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Actu-Environnement

« Notre nouveau syndicat veut lever le tabou de la casse sociale liée au désastre écologique »

Printemps écologique, un nouveau syndicat de salariés fondé sur l'urgence écologique voit le jour. Maxime Blondeau, son co-fondateur, présente les ambitions de cette nouvelle fédération et les enjeux qui y sont liés.

Interview  |  Gouvernance  |    |  L. Radisson
   
« Notre nouveau syndicat veut lever le tabou de la casse sociale liée au désastre écologique »
Maxime Blondeau
Enseignant, co-fondateur du Printemps écologique
   

Actu-Environnement : En quoi la fédération que vous mettez en place se distingue-t-elle des syndicats traditionnels ?

Maxime Blondeau : Nous sommes la première union de syndicats à ne pas traiter l'impératif écologique comme une externalité mais comme une raison d'être. Nous sommes également les premiers à mettre en cause le productivisme. Avec les syndicats traditionnels, il est encore difficile de parler de décroissance sélective ou de démantèlement progressif de certaines filières polluantes. Une autre différence de fond vient du fait que nous portons un discours sur l'impact direct des entreprises sur la société, alors que la vocation des syndicats consistait surtout à défendre les intérêts de leurs membres face à leur employeur. Nous incarnons un élargissement du champ d'action syndical. De façon générale, nous proposons de repenser le travail de telle sorte qu'il soit respectueux du vivant, qu'il soit conçu comme une contribution sociale et qu'il contribue à une économie inclusive et régénérative.

AE : À qui s'adresse votre syndicat ?

M. B. : Nous pensons que la question écologique peut rassembler toutes les catégories socio-professionnelles dans un projet de société commun. Notre cible principale, ce sont les 93 % de salariés qui ne sont pas syndiqués et, pour les autres, nous encourageons la double adhésion. Notre but consiste à revitaliser le dialogue social en stimulant l'engagement des salariés, quelle que soit la taille de l'entreprise. Dans les PME, il y a encore très peu de présence syndicale. Dans les seuls secteurs du conseil et du numérique, cela représente un potentiel de 1,2 million de salariés. Pourtant, la question de l'empreinte écologique du numérique devient un enjeu mondial, comme en témoignent les mouvements syndicaux chez Google, Facebook ou Amazon Employees for Climate Justice en Californie. Dans les grandes entreprises, comme celles du CAC 40 ou du SBF 120, nous allons développer des approches méthodologiques différentes des PME. Nous allons nous adresser aux communautés écosensibles préexistantes, dont certaines ont déjà obtenu des résultats via des stratégies RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Nous devons réinventer un mouvement depuis la base. Au XIXe, le syndicalisme ne s'est pas construit de façon centralisée.

AE : Quelle organisation souhaitez-vous mettre en place et comment la financez-vous ?

M. B. : Nous avons une volonté de simplicité, de transparence et d'agilité. À la différence des confédérations syndicales historiques, nous prévoyons une organisation à trois niveaux : les communautés syndicales sur le lieu de travail ; un deuxième niveau constitué de 26 syndicats dans les différentes branches professionnelles ; et, enfin, la fédération qui aura la compétence financière et médiatique. Pour l'instant, nous sommes financés à 100 % par les adhésions de nos membres et donateurs. Nous travaillons à une stratégie de financement par des fondations œuvrant dans le domaine du climat et de l'environnement, et par des réponses à des appels d'offres de l'Union européenne.

AE : Comment souhaitez-vous peser au quotidien dans les entreprises ?

M. B. : Il faut d'abord faire élire des représentants syndicaux. Nous allons prendre de l'expérience lors des premières élections professionnelles qui redémarrent en septembre 2020. Mais le grand rendez-vous aura lieu en 2022-2023 avec les élections dans la fonction publique et des grandes sociétés du CAC 40. Ensuite, nos représentants vont construire leur appareil revendicatif en s'appuyant sur des ONG partenaires dont l'expertise sera mise au service des salariés. À titre d'exemple, les salariés engagés pourront faire appel à HOP sur la question de l'obsolescence programmée, Zero Waste sur la gestion des déchets, le Réseau Action Climat (RAC) pour la question climatique, ou encore Tech4Life pour la comptabilité alternative. Notre levier principal, in fine, ce sera l'accord d'entreprise et la convention collective.

AE : Quels sont vos principaux axes d'action en matière d'environnement ?

