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Actu-Environnement

“Le système dérogatoire aux arrêtés sécheresse doit être revu”

FNE dénonce la mise en place de dérogation aux arrêtés qui établissent des restrictions d'eau pour notamment des collectivités, industries ou agriculteurs. Précisions avec Lorraine Levieuge, chargée de mission eau pour l'association.

Interview  |  Eau  |    |  D. Laperche
   
“Le système dérogatoire aux arrêtés sécheresse doit être revu”
Lorraine Levieuge
Chargée de mission eau pour l’association France Nature Environnement
   

Actu-environnement : FNE dénonce la mise en œuvre de dérogations aux arrêtés qui établissent des restrictions d'eau. Qu'en est-il précisément ?

Lorraine Levieuge :Tout d'abord, la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui est liée à une sécheresse cet hiver et au printemps. Les faibles précipitations n'ont pas permis aux réserves d'eau de se reconstituer. Dès le printemps, des arrêtés de sécheresse ont été instaurés et depuis cela ne cesse d'augmenter : nous en sommes à 198 arrêtés en cours en France. Mais des dérogations (1) ont été mises en place pour certaines collectivités, industries ou agriculteurs, passant outre les arrêtés sécheresse. Elles ne respectent pas les débits réservés qui peuvent permettre au milieu aquatique de survivre.

Nous souhaitons que ces dérogations soient stoppées : la gestion de la ressource en eau et notamment le système dérogatoire doivent être revus. Beaucoup d'agriculteurs veulent mettre en place de nouveaux réservoirs (2) pour stocker de l'eau. Mais pour une année comme celle que nous vivons actuellement, ce système n'est pas viable : comme les précipitations ont été faibles, ces réservoirs n'auraient pas été remplis. Le système agricole doit évoluer vers des cultures moins gourmandes en eau. Il faut que chacun fasse des efforts pour s'adapter aux conditions climatiques actuelles.

En période de sécheresse, nous pouvons également rencontrer des problèmes de qualité de l'eau : des industries ou des stations d'épuration vont rejeter leurs effluents dans le milieu. S'il y a peu d'eau, la capacité de dilution sera très faible et cela risque d'engendrer des pollutions.

AE : Comment avez-vous identifié ces dérogations ?

LL : Nos fédérations régionales sur le terrain nous ont alertés sur la mise en place de dérogations aux arrêtés sécheresse. Nous n'avons aucune visibilité au niveau national car les demandes de dérogation sont examinées et accordées au cas par cas par les préfets. Elles ne sont pas rendues publiques. Ainsi, nous savons qu'en Vendée, le préfet a décidé d'accorder ces dérogations car il y a une pression et un enjeu fort au niveau économique. En revanche, en Loire Atlantique, des demandes du même type n'ont pas été pas acceptées, notamment grâce à la mobilisation de nos associations sur place. C'est très variable en fonction du contexte local, des enjeux et du préfet…

Au-delà des dérogations, cela traduit un système où malgré les règlements mis en place pour protéger les milieux et respecter des débits suffisants dans les cours d'eau, il existe toujours des moyens pour passer outre. Nous avons fait un courrier à Nicolas Hulot en ce sens et nous attendons de voir comment la situation évoluera au fil de l'été.

AE : Quelles sont les régions les plus impactées par la sécheresse ?

LL : Des arrêtés sécheresse ont été pris un peu partout en France. Toutefois sur les cartes du site Propluvia (3) qui recense ces arrêtés, il apparaît clairement que la moitié ouest de la France est la plus touchée. Dans des régions comme la Bretagne, les ressources souterraines sont faibles du fait du socle granitique, les réserves d'eau potable sont majoritairement issues de réservoirs artificiels. Cela les place dans une situation plus complexe que dans les régions qui disposent de grosses réserves d'eau souterraines. Cependant, du fait de l'augmentation de l'imperméabilisation des sols, l'eau ruisselle et ne peut plus s'infiltrer : ces dernières ont donc du mal à se recharger de façon naturelle.

Pour se protéger des phénomènes comme les inondations et les sécheresses, nous devons restaurer les milieux naturels et notamment les zones humides. Ces milieux jouent un rôle d'éponge : ils absorbent l'eau quand il pleut beaucoup et ensuite au fil du temps peuvent la restituer. Ces systèmes régulent les quantités d'eau et ont un rôle important dans le cycle naturel de l'eau.

1. Le code de l'environnement donne une priorité à certains usages dans la gestion de la ressource en eau. Ainsi doit être satisfait en premier les besoins pour des enjeux de santé, de sécurité civile, d'approvisionnement en eau potable et de préservation des écosystèmes aquatiques. Pour faire face à des situations de pénurie ou d'accident et garantir ces exigences, les préfets peuvent prendre des mesures de restriction, voire d'interdiction provisoires, de certains autres usages de l'eau (récréatifs par exemple).2. Lire notre dossier Les retenues d'eau agricoles en question
https://www.actu-environnement.com/dossier-actu/barrage-sivens-retenus-eau-51
3. Lien vers le site Propluvia
http://propluvia.developpement-durable.gouv.fr/propluvia/faces/index.jsp

Réactions59 réactions à cet article

La seule solution de FNE : la restauration des zones humides ! Les années à faible pluviométrie hivernale cela ne changera pas grand chose .
D ' autres solutions doivent être étudiées avec bien sur le stockage d ' eau . Mais aussi favoriser au maximum l ' infiltration des eaux de ruissellement des zones imperméabilisées , arrêtons de les envoyer directement dans les rivières en y entrainant un certain nombre de polluant ( HAP hydrocarbure aromatique polycyclique aujourd'hui première et principale cause de pollution chimique des rivières ) . Pour l ' eau venant des station d ' épuration il faudrait aussi favoriser leur infiltration ou comme en Israël avoir des stations performantes ce qui permettrait d ' utiliser cette eau pour l ' irrigation .
Il n y a pas une solution mais des solutions multiples à étudier localement au cas par cas pour assurer les besoins en eau de tous et éviter des étiages trop importants dans les rivières .

balxha | 03 août 2017 à 09h24 Signaler un contenu inapproprié

FNE apparaît cohérente avec ses objets statutaires lorsqu'elle prône la révision des conditions dérogatoires aux arrêtés sécheresse, au motif que certaines personnes physiques ou morales bénéficieraient, selon FNE et par ce biais, de privilèges (ce qui peut s'entendre et se discuter), ainsi que "la restauration des milieux naturels et notamment des zones humides".

Mais dans ce cadre, la position proclamée par la même FNE, lorsqu'elle s'associe à l'ONEMA pour argumenter en faveur de la suppression de barrages, de seuils en rivière, de seuils pour biefs de moulins (Voir sur le site de l'ONEMA - "Idées reçues, restauration de la continuité écologique"), apparaît contradictoire à son objectif de préserver et améliorer la ressource en eau.

A l'avenir, les périodes de grande sécheresse, conséquences annoncées de l'élévation progressive des températures moyennes dans l'hexagone, vont s'intensifier et se multiplier. Elles doivent logiquement être combattues par des réserves d'eau plus importantes et ce n'est pas en supprimant les obstacles à son écoulement, échelonnés tout au long du cours d'eau, que l'on préservera ou restaurera les zones humides, "éponges" indispensables et salutaires à la ressource en eau pour toutes espèces végétales et animales, espèce "homme" comprise, naturellement.

Vouloir restaurer, conserver, protéger, créer des zones humides est une oeuvre noble; détruire celles qui existent déjà apparaît, dès lors, comme une contradiction qui confine à l'antinomie.

Euplectes | 03 août 2017 à 10h29 Signaler un contenu inapproprié

(suite) - FNE devrait nous éclairer sur cette apparente contradiction dans sa doctrine affichée, qui nous donne aujourd'hui le sentiment d'un "grand écart de sa part".

Euplectes

Euplectes | 03 août 2017 à 10h33 Signaler un contenu inapproprié

On ne peut que souscrire aux remarques ci-dessus:
1/ la gestion de l'eau est une question locale et il est parfaitement normal que ce qui est accordé en Vendée ne le soit pas en Loire-Atlantique. Il me semble également que ces arrêtés sont publics et consultables (ça se vérifie par chez moi).
2/ FNE demande en effet tout et son contraire, c'est une habitude de ce "machin" extrêmement composite (fédération disparate d'associations) qui comporte effectivement tout et son contraire.

