
Mieux juger de la fiabilité des études
Afin d'éclaircir la situation, le ministère de la santé a lancé aujourd'hui une table ronde regroupant tous les acteurs concernés : élus, associations, opérateurs de téléphonie mobile, organisations syndicales et organismes publics. Sous la présidence de Jean-François Girard, président de l'Institut de recherche et développement (IRD), les participants doivent faire le point sur les connaissances scientifiques et les réglementations en vigueur concernant les technologies qui utilisent les radiofréquences et plus précisément la téléphonie mobile et ses antennes relais. Il faut se mettre d'accord sur la méthode à suivre pour juger qu'une étude est fiable, a expliqué Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'écologie. Pour une raison simple : ces études nous éclairent et nous décidons ; s'il y a trop de contradictions nous ne pouvons pas décider, a-t-elle ajouté. Aucun scientifique n'a été convié à la table ronde mais les participants pourront faire intervenir les experts de leur choix au cours des débats.
Faire évoluer le cadre réglementaire
Cette table ronde doit également aboutir à l'identification de mesures en matière de recherche, d'expertise, d'information du public, de concertation locale ou encore de réglementation. Plusieurs pistes sont déjà évoquées et notamment celle d'abaisser les valeurs limites d'exposition aux champs électromagnétiques. C'est déjà le cas dans plusieurs pays européens comme en Grèce où les valeurs peuvent être jusqu'à 70% moins élevées que celles appliquées en France. En terme de concertation, l'Italie peur être un exemple avec la création de comités de concertation locale.
Des efforts semblent également nécessaires en matière d'information du public : selon l'Eubaromètre de 2007, seulement 22% des Français se disent bien informés sur le sujet des risques sanitaires liés à la téléphonie mobile.
À terme, ces propositions pourraient être intégrées dans le projet de loi Grenelle 2 qui comporte déjà certaines dispositions en matière d'utilisation de téléphone portable. Il est ainsi prévu d'interdire les publicités mentionnant l'usage des téléphones mobiles par des enfants de moins de douze ans et d'interdire la distribution d'équipement électronique aux enfants de moins de six ans.
Les propositions pourront également être complétées dans les prochains mois car une nouvelle expertise de l'Afsset devrait être disponible en septembre 2009 tandis que les résultats de l'étude Interphone sur l'évaluation du lien entre usage du téléphone portable et tumeurs du cerveau devraient être publiés prochainement.
Les associations se disent rassurées mais restent vigilentes
Trois réunions thématiques seront organisées pendant le mois de mai afin d'aborder l'ensemble de la problématique. La réunion de restitution est prévue pour le 25 mai prochain. Chantal Jouanno a toutefois précisé que ce calendrier n'était pas figé : s'il faut plus de temps pour faire le tour de la question nous le prendrons.
Cette précision a semble-t-il rassuré la Fédération France Nature Environnement : nous avions de nombreuses inquiétudes sur le calage et nous avons été rassurés. Toutes les parties ont pu s'exprimer lors des échanges, rend compte José Cambou, pilote du réseau-santé environnement et participant à la table-ronde.
Pour FNE, cette table ronde doit mettre un terme à l'instabilité juridique pour l'ensemble des acteurs et concilier enfin protection de l'environnement et développement économique. L'enjeu est bien celui d'une articulation du respect du principe de précaution et de l'obligation de couverture par les opérateurs du territoire national, explique l'association.
De son côté, l'Association Santé Environnement France (ASEF) qui regroupe plus de 1.000 médecins, espère toujours être conviée aux ateliers. En tant que médecins, nous saluons la démarche du gouvernement qui a raisonnablement choisi de réfléchir en amont sur cette question des champs électromagnétiques. Cependant, il me semble qu'il serait à la fois juste et utile de nous associer à cette démarche, déclare le Dr Patrice Halimi, Chirurgien-Pédiatre et Secrétaire Général de l'ASEF.