M. B. : Nous avons identifié six axes, qui sont encore susceptibles d'évoluer. D'abord les pratiques individuelles sur le lieu de travail, les écogestes collectifs, portant, par exemple, sur la gestion des déchets, l'alimentation ou la mobilité. Nous souhaitons ensuite anticiper les mutations de l'emploi et accompagner la transition professionnelle des travailleurs, comme par exemple, dans le cadre du démantèlement ou du désinvestissement de certaines filières polluantes. Nous voulons lever le tabou de la casse sociale liée au désastre écologique. Il s'agira aussi d'adapter le mode de gouvernance à l'impératif écologique à travers des leviers structurels tels que la comptabilité ou la rémunération de l'actionnariat. Nous souhaitons aussi peser collectivement sur les choix technologiques. Il ne peut pas y avoir de découplage entre la technologie et l'écologie. Ainsi, dans le domaine des télécoms, des salariés s'interrogent déjà sur l'impact écologique de la technologie 5G. Plus classiquement, nous souhaitons imposer des objectifs climatiques aux entreprises à travers des indicateurs chiffrés. Et enfin, il s'agira d'adapter la loi aux enjeux du siècle. On peut, par exemple, envisager un élargissement du droit de retrait sur le modèle du droit de refus canadien permettant de s'opposer à la fracturation hydraulique. Mais, surtout, il s'agira d'inscrire les enjeux environnementaux dans le texte central qui régit les relations et les activités professionnelles : le code du travail.

AE : La crise actuelle vous conforte-t-elle dans votre initiative ?

M. B. : Oui, le Covid-19 est un accélérateur du changement. En 1946, la France, dévastée, a instauré une politique de solidarité jamais vue en créant la Sécurité sociale. L'histoire nous montre que c'est en se relevant des crises que l'on crée de grandes choses. Certaines filières liées au transport, dans l'aéronautique ou l'automobile, sont déjà en danger de mort. La contraction de la croissance et des échanges mondiaux impose une relocalisation d'un grand nombre d'activités. Et, dans le même temps, lors du déconfinement, on a constaté que certains droits des travailleurs n'ont pas été respectés. Les lobbies assument plus ou moins au grand jour leurs priorités sur les questions environnementales. C'est donc un moment-clé et la question du travail doit redevenir centrale pour réconcilier l'impératif écologique et la justice sociale.

Réactions13 réactions à cet article

Sans doute faut-il souhaiter un rapide grand succès à ce nouveau syndicat.

En souhaitant qu'il ait plus le souci de la recherche du consensus maximum dans le respect de la minorité non consensuelle plutôt que le culte suicidaire de ce que nos sociétés appellent indûment la démocratie.

Exemple caricatural mais explicite : un texte qui l'emporte à 50,001% face à un unique autre texte qui ne l'emporte donc pas avec 49,999 % est-il forcément meilleur pour l'intérêt génral.

On ne le répètera jamais assez :

«Dès que nous disons le mot «démocratie» pour nommer notre mode de gouvernement qu’il soit américain, allemand ou français, nous mentons. La démocratie ne peut jamais être qu’une idée régulatrice, une belle idée dont nous baptisons promptement des pratiques très diverses. Nous en sommes loin, mais encore faut-il le savoir et le dire»(A.E)

«Nous sommes victimes d'un abus de mots. Notre système (les «démocraties» occidentales) ne peut s'appeler «démocratique» et le qualifier ainsi est grave, car ceci empêche la réalisation de la vraie démocratie tout en lui volant son nom.» (S-C.K)

« La démocratie, c'est le nom volé d'une idée violée» (J-P.M).

"L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle est approuvée par beaucoup" (M.G)

«Ce n'est pas parce qu'ils sont nombreux à avoir tort qu'ils ont forcément raison» (M.C)

Sagecol | 19 mai 2020 à 09h08 Signaler un contenu inapproprié

C'est vrai que s'est posée dans la boite ou je travaillais la question de perdre moins de rebuts qui étaient évidement impropres à la construction de voitures valant des dizaines de milliers d'€, mais en dépannage ou les véhicules de collection tout à fait valables.
Quand aux rebuts avant fabrication, matière à durée de vie limitée utiliser des machines de rechange pour fabriquer des produits originaux qui peuvent se vendre facilement dans les magasins de bricolage car bien plus solides, remplacer du plastique à durée de vie de 5 ans par du caoutchouc ou 30 ans voire plus est banale.
En tant que délégué chsct, mes propositions n'ont pas eu d'écho, c'est dommage, ils étaient obnubilés par un seul produit, avec seulement quelques clients, même pas capables de reprendre les clients historiques de l'usine de l'IDF fermée comme Fiat/ferrari, opel/chevrolet maserati.
Passenaud y trouvait son compte les bennes archipleines.
Une forme d'écologie peut parfois rentabliliser plus une entreprise.

