refroidis à l'eau supercritique à spectre rapide ou thermique (SuperCritical Water Reactors – SCWR).

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