Albatros | 03 août 2017 à 11h14 Signaler un contenu inapproprié

S ' il fallait refaire aujourd'hui les grands lacs sur le bassin de la Seine , que dirait FNE ?
Ils permettent de soutenir les étiages de la Seine et en plus sont devenus avec les zones humides qui les accompagnent des zones d ' importance européenne sur le plan écologique entre autre pour la migration des oiseaux d 'eau et leur hivernage ( grue cendrée ...)
Le système même des arrêté sécheresse mérite aussi un toilettage : indicateurs pas toujours très pertinent , définition des seuil qui n' est pas la même sur tous les bassins ....

balxha | 03 août 2017 à 12h39 Signaler un contenu inapproprié

Mais bien sûr, bien sûr : stockons, stockons, et peu importe ce qui se passe en aval. Les américains ont mis cette logique en application sur le Colorado. Et depuis cette belle logique, le Colorado n'arrive plus à la mer... On ne ""crée" pas de la ressource : on la prend! Et cela annonce de beaux conflits! Depuis qu'avec l'agriculture intensive les sols, rendus abiotiques par les pesticides de toutes sortes, ne sont plus aérés, qu'ils sont compactés par des engins de plus en plus lourds, ils ne laissent plus l'eau s'infiltrer. Quand comprendra-t-on qu'on ne peut pas artificialiser la nature? Quant aux "amis des moulins" ils veulent au nom du patrimoine remplacer les roues de moulins par des turbines, subventionnées par la collectivité... Et surtout ne pas avoir à respecter les devoirs qui sont lés à leurs droits...quand ces droits sont réels...
Merci à Lorraine

petite bête | 04 août 2017 à 14h57 Signaler un contenu inapproprié

Je relève la pertinence de la comparaison entre la Seine et le Colorado. Cette petite bête est énorme...
Par ailleurs, les sols ne sont pas du tout abiotiques, à voir les analyses annuelles réalisées par les agriculteurs de grandes cultures (eh oui, les méchants, ceux qui sont poursuivis par la haine tenace de certains) qui n'ont aucun intérêt à stériliser le capital vital que sont leurs parcelles.
Marrant de déplorer le manque d'aération des sols et en même temps (formule à la mode mais désolante car justifiant toutes les contradictions) refuser tout labour.
Les zones humides de l'amont de la Seine n'ont rien de naturel et dans les retenues d'eau la faune abonde (même dans celles retenant les eaux pluviales des autoroutes!).

Albatros | 04 août 2017 à 15h47 Signaler un contenu inapproprié

Amusant... Ce qui a été possible sur un très grand cours d'eau comme le Colorado l'est encore plus sur un plus petit. Il faudrait que je puisse vous montrer l'état des eaux stagnantes lorsqu'elles ne sont pas en tête de bassin comme c'est le cas des réservoirs de la Seine (Pantier, Pannesières, Montbard etc...). Allez donc voir le Cher dans toutes les retenues de barrages à aiguilles entre St Aignan et Savonnières, c'est édifiant. Les stockages pour l'irrigation, c'est comme d'installer l'air conditionné pour lutter contre le réchauffement climatique.
Et puis jetez un coup d’œil sur le rapport de l'ONU, qui vient de sortir. Mais au fond je perds mon temps : l'agriculture intensive n'a aucun avenir.
Ceci dit, je ne suis pas sûr que beaucoup de poissons-chats, silures, carpeaux ou brèmes, tous poissons d'eau chaude et peu oxygénée, c'est mieux que quelques truites, chabots ou goujons. Quantité, qualité, comme dans la nourriture...

petite bête | 04 août 2017 à 17h36 Signaler un contenu inapproprié

Il faut que vous sachiez, "Petite bête", que nous ne sommes ni agriculteurs, ni propriétaires de moulins, et que nous ne pratiquons pas la pêche. Et que nous sommes bien loin de parler sans avoir mûrement étudié et réfléchi.

Nous ne défendons aucune chapelle particulière, mais les intérêts fondamentaux de tous, dans le seul objectif d'essayer de concilier tous les intérêts particuliers, y compris les vôtres peut-être, avec des nécessités qui nous paraissent vitales.

Aussi, nous souhaiterions ardemment que FNE veuille bien s'expliquer sur le fond. Ce n'est pas gagné au vu de vos réponses qui nous donnent la vive impression de se cantonner à la surface.

"On ne crée pas de la ressource: On la prend" dites-vous: Voudriez vous, pour l'intérêt général, nous indiquer une méthode pour créer de la ressource en eau? Nous ne voyons pas d'autre méthode, en l'espèce, que celle d'employer l'eau que le ciel nous envoie (pluie); et que l'on ne peut, dès lors, que la mettre et la garder en réserve...

Quant à vos envolées sur le compactage des sols, "Albatros" vous a déjà parfaitement répondu.

Non, vous ne perdez pas votre temps. Nous attendons que FNE veuille bien expliciter, sur le fond, sa façon de voir. Peut nous importe que, selon vous, l'agriculture que vous qualifiez d'intensive "n'aurait aucun avenir", mais... Avez-vous des solutions alternatives ayant fait, comme celle-ci, leurs preuves? Une information de votre part serait la bienvenue, mais peut-être ne comprenons nous pas?

Euplectes | 04 août 2017 à 21h31 Signaler un contenu inapproprié

(Suite) - Concernant votre comparaison toute personnelle et respectable, bien qu'à coup sûr locale, entre la qualité des poissons d'eau "chaude et peu oxygénée" (carpes,tanches, gros brochets, grosses perches, gros chevesnes, poissons-chat, silures, brèmes, gardons etc.) et la qualité des poissons d'eau courante (truite et ses 4 espèces accompagnatrices), il me semble tout de même que l'uniformisation du milieu aquatique que vous prônez ici est en raison inverse de la meilleure diversité des espèces de poissons que vous prônez aussi par ailleurs.

Quand au fleuve Colorado qui n'aurait plus assez de débit pour se jeter dans la mer, il conviendrait aussi que vous justifiiez cette assertion, autrement que par des reportages photo et des articles quelque peu approximatifs. Si vous consentiez à justifier cette assertion, nous pourrions alors, au travers de cet exemple paroxystique, échanger avec intérêt sur la menace de la "guerre de l'eau" qui se profile, et tirer avantage de vos solutions pour l'éviter, sans toutefois trop extrapoler car ce cas est particulier et peu banal.

Le rapport de l'ONU semble enfoncer une porte déjà ouverte, mais a le mérite de formaliser la question auprès de ses Nations-membres.

Cordialement,

Euplectes

Euplectes | 04 août 2017 à 22h11 Signaler un contenu inapproprié

Toujours difficile d ' avoir une vision partagée sans voir des jugements à l ' emporte pièce !!!
"le Colorado n'arrive plus à la mer..." La Seine il me semble arrive toujours à la mer , le but des barrages est justement , principalement de soutenir les étiages .Beaucoup de retenues collinaire ne sont pas installées sur les cours d ' eau et certaines sont aujourd'hui dans le périmètre de ZNIEFF .
"'avec l'agriculture intensive les sols, rendus abiotiques ....", un sol cultivé contient environ 5 tonnes d ' êtres vivant à l ' ha qui assurent la dégradation de la matière organique et leur fertilité .On est loin du clichè qui dit que les sols agricole sont devenus stériles .
"...compactés par des engins de plus en plus lourds, ils ne laissent plus l'eau s'infiltrer. "Là il peut y avoir effectivement un problème quand la récolte se fait en condition très humide . Mais la recherche sur les pneumatiques , l ' utilisation de jumelage sur certain engin voir de chenille permet de réduire la pression au sol de ces engins et c ' est un souci permanent de l ' agriculteur de limiter le tassement du sol .Et si l ' eau ne s' infiltrait plus , rien ne pousserait et il n y aurait aucun intérêt à irriguer . Ce sont les sols des villes et des infrastructures routières qui sont imperméables .Et c ' est là que la nature est complétement artificialisée .
Le sujet de la ressource en eau est trop important pour dire qu ' il ne faut rien faire et continuer à se retrancher sur des anathèmes .

balxha | 05 août 2017 à 11h49 Signaler un contenu inapproprié

Suite / "l'agriculture intensive n'a aucun avenir " Encore un de ces anathèmes répété à longueur d ' articles de presse qui n ' amène rien au débat et qui montre une profonde méconnaissance du monde agricole . L ' agriculture avec l ' apport des nouvelles technologies , de la recherche agronomique est en pleine mutation . Et beaucoup des indicateurs environnementaux à son égard s ' améliorent nettement . Par exemple : dans le bassin Seine Normandie L AESN écrit dans l ' état des lieux pour le nouveau SDAGE :
" La qualité dite "chimique" des cours d'eau concerne les molécules que l'on retrouve dans les eaux qui y coulent. Comme ces composants sont très nombreux, la qualité est résumée par un indicateur unique, qui ne retient que le moins bon des paramètres de mesure : un seul paramètre non conforme suffit à considérer qu'une eau n'est pas en "bon état" chimique, même si tous les autres sont bons.
Selon cet indicateur, 25% des eaux du bassin se sont améliorées entre 2007 et 2010, et l'on atteint une proportion de 31% des portions de rivières en bon état.
Mais ce résultat cache une amélioration spectaculaire, car un seul paramètre déclasse à lui tout seul un grand nombre de portions de cours d'eau, les "hydrocarbures aromatiques polycycliques" (HAP). Sans eux, 92 % des rivières du bassin sont en bon état chimique."