pemmore | 19 mai 2020 à 09h40 Signaler un contenu inapproprié

Bonjour ! comme le dit notre Ami Sagecol : "Sans doute faut-il souhaiter un rapide grand succès à ce nouveau syndicat". mais j'avoue que je n'ai rien compris à l'objet concret de ce nouveau syndicat. les syndicats, dans le monde Industriel visent essentiellement la protection du PVR d'achat pour une vie saine et dans la Paix. A+

DAOUD | 19 mai 2020 à 09h54 Signaler un contenu inapproprié

un excellent article qui ouvre des perspectives concrètes. Merci

coco | 19 mai 2020 à 10h43 Signaler un contenu inapproprié

Je rigole toujours un peu lorsque quelqu'un voit la lumière, et que grâce à cette vision quasi divine, il va révolutionner le monde (la France) en créant ce que personne n'a jamais pensé à créer.

1. Un syndicat qui s'implique dans la lutte contre toute forme de domination (y compris de l'homme sur son environnement), car c'est bien contre toute forme de domination qu'il faut s'élever, qui est indépendant, qui se construit depuis la base et remet en question le productivisme cela pourrait être par exemple SOLIDAIRES...

2. Parler de décroissance, d'écologie, de productivisme sans aborder clairement la notion de capitalisme ne me paraît pas très honnête. Comme si le capitalisme était prêt à s’assoir sur l'exploitation des ressources naturelles et de la force de travail qui sont le cœur même de son fonctionnement.

3. "Printemps écologique", c'est mignon, on y voit les petits oiseaux et les papillons virevolter. A la moindre remise en question du modèle capitaliste mortifère actuel ce sont matraques, lacrymo et LBD qui répondent. Les Gilets jaunes sont pour une bonne partie les potentiels adhérents de "Printemps écologique". J'ai bien peur qu'ils aient du mal à saisir toute la poésie de ce nom.

Bref, pourquoi pas de nouvelles organisations, si elles sont honnêtes, si elles osent pointer du doigts les responsables (hommes et idéologies) et si elles n'oublient personnes. Sinon, ce n'est pas la peine on en a déjà plein.
J'espère me tromper sur cette organisation M. Blondeau.

Anthony | 19 mai 2020 à 10h56 Signaler un contenu inapproprié

Bonjour ! ""Parler de décroissance, d'écologie, de productivisme sans aborder le PVR de l'investissement détenu par des personnes qui ne se sont préoccupés que par une rentabilité financière, immédiate, sans se soucier de l'intérêt présumé procuré pour l'Humanité (vie sur terre) et à la nature. imaginer que le PVR de l'investissement qui contrôle la vente de l'eau aux consommateurs et qu'il doive payer cette même eau qui tombe du ciel, l'a-t-il payé ? et à qui ?
ce PVR d'investissement, s'est-il préoccupé des dérèglements climatiques qui hypothèquent, de nos jours, la "tombée" du ciel cette même eau ?
d'autres exemples peuvent être cités. A+

DAOUD | 19 mai 2020 à 11h21 Signaler un contenu inapproprié

Je suis pour partie Anthony, mais je le vois sombrer comme bcp dans l'anticapitalisme primaire, antichambre du populo-complotisme... On part de la base vous dit-on et des situations concrètes... voulez vous voir des activités hors marché qui polluent et ne se réforment jamais ? On en trouverait évidemment !
Commencer par l'idéologie aujourd'hui... meilleure manière de faire que le monde d'apres soit celui d'avant en pire...
ML

couture | 19 mai 2020 à 11h29 Signaler un contenu inapproprié

Un nouveau syndicat, pourquoi pas ? il faudrait faire bouger les lignes et friser les moustaches. " Dans le cadre du démantèlement ou du désinvestissement de certaines filières polluantes.. . " Ca c'est intéressant ! On touche là le coeur du système. Les rémunérations des sociétés - ses actionnaires , par les activités de productions de biens indispensables et durables, réparables qui sont louables, en comparaison avec les jeux financiers et rémunérations par des multiples spéculations sur les récoltes sur pied qui augmentent les inégalités et seraient à condamner. Mais qu'est ce qu'une filière polluante ? Une Exploitation d'un gisement de charbon profond à ciel ouvert ? ou les déforestations massives pour faire des biocarburants, brûler la biomasse ? ou les exploitations de mines pour constituer des panneaux solaires, éoliennes, faire des accumulateurs de voitures électriques faire des éoliennes pas si durables que ça .. ? Les Energies renouvelables sont elles la solution, ou le problème ? Va t on mourir d'un trop de CO2 ( gaz non polluant , mais gaz à effet de serre ) ou d'un manque de ressources et d'air trop pollué ? Une voiture 100 % hybride finalement, elle fonctionne à quoi ? au carburant fossile ? à l'électricité stockée ( 3 km d'autonomie pour une certaine )? ou à l'argent public , ou pour quel mix ?

