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Actu-Environnement

La taxe carbone sera fixée initialement à 14 euros par tonne de CO2

Dans un entretien accordé au Figaro Magazine, François Fillon a annoncé que le montant de la taxe carbone serait fixée à 14 € par tonne de CO2, sans hausse des prélèvements obligatoires et qu'elle ne concernerait pas l'électricité. Réactions.

Agroécologie  |    |  C. Seghier
   
La taxe carbone sera fixée initialement à 14 euros par tonne de CO2
   
La taxe carbone, ou ce qu'il convenait jusque-là d'appeler plus justement Contribution climat énergie (CCE), annoncée pour 2010 sera initialement fixée à 14 euros par tonne de CO2, alors que la commission sur le sujet avait préconisé 32 euros. C'est ce qu'a indiqué le Premier ministre, François Fillon, dans une interview au Figaro Magazine à paraître samedi 5 septembre. Nous avons décidé d'appliquer de façon progressive cette taxe. En partant du prix de la tonne sur le marché, soit 14 euros. Ensuite, nous mettrons en place une commission indépendante chargée de mesurer les effets de la politique mise en œuvre et de proposer des correctifs , affirme le chef du gouvernement.

François Fillon garantit que l'introduction de la taxe carbone n'entraînera pas de hausse des prélèvements obligatoires. C'est un transfert de fiscalité, pas une taxe nouvelle , assure le Premier ministre. Pour les entreprises, elle sera compensée par une suppression de la part de la taxe professionnelle qui porte sur les investissements. Les ménages, quant à eux, bénéficieront d'une diminution de la fiscalité sur le travail, soit par l'impôt sur le revenu, soit par une baisse des cotisations sociales , précise François Fillon tout en ajoutant qu'il est hors de question d'appliquer uniformément ce dispositif à des Français qui ont le choix et à d'autres qui ne l'ont pas.

Dans l'entretien qu'il a accordé au Figaro Magazine, le Premier ministre ajoute que la taxe carbone ne concernera pas l'électricité. Si la France rejette moins de carbone que les autres pays, c'est grâce à l'électricité, elle-même très majoritairement issue du nucléaire , justifie François Fillon. Le ministre de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer, Jean-Louis Borloo a confié pour sa part à l'AFP que l' important pour la taxe carbone est qu'elle soit juste socialement, efficace et qu'il y ait de la progressivité.

La CCE est encore loin de faire consensus. Une réunion d'arbitrage se tiendra sur le sujet vendredi en présence du chef de l'Etat Nicolas Sarkozy. On réfléchit actuellement à différentes sortes de compensations, compensations pour lesquelles l'arbitrage n'a pas encore été rendu , a déclaré la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, lors de l'université d'été du Medef à Jouy-en-Josas.

Tout en se réjouissant des quelques avancées (progressivité du taux de la taxe notamment), France Nature Environnement a regretté, après la diffusion par voie de presse de la position du Premier ministre, que le gouvernement refuse toujours d'introduire l'énergie électrique dans l'assiette de la taxe et que le taux soit fixé à 14 euros, contrairement aux préconisations de la conférence d'experts présidée par Michel Rocard . Selon la fédération, le Gouvernement s'écarte encore du projet de contribution climat énergie qui vise, non pas à créer un effet de report vers l'électricité nucléaire mais une baisse de la consommation d'énergie en général . FNE déplore également que tous les acteurs du Grenelle de l'environnement qui ont travaillé sur le projet de contribution climat énergie ne soient pas consultés et attend des précisions sur le mécanisme exact de redistribution.

Parmi les mécontents, Sortir du Nucléaire a dénoncé un système de soutien à l'industrie nucléaire. Le monde agricole n'est pas en reste : nous sommes totalement opposés à cette taxe , a déclaré ce matin sur France info le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), Jean-Michel Lemétayer.

Du côté des personnalités politiques, Yannick Jadot, député européen Europe Ecologie, a dénoncé la manipulation du gouvernement sur ce dossier, l' insignifiance de sa proposition et a appelé Nicolas Sarkozy à revoir la copie. La contribution climat énergie telle que définie par les écologistes et les experts était un outil à la fois environnemental et social. La taxe carbone de M. Fillon n'est ni l'un ni l'autre. Elle nous éloignerait de nos obligations en matière de lutte contre les changements climatiques et renforcerait notre dépendance au nucléaire, laisserait les Français seuls face à l'augmentation des prix de l'énergie, tout en risquant de pénaliser fortement les plus pauvres dès aujourd'hui , déclare Yannick Jadot. Une voie juste socialement et efficace écologiquement serait : un prix minimum de 32 euros la tonne de CO2 atteignant progressivement 100 euros en 2030, la prise en compte évidente de l'électricité, la compensation pour les ménages modestes les plus touchées par exemple via un chèque vert, et une vraie politique d'investissement dans les économies d'énergie.