Ce qui pollue les rivières ce n ' est pas l' agriculture mais la circulation automobile !!!!

balxha | 05 août 2017 à 12h33 Signaler un contenu inapproprié

Je ne répondrai pas par « nous » mais par « je », en mon seul nom.
Si votre « mûrement réfléchi »n’est pas contestable, je suis un peu étonné par votre (mûrement) étudié. Car justement, qu’il s’agisse d’Actu-environnement, d’Environnement Magazine, du Journal de l’Environnement, de Journ’Eau, des « Etats de lieux » des Agences de l’eau, et j’en passe, toute la documentation disponible répond point par point. Et vous remarquerez que je ne cite aucune revue ‘’écolo’’, que d’ailleurs je ne lis pas, hormis la « Lettre Eau » jusqu’à ces derniers temps, car c’était la seule qui ne soit pas un simple bulletin militant mais s’appuie sur des données scientifiques incontestables, d’où l’intérêt que différents ministères lui portent. Je regrette seulement, étant en vacances, de n’avoir pas sous la main les références des études sur lesquelles je m’appuie.
Par exemple, l’affirmation d’Albatros selon laquelle l’agriculture intensive ménage la biodiversité des sols est erronée, contredite par plusieurs études qui démontrent qu’en tuant les vers (essentiellement des lombrics, plusieurs tonnes à l’hectare dans des champs ’’normaux’’), les pesticides font disparaître ces aérateurs naturels des sols, qui permettent entre autres à l’eau de percoler, ce qui n’est pas sans incidence sur les inondations comme le montre une autre étude (dans Science, de mémoire). Et des coupes stratigraphiques montrent à l’évidence le compactage des sols par des engins de plus en plus lourds.

petite bête | 08 août 2017 à 12h41 Signaler un contenu inapproprié

(SUITE) Mais je persiste, et si comme vous le dites vous-mêmes, seul le ciel « crée » la ressource en eau, nous, nous la prenons. Allez dans ce domaine chercher les chiffres sur les prélèvements en eau, et la consommation par rapport à ces prélèvements (ce n’est pas la même chose), surtout en période estivale. La question du stockage amène à se poser plusieurs questions : pour quel usage, au profit de qui (intérêt général, ou particulier), durable ou non dans un contexte de changement climatique etc…
Prenez un éleveur confronté à des charges auxquelles il ne peut répondre, lié qu’il est au cours du lait, et soumis au diktat des coopératives. Que va-t-il faire ? Augmenter son cheptel afin de faire des économies d’échelle. Et beaucoup d’autres autres vont faire de même, comme j’ai pu le constater en 17 années de présence dans un CODERST. Sauf ceux qui resteront définitivement sur le carreau, car la consommation de lait n’aura pas augmenté pour autant. Mais comment va-t-il procéder ? Il va augmenter la taille de ses bâtiments, et s’endetter pour cela. Mais il va être confronté au problème de sa SAU, et donc passer à un élevage essentiellement en stabulation, d’où nouveaux bâtiments. A partir de là il lui faut sécuriser l’approvisionnement, et donc passer à des cultures intensives comme le maïs, avec comme corollaire les intrants, l’irrigation (s’endetter pour acheter le matériel), les ‘’phyto ‘’ etc…

petite bête | 08 août 2017 à 13h01 Signaler un contenu inapproprié

Et puis sécuriser l’irrigation aves des ‘’bassines’’, qu’on fera payer en très grande partie par la collectivité. C’est ainsi, et pas seulement pour les producteurs de lait, que bien des agriculteurs, endettés et forcés à la fuite en avant, n’ont bientôt plus que leur force de travail à vendre, et qu’ils sont devenus la ‘’variable d’ajustement’’ des bénéfices de l’agro-business. Il est caractéristique de voir que grâce à l’action inlassable des (en fait ‘’du’’) syndicat (s) censés les représenter, il y a de moins en moins d’agriculteurs. M. Beulin, président de la FNSEA récemment décédé, ‘’pesait’’ 8 milliards d’euros comme directeur du groupe Avril, de Sofiprotéol, des coopératives, des huiles Lesieur et Puget. Et accessoirement président du CESER Centre, du port de La Rochelle, administrateur du Crédit agricole (pour fermer la boucle). Son surnom : « Le Crésus du terroir-caisse ». L’agriculteur, dans ce système, compte moins que tout ce qui l’entoure et le contraint. Mais comment l’accepte-t-il ? Il suffit de le victimiser : c’est la faute de Bruxelles, de la réglementation, des normes, des écolos etc… Ou de détourner la cause : ce n’est pas l’agriculture qui pollue, mais l’automobile (énorme !). C’est pas moi, c’est l’autre…

petite bête | 08 août 2017 à 14h00 Signaler un contenu inapproprié

(suite) Faut-il se sentir mal pour croire à des trucs pareils. Superposez la carte de fermeture de captages fermés pour cause de pollution avec celle des grandes cultures céréalières : la coïncidence est parfaite. Et cherchez pourquoi on les a fermés : on y trouve des pesticides ou des excès de nitrates, ou les deux le plus souvent, et pas beaucoup de résidus d’hydrocarbure, même s’il peut y en avoir. Et les interconnexions pour sécuriser la distribution coûtent une fortune au contribuable. Internalisez les coûts externes (50 à 90 Milliards par an, rapport du CGDD vite enterré) de cette agriculture-là, et elle s’écroule.
Pour finir. La biodiversité, ce n’est pas d’avoir partout dans nos eaux en grande quantité des espèces d’eau lente ou stagnante, mais que tout au long d’un cours d’eau toutes les espèces soient présentes, depuis la zone à truites, la zone à barbeaux, puis à brèmes etc… sans parler des migrateurs amphihalins et des migrateurs transversaux et cela jusqu’aux zones mixtes estuariennes de nourrissages des espèces de coquillages ou de poissons que nous consommons. Mais si les sédiments sont bloqués dans les barrages, si les espèces piscicoles ne peuvent plus circuler, si par le réchauffement induit des eaux stagnantes la qualité de l’eau se dégrade, on est obligé de mettre en place des mesures palliatives. Et cette manie de vouloir capitaliser la ressource va générer des conflits dramatiques, car ce qu’on prend en amont n’arrive de ce fait plus en aval.

petite bête | 08 août 2017 à 15h38 Signaler un contenu inapproprié

(SUITE ET FIN)
Pour ce qui est du modèle agricole à venir je vous renvoie au site de l’ONU consacré à ce sujet. http://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=21306&LangID=E

Pour conclure : on ne résout pas les problèmes avec les modes de pensée qui les ont générés.

petite bête | 08 août 2017 à 15h48 Signaler un contenu inapproprié

Ah ! Merci, "Petite bête", pour votre prise de position sur "le fond",très argumentée, que l'on sent sincère, passionnée et construite (dans le bon sens du terme).

Je suis avec vous pour essayer de convaincre qu'il y a urgence à plus et mieux soutenir les petites entreprises agricoles, quel que soit leur mode de fonctionnement et de production.Je suis aussi avec vous pour dire qu'elles ne sont pas équitablement considérées et traitées.
Je suis toujours avec vous pour diminuer encore la quantité des pesticides employés par l'agriculture, ainsi d'ailleurs que la quantité d'HAP rejetée par les véhicules, dans l'eau, dans les sols et dans l'air.

Mais pour ce qui est de la ressource en eau et de la biodiversité, nous sommes en désaccord: Je maintiens que l'eau de pluie doit être mise en réserve en raison de la précaution élémentaire, et que ce n'est pas en supprimant les lieux de stockage existants, les plans d'eau et les zones humides satellites que nous allons résoudre le problème de la ressource.

Nous sommes aussi en désaccord sur votre définition du mot "biodiversité". La définition officielle est: "Diversité des êtres vivants, qui s'apprécie en considérant la diversité des espèces, celle des gènes au sein de chaque espèce, ainsi que l'organisation des écosystèmes. Le MAINTIEN de la biodiversité est une composante ESSENTIELLE du développement durable" (JO du 12 avril 2009).

Euplectes | 08 août 2017 à 18h32 Signaler un contenu inapproprié

(Suite) - Je vous invite donc à réfléchir à la diminution du nombre d'espèces aquatiques (par exemple des poissons), consécutif aux destructions d'obstacles en rivière (barrages, seuils pour biefs de moulins etc.) qui génèrent des retenues d'eau et des zones humides permanentes ou temporaires en leur amont. A réfléchir sur la diminution du nombre de types d'habitats différents qui en découle. Mieux, à réfléchir aussi sur la notion du "cloisonnement génétique positif", qui permet de conserver naturellement des patrimoines génétiques différents chez un même taxon, dans un cours d'eau donné. A voir votre dissertation éclairée, je pense que vous êtes très au fait de la littérature sur ces sujets.

Et voilà pourquoi, à mon avis, vous rencontrez des oppositions de plus en plus nombreuses et affermies, nées de la logique et du bon sens, lorsque vous soutenez la suppression des barrages, partout en France. Accélérer le transport de l'eau vers l'embouchure n'est pas la solution: L'effet adverse attendu, affligeant, tombe sous le sens.

Sur votre propre conclusion philosophique, "Petite Bête", je me permets de vous signaler que la réflexion d'Albert Einstein que vous citez, est en réalité la suivante: "On ne résout pas les problèmes avec les modes de pensée qui les ont ENGENDRES". "Lapsus clavis" sans doute, ne le prenez donc pas en mauvaise part.
Les mathématiciens relativistes ont l'esprit trop - ou trop peu - exact pour qu'on leur confie la biologie!

