
Chargée de mission eau pour l’association France Nature Environnement
Actu-environnement : FNE dénonce la mise en œuvre de dérogations aux arrêtés qui établissent des restrictions d'eau. Qu'en est-il précisément ?
Lorraine Levieuge :Tout d'abord, la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui est liée à une sécheresse cet hiver et au printemps. Les faibles précipitations n'ont pas permis aux réserves d'eau de se reconstituer. Dès le printemps, des arrêtés de sécheresse ont été instaurés et depuis cela ne cesse d'augmenter : nous en sommes à 198 arrêtés en cours en France. Mais des dérogations ont été mises en place pour certaines collectivités, industries ou agriculteurs, passant outre les arrêtés sécheresse. Elles ne respectent pas les débits réservés qui peuvent permettre au milieu aquatique de survivre.
Nous souhaitons que ces dérogations soient stoppées : la gestion de la ressource en eau et notamment le système dérogatoire doivent être revus. Beaucoup d'agriculteurs veulent mettre en place de nouveaux réservoirs pour stocker de l'eau. Mais pour une année comme celle que nous vivons actuellement, ce système n'est pas viable : comme les précipitations ont été faibles, ces réservoirs n'auraient pas été remplis. Le système agricole doit évoluer vers des cultures moins gourmandes en eau. Il faut que chacun fasse des efforts pour s'adapter aux conditions climatiques actuelles.
En période de sécheresse, nous pouvons également rencontrer des problèmes de qualité de l'eau : des industries ou des stations d'épuration vont rejeter leurs effluents dans le milieu. S'il y a peu d'eau, la capacité de dilution sera très faible et cela risque d'engendrer des pollutions.
AE : Comment avez-vous identifié ces dérogations ?
LL : Nos fédérations régionales sur le terrain nous ont alertés sur la mise en place de dérogations aux arrêtés sécheresse. Nous n'avons aucune visibilité au niveau national car les demandes de dérogation sont examinées et accordées au cas par cas par les préfets. Elles ne sont pas rendues publiques. Ainsi, nous savons qu'en Vendée, le préfet a décidé d'accorder ces dérogations car il y a une pression et un enjeu fort au niveau économique. En revanche, en Loire Atlantique, des demandes du même type n'ont pas été pas acceptées, notamment grâce à la mobilisation de nos associations sur place. C'est très variable en fonction du contexte local, des enjeux et du préfet…
Au-delà des dérogations, cela traduit un système où malgré les règlements mis en place pour protéger les milieux et respecter des débits suffisants dans les cours d'eau, il existe toujours des moyens pour passer outre. Nous avons fait un courrier à Nicolas Hulot en ce sens et nous attendons de voir comment la situation évoluera au fil de l'été.
AE : Quelles sont les régions les plus impactées par la sécheresse ?
LL : Des arrêtés sécheresse ont été pris un peu partout en France. Toutefois sur les cartes du site
Pour se protéger des phénomènes comme les inondations et les sécheresses, nous devons restaurer les milieux naturels et notamment les zones humides. Ces milieux jouent un rôle d'éponge : ils absorbent l'eau quand il pleut beaucoup et ensuite au fil du temps peuvent la restituer. Ces systèmes régulent les quantités d'eau et ont un rôle important dans le cycle naturel de l'eau.