Ségolène Royal, présidente PS de Poitou-Charentes réclame quant à elle, dans Le Parisien-Aujourd'hui en France, une fiscalité écologique intelligente . Selon elle, il y a d'autres solutions , comme le bonus-malus, la règle du pollueur-payeur et la taxation des supers profits des compagnies pétrolières également.

Mais pour Nicolas Hulot l'essentiel est d'agir vite et d'inscrire ce projet dans une loi de finance rectificative pour gagner deux mois. L'idée est d'anticiper, parce qu'on va être condamnés à consommer moins d'énergie , a-t-il déclaré mercredi sur Europe 1. Il faut que les gens se préparent, changent leurs comportements. C'est un problème de masse, ce ne sont pas simplement que les riches qui polluent, malheureusement c'est tout le monde, c'est la réalité, a-t-il précisé.

Réactions16 réactions à cet article

Moins Cheers à présent

Si on ELIMINE proprement tous les POLITICIENS Verreux & Nauséabonds de la planète d'une manière BIOcompatible, la couche d'OZONE récupèrera 15,75 % sur 36 mois !!!

IMPOSSIBLE n’est PAS Français …

&&& La Vie est une question de PRIORITéS &&&

Raspootin | 03 septembre 2009 à 18h26 Signaler un contenu inapproprié
Débiles !

C'est à désespérer. Le gouvernement s'obstine à ne jamais rien faire correctement en la matière. Je suis à 300% pour la taxe carbone, mais ici, elle est carrément insuffisante et se discrédite. Surtout, si pour maintenir constante la pression fiscale, on abaisse les autres impôts et taxes, on ne va en rien modifier les habitudes de consommation (ou sinon, cette modification entrainera une baisse des entrées d'argent dans les caisses). Cette contribution DOIT se rajouter aux autres impôts, maintenus constants ; l'argent récolté, qui sera donc un plus, DOIT servir à financer les grands travaux de rénovation écologique.

Ces politiciens n'ont-ils à ce point rien dans le crâne? J'enrage!

Umwelt | 05 septembre 2009 à 12h44 Signaler un contenu inapproprié
La majorité contre

Dans notre beau pays, une majorité de gens veut profiter sans limites et rien donner.
Or, 66% de nos concitoyens seraient contre toute taxe carbone, donc pour leur propre élimination.
"Pardonnez leur car ils ne savent pas ce qu'ils font" et merci aux médias pour les décervelages réussis.

Diane | 05 septembre 2009 à 15h56 Signaler un contenu inapproprié
anachronique

idée brillante il y a 20ans, la taxe carbone est désormais ridicule.

Il est trop tard pour lisser le changement de comportement. Désormais, il faut prendre des mesures bien plus énergiques si on veut vraiment avoir des résultats utiles.

La France aime avoir un métro de retard, c'est presque une marque de fabrique.

Mais de toute manière, une taxe carbone à 14euro la tonne et en plus sans affectement des crédits à des actions concrètes montrent bien qu'on est dans le symbolisme, et certainement pas dans l'action.

dolgan | 09 septembre 2009 à 16h18 Signaler un contenu inapproprié
"La saignée, vous dis-je!"

Si Molière était encore de ce monde, il aurait certainement brocardé tous ces intégristes du culte des taxes par-ci et des taxes par-là pour sauver la planète! Ah! Comme ce serait simple si des taxes pouvaient sauver l'humanité. À quand la taxe sur la vie? Il suffirait finalement d'être suffisamment nanti pour pouvoir s'acquitter de ses taxes, donc d'avoir les moyens de pourrir la planète? Heureusement que les pauvres sont légion! Surtout, qu'ils le restent pour sauver la planète.

Georges | 10 septembre 2009 à 10h09 Signaler un contenu inapproprié
Re:Débiles !

Inutile d'être injurieux. Les politiciens souhaitent être élus. Or, entraîner la ruine de ses concitoyens n'est pas un bon moyen d'être élu...
Pensez aux foyers dont les revenus n'ont pas permi une implantation en ville favorisant ainsi les transports doux. Pensez à l'entreprise dont l'activité même génére du carbone (transport routier, taxi, pêche, fabriquant de chant, usines de recyclage nécessitant de la chauffe, de la fonte, du séchage, etc.) et dont les coûts de production vont augmenter.
Pensez alors qu'une taxe carbone trop forte serait préjudiciable aux plus pauvres : loin de la ville, une vieille voiture qui consomme 8 litres au 100, une chaudière fioul de 1967, comme la maison qui fuit par le toit et tous les vieux joints des fenêtres... sans aborder l'augmentation du coût de la nouriture liée à l'augmentation du coût du transport, la diminution de l'activité dans les procédés carbonifères et donc l'augmentation du chômage et donc la diminution des revenus de l'Etat...
Bref, la responsabilité morale est énorme et la solution n'est pas simple, passer d'une économie d'argent à une économie de ressource est réellement complexe alors par pitié, plus de "y'à qu'à... faut qu'on..."
Brice.