Cordialement,

Euplectes

Euplectes | 08 août 2017 à 19h33 Signaler un contenu inapproprié

Il ne s’agit pas de supprimer les stockages existants (tout en établissant des priorités), et encore moins les zones humides. Vice-président d’une Comina, j’avais proposé de subventionner les ZH en tant que telles. La FNSEA ( !) s’y était fortement opposée. Mettre en réserve l’eau de pluie, c’est donc l’empêcher de ruisseler, de former des crues moyennes morphogènes dont le milieu a besoin, et c’est déjà une source de conflits graves au Moyen-Orient et bientôt chez nous : cela commence en montagne. L’irrigation, pour faire quoi ? Qui consomme le maïs ou le soja? Réponse : les animaux en batterie, et il faut 19 protéines végétales pour produire 1 protéine animale (sur pied). Bonjour le gâchis quand on calcule la quantité d’eau nécessaire pour produire 1 seul kg de maïs ou autre, et je ne parle pas du reste, dont la pollution induite par les pratiques des céreal-killers. Mais cela fait tourner l’agro-business. Entre le rousseauisme de certains écolos (bien utiles pour la FNSEA) et l’industrialisation de la terre, il y un pacte à rétablir. Etre conservateur n’est pas être réactionnaire, et on peut dire sans se tromper que la surexploitation de la terre, c’est fini. Et ceux des agriculteurs qui ne voudront pas agir ne pourront que subir.

petite bête | 09 août 2017 à 20h44 Signaler un contenu inapproprié

Dans « biodiversité » il y a « diversité ». Nul ne doute qu’un étang ou un barrage soit un milieu générant une biodiversité intéressante, tout comme un rond-point routier génère lui aussi sa biodiversité. Mais reproduire ce modèle, c’est uniformiser, c’est remplacer des espèces exigeantes, parfois rares, par d’autres, certes plus nombreuses en quantité, mais espèces uniformément semblables de plans d’eau, avec disparition des espèces d’eau vive. Sans faire de hiérarchie, perdre les truites, les ombres, saumons, lamproies, aloses, pour des brèmes, des carpes ou des gardons que l’on trouve en quantité partout, est-ce un progrès en matière de biodiversité ? Les espèces les plus fragiles et rares pâtissent en premier de l’uniformisation des milieux, et la vocation d’un cours d’eau n’est pas d’être barré et ses eaux ralenties ou captées.
Je vous renvoie à l’étude faite par l’Onema pour le compte de l’agence de l’eau Loire-Bretagne. Elle fait le rapport entre le taux d’étagement et l’IPR (indice poisson-rivière). Plus le taux d’étagement (rapport entre la dénivelée naturelle du cours d’eau et la hauteur cumulée des obstacles) est élevé, moins il y a de variété et de quantité de poissons, ce qui infirme totalement l’idée selon laquelle les obstacles généreraient une meilleure biodiversité. En fait dans un barrage il y a plus de poissons banals et une eau de moins bonne qualité.

petite bête | 09 août 2017 à 21h19 Signaler un contenu inapproprié

Quelques chiffres :
• Il faut : 100 litres d’eau pour produire 1 kg de pommes de terre,
• 400 litres d’eau pour produire 1 kg de maïs,
• 1 500 litres d’eau pour produire 1 kg de blé.
Et 13000 litres d’eau pour faire 1 kg de bœuf sur pied.
Si on parle des prélèvements en eau par secteur d’activité, on dira que c’est l’énergie (59%) qui ‘’prend’’ le plus, devant l’eau potable (18%), l’industrie (12%) et l’agriculture (11%). Mais si on parle consommation nette : ce qui ne retourne pas au milieu, qui est en quelque sorte « exporté », on obtient 68% pour l’agriculture (en été essentiellement), 24% pour l’eau potable, 5% pour l’industrie, et 3% pour l’énergie
Les critères logiques : type de sol, pluviométrie, équipements nécessaires, qui régissent le choix du type de culture ne sont plus climatiques mais purement économiques, poussés auprès des agriculteurs par les chambres d’agriculture (tenues à 96% par la FNSEA, vive la démocratie) elles-mêmes courroies de transmission des coopératives qui etc… Lors du vote d’un SAGE un nouvel arrivant dans la commission (CLE), jeune agriculteur, protesta parce qu’il venait de s’équiper pour irriguer et que le Schéma venant d’être approuvé ne lui permettrait pas d’avoir assez d’eau. Question : « vous vous êtes équipé avant de savoir si vous auriez de la ressource, mais qui vous a orienté ? » Réponse de l’agriculteur : « la chambre d’agriculture ». Le président de la CA, présent et actionnaire d'une coopérative de matériel, regardait ailleurs.

petite bête | 10 août 2017 à 11h33 Signaler un contenu inapproprié

Quelques chiffre à revoir : http://www.inra.fr/Chercheurs-etudiants/Systemes-agricoles/Tous-les-dossiers/Fausse-viande-ou-vrai-elevage/Quelques-idees-fausses-sur-la-viande-et-l-elevage
- L’eau consommée par l’élevage : que prend-on en compte ?
On trouve très fréquemment le chiffre de 15 000 litres d’eau consommée pour produire un kg de viande. Mais ce chiffre, obtenu par la méthode de « water footprint » (empreinte eau) englobe l’eau bleue (eau réellement consommée par les animaux et l’irrigation des cultures), l’eau grise (eau utilisée pour dépolluer les effluents et les recycler) et l’eau verte (eau de pluie). Or cette méthode a été conçue pour des sites industriels et ne tient pas compte des cycles biologiques. En réalité 95% de cette empreinte eau correspond à l’eau de pluie, captée dans les sols et évapotranspirée par les plantes, et qui retourne de fait dans le cycle de l’eau. Ce cycle continuera même s’il n’y a plus d’animaux. La communauté scientifique considère qu’il faut entre 550 à 700 litres d’eau pour produire 1kg de viande de bœuf. En eau utile (1), il faut 50 litres.

balxha | 10 août 2017 à 13h26 Signaler un contenu inapproprié

On ne doit pas faire partie de la même "communauté scientifique". Bien sûr que l'eau évaporée, évapotranspirée, exportée, retourne au milieu : c'est le grand cycle de l'eau. La question est de savoir où on la retrouve. Car que de l'eau "évaporée" en Beauce se retrouve ensuite au Kamchatka X jours plus tard, la belle affaire! Il est assez malhonnête de la part de certaines instances sous influence de nous raconter cette belle histoire, tout comme nous faire confondre eau prélevée et eau consommée, d'appeler les pesticides des "médicaments pour les plantes", comme un médicament qui tuerait toute la famille sauf le malade. Si le raisonnement était exact les nappes et les cours d'eau ne seraient jamais en déficit.

petite bête | 10 août 2017 à 14h02 Signaler un contenu inapproprié

Tous ces savants calculs pour maquer la réalité, comme si l'eau exportée était toujours là (le cycle de l'eau, n'est-ce pas?), cela donne un côté très savant, comme les géométries non-euclidiennes : des calculs exacts sur des bases fausses, Qu'il s'agisse du tabac, de la nocivité des pesticides, du réchauffement climatique, des marées vertes,ou de la pollution des eaux, les officines de désinformation ne sont jamais en reste.

petite bête | 10 août 2017 à 15h18 Signaler un contenu inapproprié

Petite bête , Il ne me semble pas que l' INRA soit une officine de désinformation .Vos vérités ne semblent pas être la VÉRITÉ Scientifique .

balxha | 10 août 2017 à 16h07 Signaler un contenu inapproprié

Celle-la je l'attendais. Que sur le site de l'INRA on donne la parole à des personnes intéressées à faire passer leur message, cela a autant de valeur que notre discussion qui, que je sache, n'engage pas Actu-environnement. D'autant que les études actuelles de l'INRA vont dans un sens très différent de ce que vous voulez défendre. L'agriculture intensive ruine les sols, épuise les ressource en eau, et la pollue. C'est un fait totalement avéré, et il est désormais inefficace d'être dans le déni. Autre chiffre : en moyenne en France la moitié du revenu des agriculteurs est constitué d'aides (source : OCDE). Je voudrais voir ces aides encore augmenter pour qu'ils cultivent autrement, car au final cela coûterait moins à la collectivité. Mais cela ne plairait pas à tous ceux qui vivent sur le dos des agriculteurs sans être eux-mêmes agriculteurs, ou alors en étant inféodés au système.

petite bête | 10 août 2017 à 16h58 Signaler un contenu inapproprié

FNE soutient la politique absurde de destruction des ouvrages de moulins et d'étangs, qui créent pourtant des petites retenues un peu partout, permettent un maintien d'eau (fosse en sortie de chute aval ou lame d'eau surélevée amont), augmentent les échanges amont avec les aquifères, créent des annexes hydrauliques.

Hydrauxois | 12 août 2017 à 09h51 Signaler un contenu inapproprié

Je me disais : mais que fait Charles? Comment n'est-il pas déjà intervenu? Et le voilà donc! FNE n'a jamais souhaité la destruction des moulins, mais faire passer le nécessaire, et obligatoire depuis des siècles, aménagement des seuils pour une volonté de détruire les moulins, c'est une façon comme une autre de décrédibiliser ceux qui voudraient contraindre les propriétaires de moulins à respecter les obligations liées aux droits anciens, au lieu de brandir sans cesse ces droits plus ou moins réels par ailleurs. Mais Hydrauxois, propriétaire d'une microcentrale et impliqué dans leur promotion, pratique allègrement le mélange des genres, d'autant qu'avec un mégawatt-heure aux environs de 37 centimes, la production des moulins n'est rentable pour leur propriétaire que si on subventionne un maximum, aux frais du contribuable. Sur le fond, les études scientifiques (qui ne sont pas des "opinions") ont déjà très largement répondu quant à l'impact des seuils sur la qualité de l'eau, et la désinformations commence à être pénible. Pour finir, j'ai déposé une plainte en mon seul nom auprès de l'Union européenne contre l'amendement L-214-18-1, et la plainte a été reçue.

petite bête | 16 août 2017 à 10h54 Signaler un contenu inapproprié

A mon avis, "Hydrauxois" a très bien résumé.