J Cl M 44 | 19 mai 2020 à 12h13 Signaler un contenu inapproprié

Bonsoir !
il ne pourrait être d'anticapitalisme ni complotisme, le soucis: ceux qui détiennent le PVR d'investissement pensent et/ou font un clain d’œil aux moyens de lutte contre les dérèglements climatiques sans privilégier la rentabilité financière en un laps de temps A+

DAOUD | 20 mai 2020 à 20h53 Signaler un contenu inapproprié

C'est joli, mais part d'une supposée solidité de l'entreprise capable de s'investir dans une démarche écologique, mis à part les boîtes dépendantes des marchés et des aides de l'état, c'est rare, noyées de taxes de charges et de normes, fragiles en bourse face aux fonds vautours, la plupart sont obligées de vivre au jour le jour et une démarche écologique impose de payer du personnel qualifié et non créateur de richesses.
La chute en général est pas bien loin exemple la menuiserie industrielle du village d'à côté, 350 employés, centenaire qui n'a pas survécu à un investissement "écolo" imposé au forceps.
Honnêtement je serais encore patron sur un sujet que je maîtrise bien (30 ans salarié, 12 ans indépendant) je partirais en Russie et jouerais à l'écologiste convaincu, le seul écart à une gestion saine.

pemmore | 20 mai 2020 à 22h25 Signaler un contenu inapproprié

la solidarité existe et à tj existé, dixit l'aspiration et le travail des associations?
Ce qui pourrait être visé, c le financement de projets de grandes envergure, tel les reboisements par la création de puits de carbone, utiles à terme, pour la lutte contre le réchauffement de la planète (dérèglements climatiques) dont une partie du financement pourrait ou serait remboursée et/ou imputable aux biens naturels qui en résulterait.
bien entendu ce ne serait pas les fonds vautours qui se précipiteraient ou s'aventureraient pour ce type d'opération.
Solidité d 'entreprise ou d'association capable de s'investir dans une démarche écologique, précisément hors dépendance des marchés, comme vous le dites, de vautours. n'a-t-on pas rapporté ces derniers temps que les forêts tropicales ne joueraient plus leur rôle de réservoir de carbone ? si les spécialistes venaient à quantifier les effets de ces nouveaux phénomènes naturels les investissements dans les dits reboisements représenteraient une infime partie eu égard des buts naturels visés. Mais les PVR qui régissent et dominent le fonctionnement de la vie sur terre ne l'entendent pas de cette oreille.
hélas de nos jours, la lutte contre les dérèglements climatiques est le parent pauvre des préoccupations au profit de la course du + grand profit possible qui résulterait de la recherche d'un médicament curatif aléatoire ou un vaccin, hypothétique pour disent-ils, circonscrire (pour un temps ?) la pandémie du covid 19.
...,

DAOUD | 24 mai 2020 à 18h53 Signaler un contenu inapproprié

re bonsoir ! en fait, il appartiendrait aux États, de soutenir avec les moyens administratifs utiles à la mise en œuvre, aux services techniques chargés des forêts d'élaborer les fiches technique vulgarisées, orienter et contrôler les travaux et aux association de suggérer des projets, avec possibilité de, désigner les sites et contribuer à la réalisation des projet de reboisements . A+

DAOUD | 24 mai 2020 à 19h26 Signaler un contenu inapproprié

Au fond je ne me rend pas compte, dans la Sarthe le couvert végétal est considérable, le département le plus boisé des pays de la Loire et même de l'ouest, par contre beaucoup trop de résineux de faible intérêt pour le co2.
Région de bocage, avec le covid on se rend compte de l'importance des couverts végétaux des particuliers car les centrales d'épuration ne pouvaient plus recycler les boues, il faut des déchets frais pour que ça fermente, chauffe et stérilise, chacun a son rôle à jouer à son niveau, tailler sa haie est un bien pour la planète, les déchèteries ont du rouvrir.

pemmore | 25 mai 2020 à 08h39 Signaler un contenu inapproprié

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