"Petite Bête" trouve que "la désinformation commence à être pénible", en appelle à la communauté scientifique et semble vouloir nous dire que celle-ci serait une, unique, indivisible et indiscutable, ayant déjà fixé et une bonne fois pour toutes, les tables de la pensée et montré l'unique et bon chemin... Erreur!

Au sein de la communauté scientifique, et concernant la question de la ressource en eau, des inondations, de la conservation des zones humides, nous constatons que les avis diffèrent et que les solutions proposées diffèrent profondément. Les avis contraires sont aussi valables les uns que les autres, dès lors qu'ils sont scientifiquement étayés. Mais la littérature scientifique fourmille d'études donnant des résultats contradictoires et proposant des solutions opposées.

Lorsque vous suggérez à vos contradicteurs, "Petite Bête", de changer leur façon de penser en se lavant le cerveau, vous vous faites le porte-parole d'une chapelle. En reprenant la réflexion d'Einstein, qui butait sur l'élaboration de sa fameuse formule, vous suggérez à vos contradicteurs de se débarrasser de leur mode de pensée, à ce point funeste qu'il aurait engendré toute une kyrielle de méfaits. A ce niveau là, nous n'avons pas les mêmes maîtres, même si vous et moi nous réclamons de la même communauté scientifique.

Euplectes | 19 août 2017 à 14h34 Signaler un contenu inapproprié

(suite) - Amalgame bien surprenant de la part d'un "débatteur" de votre trempe, même quand vous dépassez les limites du sujet.

Je vous propose de laisser là les paillettes, pompons et guirlandes que l'on peut à l'envi sélectionner et choisir dans la littérature scientifique, selon leur "couleur" et selon son propre mode de pensée, et de nous intéresser plutôt à la Logique, à la Raison et au Bon Sens. Alors, nous pourrions certainement trouver un terrain d'entente sur la question de la ressource en eau. Nous ajouterions aussi deux composantes supplémentaires et primordiales dans le débat: L'instinct et l'expérience (sans toutefois faire abstraction de la science).

Vous ne pourrez pas convaincre la population, les pouvoirs publics et probablement les juges, de ce que la pénurie d'eau qui se profile pourrait se passer de réserves en eau, maintenues et crées en proportion de l'importance de la pénurie, et encore moins en préconisant la suppression d'une part des réserves déjà existantes.

Vous savez, comme moi, que l'esprit scientifique n'a que faire de l'esprit de chapelle, et vous savez aussi que l'inverse n'est pas vrai.

Vous nous dites aussi avoir déposé une plainte contre la France auprès de la Commission européenne pour violation du droit de l'Union, à propos de l'amendement à l'article L.214-18-1 du code de l'environnement. Il sera intéressant de connaître la réponse de la Commission (il faut compter 6 mois au minimum).

Bien cordialement,

Euplectes.

Euplectes | 19 août 2017 à 15h20 Signaler un contenu inapproprié

De la philo, je veux bien, mais de la morale,non. Personne n'est propriétaire du "bon sens", terme sous lequel on a toujours mis les pires monstruosités. Le bon sens est trop souvent le nom que les aménageurs donnent à leurs appétits.
Pour ce qui est des "réserves" d'eau, on peut discuter, sur la base de leur destination. S'il s'agit de réserves pour l'AEP, on peut le concevoir, tout en se posant la question de savoir pourquoi il est nécessaire d'en créer du fait de l'abandon de captages trop pollués par cette agriculture intensive au nom de laquelle, justement, on veut créer des stockages sans fin. Ce ne sont d'ailleurs pas les scientifiques qui créent une controverse sur leur éventuelle création, mais bien le lobby agricole, face aux environnementalistes. Car pour le reste, qui peut nier qu'un stockage, par définition, est une RETENUE , et que l'eau retenue (les mots ont un sens), est perdue pour l'aval. On voit où cela mène, et le Colorado en est le raisonnement poussé à son terme, tout comme ces rivières de la Beauce, de la Vienne, des Charentes, de la Vendée, qui sont à sec en été.
Mais pour ce qui est de l'effet des retenues sur la qualité de l'eau, les scientifiques sont d'accord : perte de qualité par réchauffement et évaporation, diminution de l'oxygène dissous, concentration des polluants et perte de biodiversité.

petite bête | 22 août 2017 à 21h10 Signaler un contenu inapproprié

Pour répondre plus précisément, il faut bien avoir à l'esprit qu'en cas de diminution de la ressource météorique, ce qui est nouvelle ressource (par retenue et stockage) pour l'amont en n'importe quel point, devient pénurie pour l'aval. Il ne peut exister de réflexion sur l'eau sans poser la question de sa destination, sans même évoquer la question de sa qualité. Il ne s'agit pas d'un problème d’arithmétique pour classe primaire, avec des robinets qui coulent et des baignoires qui se remplissent. L'eau sur la terre ne fonctionne pas si on pose sa gestion en termes de plomberie. Et si on revient au sujet de ce blog, il s'agissait d'agir contre des dérogations à des volumes prélevables. Or ces volumes et les limitations qui en découlent sont déjà le fruit de compromis entre les propositions des scientifiques sur les débits minimums biologiques et les exigences de la profession agricole. Ils sont déjà "a minima". La preuve en est que bien que les volumes prélevables soient respectés, bien des rivières alimentées par des nappes soumises à l'agriculture irriguée se retrouvent à sec en été.

petite bête | 23 août 2017 à 11h23 Signaler un contenu inapproprié

Les assecs de rivière en été ne sont pas une chose nouvelle .
Le stockage hivernal ne pose pas de problème !!!
Certains pays ou la ressource en eau est limitée ont su trouver des solutions pour une gestion dynamique de cette ressource et satisfaire les différents besoins en eau .

balxha | 23 août 2017 à 12h55 Signaler un contenu inapproprié

"Petite Bête", une fois de plus, lorsque vous affirmez que les scientifiques sont d'accord sur la "perte de qualité de l'eau par réchauffement et évaporation, diminution de l'oxygène dissous, concentration des polluants et perte de biodiversité" dans les retenues d'eau, comment pouvez-vous ne pas savoir que c'est bien loin d'être le cas!?

Puisque nous ne pouvons faire l'économie de l'examen de l'état actuel de la science, nous allons nous y plonger, si vous le voulez bien. Pourtant, ceci ne servira pas à grand-chose, tant les études, avis, résultats, conclusions sont contradictoires en ce sujet.

Sur la diminution de la qualité de l'eau, je vous invite à prendre connaissance (mais ne la connaissez-vous pas déjà) de l'expertise scientifique collective IRSTEA - INRA - ONEMA, établissements publics: "Impact cumulé des retenues d'eau sur les milieux aquatiques", Carluer et al, 2016. Les 3 organismes précités sont, vous en conviendrez, peu susceptibles de conflits d'intérêts.

Et, sur la perte de biodiversité dans les retenues d'eau, à lire aussi (si ce n'est déjà fait) le compte-rendu des "rencontres de l'ONEMA - Biodiversité aquatique: Du diagnostic à la restauration".
Vous y verrez, page 17, un tableau montrant l'augmentation ou le déclin pour 47 espèces de poissons d'eau douce: Vous y verrez que nombre d' espèces de poissons d'eau profonde et peu courante sont en déclin significatif (sauf le silure et le pseudorasbora).

Euplectes | 23 août 2017 à 18h28 Signaler un contenu inapproprié

On est bien loin des "idées reçues et préjugés" sur la restauration de la continuité écologique, publiées en 2014 par le même ONEMA sous la houlette de FNE... Mais passons.

L'état actuel de la science ne nous permet pas (toujours, encore et à l'évidence) d'apercevoir une direction suffisamment fondée; alors, revenons à nos "robinets, bassines et baignoires", conservons nos débits minimaux, prenons la précaution de faire des réserves, gérons le transport de l'eau pour la partager depuis la source jusqu'à l'embouchure, et n'asséchons pas les zones humides.

Et si Jean Jouzel s'était trompé dans ses prédictions sur le réchauffement du climat de la france (rapport Jouzel:"Le climat de la France au XXIème siècle - Météo-France", 2014), alors nous aurions tout le temps de changer notre fusil d'épaule.

Bien cordialement,

Euplectes

Euplectes | 23 août 2017 à 19h19 Signaler un contenu inapproprié

Et parce que les assecs de cours d'eau ne sont pas une nouveauté, il faudrait considérer la chose comme normale? Dites-moi que je rêve...

petite bête | 23 août 2017 à 22h33 Signaler un contenu inapproprié

Idées reçues et préjugés ? Voyons l’actualité :
Ces derniers jours, plusieurs cas de mortalité d’animaux sur les bords du Cher, dus à la présence de cyanobactéries. Ces explosions algales se produisent dans les eaux stagnantes et réchauffées. Pour le Cher il s’agit essentiellement de plans d’eau générés par les barrages mobiles (barrages ‘’à aiguilles’’) relevés pour une navigation ‘’touristique’’, par ailleurs quasi inexistante. Mais comme dit le ‘’bon sens’’ local, « si on enlève les barrages, il n’y a plus d’eau en été ». Car comme chacun sait, les barrages génèrent des sources, et c’est ainsi que l’on se donne l’illusion d’avoir « plus d’eau », et donc pouvoir l’utiliser sans restriction. Car c’est bien ce qui se passe. L’idée de stocker est un concept auquel le réel donne un démenti. Stocker, pourquoi pas ? Mais il faut savoir pourquoi et pour qui avant de balancer le concept comme une réalité incontournable.
Ce qui amène à parler de votre interprétation de l’étude que vous citez, et à laquelle vous faites dire ce que justement elle ne dit pas. Tout d’abord parce que l’étude n’aborde pas directement la question de l’impact, mais renvoie aux études existantes, lesquelles ne vont pas dans le sens que vous voulez leur donner. Ensuite parce que (je cite) « (l’expertise) n’aborde pas la question du bien-fondé ou non de la construction d’une retenue » ni « l’effet cumulé des retenues sur les émissions de gaz à effet de serre », mais les cite comme renvoyant à d’autres études.

petite bête | 25 août 2017 à 11h00 Signaler un contenu inapproprié

(Suite et fin)
De même : « Il s’agit d’expliciter la façon dont la modification « immédiate » de certaines composantes (impact qualifiés sur la figure de 1er ordre) en influence d’autres en cascade (impacts de 2ème et 3ème ordre) » (schéma en forme de pyramide de la page 12). Le préjugé, c’est de penser que le réel a tort et que c’est l’Idée (en fait l’idéologie) qui a raison. Or les mots sont là pour dire le réel, pas pour le remplacer. Votre commentaire final concernant le réchauffement climatique (comme si Jouzel était le GIEC à lui tout seul) éclaire d’un jour nouveau l’ensemble de vos propos. Et pour ce motif j’arrêterai là mes interventions sur ce sujet.

petite bête | 25 août 2017 à 11h03 Signaler un contenu inapproprié

Oh s'il vous plait, "Petite Bête", vous n'allez pas descendre de votre vert destrier et déserter, au seul motif que j'aurais osé émettre un doute (parfaitement scientifique) sur les prévisions de l'étude du GIEC, prévisions qui, bien que commençant aujourd'hui à se vérifier, ne pourront être validées que par le temps qui passe et par l'expérience de la future réalité (fin du XXIème siècle).

Je ne pratique le tennis qu'à mes heures vacantes; toutefois, et à regret, je pense devoir faire ici cette mise au point:

- Le texte "Idées reçues et préjugés sur la continuité écologique" est la prose de l'ONEMA et de FNE, non la mienne. Ce concept d'idées "reçues" et de "préjugés" est avilissant pour la population adulte et n'a rien à faire en science, c'est vous dire si je l'ai toujours fui ou repoussé.

- L'expertise IRSTEA - INRA - ONEMA a le mérite d'étudier de façon impartiale des données concrètes et vérifiables, d'où les nombreuses références dont elle se sert pour travailler. Elle se fonde, sans sélection, sur ces bases et n'écarte rien d'elles, car aucune conclusion préconçue ou pré-rédigée ne doit l'orienter a priori. Vous n'allez quand même pas critiquer cette façon de travailler! Et encore moins reprocher aux auteurs de ne pas critiquer les fondements de leur étude!! Quant à moi, qui me garde bien "d'interpréter" son contenu, je me suis borné à vous signaler que cette expertise existe, et n'ai tenté de lui conférer aucun sens particulier ou partisan!!!

Euplectes | 25 août 2017 à 15h07 Signaler un contenu inapproprié

(suite) - Et si l'expertise n'aborde pas la question du bien-fondé ou non de la construction d'une retenue ni l'effet cumulé des retenues sur les émissions de gaz à effet de serre, c'est d'une part parce que les auteurs, en bons scientifiques, se cantonnent honnêtement au sujet de leur travail; et surtout, cela représente un indice sérieux pour penser que la science, en ne concluant pas, continue sa recherche et est très loin d'avoir trouvé, contrairement à vos affirmations répétées. Il est facile, en disséquant chaque mot et chaque phrase d'un discours, d'essayer de le dénaturer et de le fragiliser, mais la critique ne suffit pas: Pour y réussir Il faut des arguments contradictoires étayés et des propositons.

- Vous mettez en exemple un cas "d'hyper-eutrophisation" sur les bords du Cher, à propos "de plusieurs cas de mortalité d'animaux" provoqués par des cyano-toxines. Il ne peut être contesté que l'eutrophisation à outrance présente des risques vitaux pour les animaux et l'homme. Il faut donc y prendre garde et se mettre en mesure de surveiller et contrôler l'excès d'eutrophisation, en période chaude, sèche et de basses eaux.

Si vous consentiez à poursuivre ce débat, en fournissant des études contredisantes et scientifiquement (stricto sensu) menées, je serais vraiment intéressé...et heureux! Car à l'instar de la science, nous sommes loin d'avoir tout dit et donc tout compris. Et vos vues sur l'agriculture ne manquent pas de pertinence.

Bien cordialement,

Euplectes

Euplectes | 25 août 2017 à 15h53 Signaler un contenu inapproprié

La encore vous détournez le sens : ce n’est pas la façon de travailler de l’Inra, Onema etc… que je critique, bien au contraire, mais l’usage que vous avez fait de la seule étude que vous citez en lui faisant dire autre chose que ce qu’elle dit effectivement. Je note que vous m’attribuez (4 août) de «(prôner) l’uniformisation des milieux aquatiques » alors qu’il s’agit justement de préserver leur diversité, depuis la zone à salmonidés (truites, saumons), la zone à ombres, à barbeaux, puis à carpes, brèmes, rotengles etc, jusqu’à la zone estuarienne. Les seuils et barrages uniformisent tout cela par disparition des deux voire trois premières zones. Bien sûr qu’on ne sait pas tout, c’est une tautologie, mais on en sait suffisamment pour savoir quel est l’impact des retenues et barrages sur la qualité et la dynamique des cours d’eau. Je suis étonné que vous ne connaissiez apparemment pas les nombreux articles d’Actu-Environnement qui corroborent mes propos.
« Descendre de votre Vert destrier », « paillettes », « prose de l'ONEMA et de FNE » (pour FNE, quelle preuve en avez-vous, et l’ONEMA n’est-il crédible qu’associé à l’INRA et IRSTEA ?), « ne manque pas de pertinence », « logique », « bon sens »… cette façon de distribuer bons et mauvais points, au-dessus de la mêlée (plus facile que d’être dedans) est, je trouve, assez méprisante au final car elle évite de répondre sur le fond aux arguments.

petite bête | 28 août 2017 à 15h47 Signaler un contenu inapproprié

Merci pour votre réponse. Je ne prétends pas interpréter quoi que ce soit de l'étude IRSTEA, je vous l'ai simplement signalée et me suis bien gardé d'en tirer la moindre conclusion. Je ne suis pas un génie et ne joue pas au prix Nobel.

Je vais donc m'abstenir de "décorer" ma prose avec un soupçon d'humour (très innocent car je n'ai pas cherché, dans mes propos, à vous manquer de considération et de respect).

A l'évidence, sur le maintien de la diversité biologique des cours d'eau, vous raisonnez à l'échelle des bassins versants et vous inférez que les seuils et barrages uniformiseraient tout cela, depuis la zone à salmonidae jusqu'à la zone estuarienne, qu'ils entraîneraient la disparition des deux voire trois premières zones.
Je ne sache pas que les saumons, truites, ombres et barbeaux soient menacés de disparition: Vous faites erreur, "Petite Bête", pardonnez moi!
Seuils ou pas seuils, pas plus que vous ne trouveriez des populations sérieuses de truites de rivière à l'embouchure, pas plus vous ne trouveriez de carpes et de tanches dans les micro-retenues en tête de bassin (pente trop importante).

Par contre, en moyennes et basses vallées, et à l'échelle d'un ou plusieurs départements, vous trouverez des zones d'eau profonde en amont des seuils en rivière, succédant à des zones de radiers encore plus en amont. Vous savez, comme moi pour l'avoir relevé, que ces retenues ne sont pas des "baignoires" qui versent directement les unes dans les autres.

Euplectes | 28 août 2017 à 19h35 Signaler un contenu inapproprié

(suite) - D'une façon générale, les seuils et barrages en rivière sont très largement étagés et espacés pour qu'une rivière courante et peu profonde puisse couler et même "méandrer" tout à son aise en amont de la retenue qu'ils entretiennent.

Cessons d'être abstraits dans nos explications: Prenons une portion de rivière de longueur 10km à vol d'oiseau, avec pente moyenne de 2/1000, et 2 seuils de hauteur de chute de 1,5m chacun, les seuils et les 2 retenues d'amont étant situées sur cette longueur étudiée; les sous-portions à "lit mineur perché" sont considérées ici comme négligeables.
Additionnons les hauteurs de chute des 2 seuils = 3m.
La longueur totale, à vol d'oiseau, des 2 retenues est donc de 1,5Km. (0,003/0,002).
Nous avons donc 2 écosystèmes aquatiques, l'un "lentique" (eau profonde et lente) - 1,5Km, l'autre "lotique" (eau peu profonde et courante - 8,5Km).
En détruisant ces 2 seuils, nous aurions provoqué la disparition de l'écosystème "lentique" (15%, seulement, de la longueur étudiée), et nous obtiendrions alors une portion de 10 Km de rivière uniformisée, à l'écosystème 100% "lotique"! Pour le coup, je ne vous comprends pas! Que penser de cette perte de biodiversité?

Serait-ce que vous considéreriez malfaisante l'influence de l'Homme (espèce animale sauf son respect) sur les rivières, au cours des siècles et même des millénaires? (source: G. Rollier, thèse de doctorat en langues, histoire et civilisations des mondes anciens,2010).

Euplectes | 28 août 2017 à 20h45 Signaler un contenu inapproprié

(suite) - Sans aucun mépris pour vos thèses, je m'interroge aussi sur ce paradoxe pénétrant: Comment pourrions nous sérieusement militer pour la conservation et la conservation des zones humides dans les lits majeurs, et ne pas dénoncer et encourager, en même temps, la disparition programmée des écosystèmes entretenus par les retenues d'eau générées par les seuils?

Pour répondre à votre demande, la preuve de ce que FNE a bien participé à la rédaction du texte péremptoire: "Restauration de la continuité écologique des cours d'eau et milieux aquatiques - Idées reçues et préjugés" est simple à rapporter: Le texte comprend 31 pages, et tous les haut de pages comportent l'emblème de la FNE. Je vous invite à regarder, si vous le souhaitez, la bibliographie y citée et notamment les travaux de Barnard et Fustec, 2007 et de Malavoi et Salgues, 2011. Vous pourriez y trouver matière à confronter vos certitudes avec nos doutes profonds et persistants.

Bien cordialement,

Euplectes

Euplectes | 28 août 2017 à 21h20 Signaler un contenu inapproprié

Je n'ajouterai rien, hormis mon effarement à la lecture de vos raisonnements totalement "hors sol", et contredits par toutes les études spécialisées. On dirait (désolé) un raisonnement de géographe de bureau, qui raisonnerait uniquement sur cartes sans connaître le terrain. D'autre part, que le "Réseau Eau" ait participé (moi aussi) à UN document (et non une étude) ONEMA ne veut pas dire que les études ONEMA ou AFB seraient pilotées par FNE. Et ces études, renforcées par d'autres parues dans la littérature scientifique, invalident totalement l'affirmation selon laquelle les seuils et barrages (on en est à plus de 100.000 recensés en France, source ROE) amélioreraient la biodiversité. Quant au saumon atlantique, il est sur la liste UICN comme menacé de disparition. En France, sa situation est carrément dramatique, d'autant que bien des personnes là encore plus ou moins pleines de bon sens et de bonne volonté prônent qu'on le sauvera en alevinant massivement, remède qui aggrave le mal comme cela a déjà été le cas pour la truite et comme d'autres études le prouvent :
https://www.cbbulletin.com/436113.aspx
http://www.nature.com/ncomms/2016/160217/ncomms10676/full/ncomms10676.html

Comme quoi les solutions de "bon sens" apparent sont souvent les plus idiotes.

petite bête | 30 août 2017 à 15h42 Signaler un contenu inapproprié

Des sources à la mer, un fleuve est une succession de zones variées, passant peu à peu de profils lotiques (peu nombreux et fragiles) à des profils lentiques. Les seuils et barrages créent uniquement des zones lentiques, et très souvent dans des zones qui sans cela seraient lotiques. En clair, on remplace les truites, loches et chabots, par des brèmes, gardons et carpes. Et on bloque souvent complètement les transferts sédimentaires et piscicoles, sans parler du réchauffement des eaux et donc leur désoxygénation.. Quand on vidange un barrage c'est de la vase qui apparaît, pas du sable et des graviers.

petite bête | 31 août 2017 à 10h38 Signaler un contenu inapproprié

Les propositions de FNE (j'adhère à presque tout):
1. Savoir ce que l'on a, pour savoir ce que l'on peut utiliser
• Etablir un état des lieux des équipements existants pour chaque bassin hydrographique : volumes stockés, forages, taux d’utilisation, répartition dans l’espace, etc. ;
• Dresser le bilan des prélèvements et des consommations agricoles ;
• Établir le bilan des demandes en prélèvements par bassin hydrographique ;
• Adapter progressivement les volumes prélevables aux volumes réellement disponibles, pour garantir un bon fonctionnement des milieux.
2. Rendons à la nature ses capacités d’auto-régulation
Les milieux qui stockent naturellement l’eau sont menacés. Il est important de les protéger pour qu’ils puissent retenir l’eau et lui permettre de s’infiltrer dans les nappes souterraines.
Conserver et restaurer les zones humides et les milieux forestiers ;
• Rétablir la connexion des cours d’eau avec les annexes hydrauliques (zones humides, zones naturelles d’expansion de crues, etc.) ;
• Rétablir les continuités écologiques pour assurer les écoulements naturels de l’eau et les échanges avec les nappes ;
• Appliquer effectivement les obligations réglementaires de bandes enherbées et de protection des haies.

petite bête | 31 août 2017 à 10h54 Signaler un contenu inapproprié

(Suite et fin)
3. Passons à l’agroécologie
• Couverture des sols ;
• Diversification des productions avec 4 cultures au minimum, dont la principale n’excède pas 50% des surfaces et la minoritaire représente au moins 10% ;
• Maintien des prairies existantes, temporaires ou permanentes ;
• Maintien des haies, talus et fossés ;
• Respect d’un maximum de 10 ha ou de 10% de la SAU irriguée à l’échelle de l’exploitation
• Limitation de l’usage de pesticides : diminution effective de 30% par rapport aux références du territoire et baisse continue vers un objectif de -50%.
• Etablir des référentiels techniques et économiques, sur chaque territoire, pour limiter l’aversion au changement en montrant que ces modèles agroécologiques fonctionnent
• Soutenir financièrement ces modèles avec des primes allouées pour les services environnementaux rendus et une aide à l’investissement dans du matériel adapté aux nouvelles pratiques agroécologiques ;
• Conditionner la création de stockages nouveaux à l’adoption de ces systèmes et donc au respect des critères précédents ;
• Réserver les financements publics exclusivement aux projets qui respectent les règles de protection des milieux.
4. Mettons tout le monde autour de la table
• Rendre publiques l’ensemble des données liées à la gestion opérationnelle de la ressource en eau ;
• Maintenir des comités de pilotage spécifiques à la gestion opérationnelle de la ressource, représentatifs de l’ensemble des usagers et avec un pouvoir décisionnaire ;

petite bête | 31 août 2017 à 13h50 Signaler un contenu inapproprié

Je ne suis pas étonné que mes raisonnements vous troublent jusqu'à l'inquiétude. Si c'est pour mon Q.I. que vous vous inquiétez, je vous rappelle que ce test d'évaluation est en général employé chez les porteurs de troubles du comportement et non pour établir des classements de valeur (j'ai aussi quelques lueurs en médecine humaine).

Je n'ai pas la prétention d'être un géographe de bureau ou de terrain, mais j'ai l'habitude de consulter de tels spécialistes qui me fournissent des études vérifiables et s'abstiennent, en vrais scientifiques qu'ils sont, de toute prise d'avis orienté.

Concernant le document FNE/ONEMA, que je critique sur la forme et le fond, vous nous dites qu'il ne s'agit pas d'une étude: Dont acte, vous nous rassurez!

Soit, Il ne peut être raisonnablement soutenu que les "100 000 seuils et barrages" recensés en France amélioreraient la biodiversité. Mais il peut, tout autant et même plus, être affirmé que leur disparition apporterait une dégradation majeure à la biodiversité (perte d'écosystèmes particuliers locaux et abaissement local subséquent des toits de nappes dans les lits majeurs). Au paroxysme, cela ferait beaucoup de pertes, mais nous n'en sommes heureusement pas là.

D'autre part et d'après mes sources (MNHN, Comité UICN France), l'espèce saumon atlantique est classée "vulnérable" en France et non pas "en danger = menacé de disparition" ni "en danger critique = menacé d'extinction", alors que vous semblez vous complaire à prédire sa disparition.

Euplectes | 01 septembre 2017 à 16h47 Signaler un contenu inapproprié

(suite) - Autre rectification, si je puis me permettre: En supprimant les milieux lentiques existants, on y ferait disparaître les brèmes, gardons et carpes etc., qui seraient alors remplacés par les truites, loches, chabots etc.(milieu lotique), et non le contraire, comme vous semblez habilement l'avancer. Voila bien la réelle uniformisation du milieu!
Je vous suggère de réfléchir (sans offense aucune s'il vous plait) au trois configurations essentielles à l'échelle d'un cours d'eau: les têtes de bassin - hautes vallées, les moyennes vallées et les basses vallées; d'y étudier et déceler sur le terrain les caractères spécifiques à chacune de ces trois configurations, relativement à cette problématique (écologie). Vous y verrez sûrement que les têtes de bassin sont peu concernées (sauf cas extrêmes), que les moyennes vallées répondent, en règle générale, à ce qui a été dit et démontré plus haut, et que les rivières en basses vallées comportent des milieux à prédominance lentique: ET SUR CE DERNIER CAS JE VOUS REJOINS, "Petite Bête", il serait bon que l'Homme intervienne en faveur de l'écosystème lotique, dans les basses vallées.

Sur le transport sédimentaire, les températures, l'oxygène dissous, les études constatent et donnent leurs résultats, mais hésitent toujours et encore à corréler ces résultat avec un éventuel gain pour la nature, concluant généralement que des investigations et des travaux supplémentaires sont nécessaires pour établir un tel lien de cause à effet.

Euplectes | 01 septembre 2017 à 17h36 Signaler un contenu inapproprié

(suite) - Merci d'avoir exposé les objectifs de FNE. J'y souscris pour ma part, mais avec 3 réserves:

- Les mots "naturel" et "naturellement" ne doivent pas être assimilés aux mots "originel" et "à l'origine";

- Les modalités de la mise en oeuvre de ce (beau) programme devront être débattues et discutées pour aboutir à l'éventuel consensus, en ce qui regarde la conservation des zones humides et des divers écosystèmes;

- Le risque inondations de zones habitées et industrielles, potentiellement consécutif à la transformation et à la modification des profils et des lignes d'eau, devront être étudiés, au cas par cas, par des organismes ou bureaux d'études indépendants et agréés à ce faire;

- Les comités de pilotage spécifiques ne devront pas disposer du pouvoir décisionnaire final, car il n'est pas, à leur niveau, explicitement prévu de possibilités de recours de la part des tiers.

Bien cordialement,

Euplectes

Euplectes | 01 septembre 2017 à 18h00 Signaler un contenu inapproprié

A propos des poissons migrateur , l ' état des lieux du dernier Sdage du bassin Seine Normandie indique :
"Entre 2010 et 2014, le linéaire de cours d’eau colonisé par les poissons migrateurs ou accessible à leur colonisation s’est accru de 140 km, principalement sur l’Oise et trois fleuves côtiers. Le total colonisé ou accessible était, en 2014, de 1 480 km, soit un tiers du linéaire de cours d’eau du bassin potentiellement colonisable par les poissons migrateurs. Pour les cours d’eau normands, c’est la moitié du potentiel colonisable qui est aujourd’hui accessible ou colonisé." Donc une amélioration de la situation !
Et : "Les efforts entrepris vis-à-vis des milieux aquatiques en matière de continuité écologique (poissons et sédiments), et plus généralement de traitement des polluants, commencent à se traduire par des résultats tangibles, comme le retour du saumon sur une grande partie des fleuves côtiers normands.

Dans le cas de la Seine, un saumon a été pêché aux portes de Paris en octobre 2008, une première depuis 70 ans. Et quelques mois auparavant, c’est une truite de mer qui avait été capturée au même endroit.

Par ailleurs, une trentaine d’espèces de poissons est aujourd’hui présente dans la Seine à Paris contre 4 dans les années 60 ; les travaux engagés pour améliorer la circulation des poissons dans le fleuve y contribuent."

balxha | 02 septembre 2017 à 00h34 Signaler un contenu inapproprié

L’histoire prouve qu’on peut être savant dans un domaine et incompétent dans d’autres. Vous « consultez des spécialistes ». J’en suis un, reconnu comme tel en matière de d’hydromorphologie et de faune piscicole. Je participe à ce titre à diverses commissions, ces « animaux à quatre pattes de derrière », où l’on se confronte à des personnes ayant un intérêt particulier qui oriente leur discours.
Le document ONEMA/FNE est en fait une synthèse militante de « 18 questions-18 réponses » de l’Onema, et il n’y a aucune contradiction entre les deux, si vous lisez le second.
Perte d’écosystème ? En quoi le rétablissement de la dynamique naturelle d’un cours d’eau est-il une perte ? Sur l’abaissement du toit des nappes, si c’était le cas, la nappe serait, avec la retenue, très souvent affleurante et donc visible. Vous confondez zone humide et annexe hydraulique, la première ayant une saisonnalité qui en fait tout l’intérêt, la seconde étant invariée et bloquant le processus de restitution en période d’étiage. Je vous renvoie à Malavoi et Salgues (2014) ou au document de synthèse Onema précité. Que les barrages, seuils et retenues puissent avoir une utilité pour les activités humaines, c’est une évidence. Mais ils n’en ont jamais pour les cours d’eau, et si on peut et doit admettre une symbiose entre activités et nature, en aucun cas une artificialisation, même légitime, n’est une amélioration de la nature. C’est un rêve de démiurge et une religion du « Progrès ».

petite bête | 02 septembre 2017 à 11h30 Signaler un contenu inapproprié

(Suite et fin définitive)
Vous avez raison sur le saumon. J’aurais dû préciser « saumon souche Allier », génétiquement différent des autres saumons français et seul saumon en Europe à devoir effectuer plus de 800 km pour rejoindre ses frayères. Souche unique menacée de disparition par la pollution mais surtout par les nombreux et épuisants obstacles et leur « écosystème » particulier, à savoir le silure glane.
Mais les autres cours d’eau ne valent guère mieux. Si l’on compare, toutes choses égales par ailleurs car comparaison n’est pas raison, le Gave d’Oloron, fleuve français sur lequel on prend le plus de saumons à la ligne (en moyenne 300 par an) avec une rivière écossaise de longueur et de volume équivalent (la Tweed), il se prend (à la ligne) plus de 20.000 saumons par an sur la seconde. Quelles différences morphologiques ? Le Gave a de nombreux barrages sur son cours, et pourtant tous équipés de passes, cette « solution administrative » de « bon sens » (voir « Evaluer le franchissement des obstacles par les poissons », Baudoin et al. 2014).
Lisez les études. Lisez-les vraiment.

petite bête | 02 septembre 2017 à 11h33 Signaler un contenu inapproprié

UN saumon à Paris en 2008? Grande merveille! Et depuis? Quand on en verra quelques centaines à Châtillon sur Seine ou à Vix, on en reparlera, mais cela ne peut se produire. Passer d'une situation catastrophique à une situation médiocre est certes un progrès, tout comme passer de 200 mg/l de nitrates à 100. Et les barrages de Vezins et La Roche sont toujours en place sur la Sélune, malgré tous les rapports d'experts et les décisions administratives.

petite bête | 04 septembre 2017 à 10h39 Signaler un contenu inapproprié

Parfait, "Petite Bête", ne parlons donc plus du document FNE/ONEMA ("Idées reçues et préjugés..."), auquel nous irions jusqu'à donner le caractère de "Flyer militant".

J'ai, suivant vos conseils, relu à plusieurs reprises l'étude du secrétariat technique du bassin Loire-Bretagne (DREAL/ONEMA/Agence de l'eau - 18 questions, 18 réponses). J'avais mis de côté cette étude car le 1er alinéa de son introduction plantait dès l'abord le (son) décor règlementaire et désignait les coupables (seuils et barrages, "ces pelés, ces galeux dont nous vient tout le mal".
L'on savait à quoi nous attendre dès le départ, et la teneur de la conclusion ne nous surprenait pas: Biais majeur, qui devrait être soulevé chaque fois que constaté. Je pense que vous ne me contredirez pas.

Cela dit et effectivement, une attention particulière devait être portée à l'équation donnée page 9, dans l'étude précitée: "Taux d'étagement = Somme des chutes artificielles/dénivellation naturelle".
Suivant la conclusion de S. CHAPLAIS (Chaplais,S. 2010), réf. 4 en bas de la page 9 de la même étude), l'atteinte du bon état des peuplements de poissons serait fortement compromise au delà d'un taux d'étagement de 60%. La formule est intéressante car elle permet aisément de déterminer le taux d'étagement sur une portion donnée de cours d'eau, connaissant, après mesures sur le terrain, le dénivelé et la somme des chutes artificielles.

Euplectes | 06 septembre 2017 à 11h23 Signaler un contenu inapproprié

(suite) - On pourrait ainsi s'apercevoir que dans les hautes et moyennes vallées, les taux d'étagement ne dépassent pas 60%et de loin, sauf cas particuliers. Il n'en va pas de même dans les basses vallées, où les taux d'étagement dépassent , et parfois de très loin, les 100%, sauf cas exceptionnels.

Chacun peut donc, s'il le souhaite et grâce à cette formule, calculer facilement le taux d'étagement sur une portion de cours d'eau, lorsqu'un projet d'effacement d'un seuil s'y profile.

La corrélation entre les scores d'indice poisson rivière (IPR) et les taux d'étagement reste à établir, et la carte des scores IPR donnée par S.CHAPLAIS dans son étude en est le témoin vrombissant. Les exemples ne manquent, en hautes vallées (surtout) mais aussi en moyennes vallées, de scores d'IPR meilleurs en amont d'un seuil qu'en son aval, le taux d'étagement étant inopérant parce qu'identique en amont et en aval. Pour les températures, nous en reparlerons.

Jusqu'à plus ample informé, on ne peut donc désigner un taux d'étagement supérieur à 60% (mauvais) comme étant responsable d'un mauvais score IPR, dans les hautes et moyennes vallées. Il parait hautement probable, dans ces conditions, que d'autres facteurs dégradant l'IPR seraient en cause. Ces potentiels facteurs dégradants, vous les suspectez aussi bien que moi.

Il demeure donc à prouver que le bon état écologique des cours d'eau, en hautes et moyennes vallées, pâtirait de la "surabondance" des seuils.

Bien cordialement,

Euolecte

Euplectes | 06 septembre 2017 à 12h05 Signaler un contenu inapproprié

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