Brice | 10 septembre 2009 à 10h32 Signaler un contenu inapproprié
Re:

Merci, Georges, pour votre avis qui est loin d'être simpliste.
L'argent est-il un levier ou un frein pour passer d'une économie basée sur les bénéfices pécuniers à une économie basée sur la gestion de la ressource ?
Voilà un sujet sur lequel les sociologues, philosophes, économistes et environnementalistes pourraient plancher, ensemble, pour aider nos politiques à prendre des décisions justes.
Brice

Brice | 10 septembre 2009 à 10h40 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Débiles !

Je m'excuse. Dans la précipitation, je me suis un peu emporté, et je reconnais que je n'ai pas besoin d'être grossier. Je vais expliquer pourquoi cette taxe est aussi importante pour une politique respectueuse de l'environnement et protectrice de l'économie.


Bien sûr, je n'ai jamais dit que ce projet n'allait pas mettre des personnes (beaucoup) dans une situation délicate. Mais malheureusement, ceux qui consomment énormément d'énergie fossile sont condamnés à le payer tôt ou tard. Lorsque les prix exploseront, tous ces gens seront finis, ruinés, alors autant monter artificiellement les prix, en douceur. Il est bien évident que ces prélèvements supplémentaires doivent être reversés aux personnes les plus démunies, sous réserve qu'elles changent leur vieille chaudière, leur voiture, et entreprennent les travaux de rénovation nécessaires pour, d'une: réduire drastiquement leurs émissions futures et la taxe qui va avec, et de deux: économiser par la suite. Les économies réalisées sur le fioul, l'essence, et j'en passe, dont le prix explosera inéluctablement (avec ou sans la taxe, qui ne fait que changer le bénéficiaire de cet argent), rentabilisera très vite le surcoût initial.

Les subventions de l'ADEME, les prêts à taux 0, les crédits d'impôts, doivent servir à aider les plus démunis à se préparer. Mais ça ne se fera pas sans argent, donc sans une taxe. Et cette taxe doit être appliquée à tous ceux qui polluent, pour être logique, sans considération sur leur statut social (le versement de compensations à ceux qui font des efforts se chargera de rendre la taxe équitable).

Encore une fois, ce n'est pas rendre service à qui que ce soit, que de le laisser conserver un mode de consommation qui est condamné à s'écrouler. Et si, pour qu'il se bouge, il faut lui imposer une contrainte financière forte (tout en l'aidant, bien sûr, à changer) eh bien qu'il en soit ainsi. A long terme, c'est la seule solution valable. L'inaction entraîne la ruine de nos concitoyens, l'action coup de poing ne fait que les mettre dans une situation un peu plus délicate, pour un temps, pour les protéger de la crise énergétique à venir. Je n'aime pas aller chez le médecin, mais je préfère encore y aller pour me faire vacciner contre une maladie grave, plutôt que de me retrouver, comateux, aux urgences.

Quant à l'"augmentation du chômage", je n'y crois pas un instant. Non seulement, l'inaction rendrait celui-ci inéluctable, mais en plus les travaux engagés avec l'argent récolté permetteraient de créer des milliers d'emplois dans le bâtiment, l'agriculture durable, le génie énergétique, et j'en passe.

L'augmentation du coût de la nourriture sera en outre à mettre en balance avec la réduction de son impact environnemental (donc des coûts sanitaires, de dépollution, engagés par là suite ; cet argent pourra servir à d'autres choses). Réduire la consommation de viande, par exemple, c'est faire dégringoler le bilan carbone de notre assiette, de même que les pollutions aux pesticides dans les champs dédiés à la nourriture du bétail, les marées vertes, et permettre le développement d'une agriculture moins intensive, donc plus respectueuse de l'environnement et créatrice d'emplois.

Cette taxe est donc, à mon sens, non pas un moyen de détruire notre économie, mais de forcer la transformation de ce qui, par construction, est incompatible avec des ressources limitées et les objectifs de lutte contre la pollution et le réchauffement climatique (et condamné à plus ou moins long terme), sachant que le travail à fournir pour cette transformation sera un prodigieux vecteur de création d'emplois.

C'est pourquoi il nous faut à tout prix un homme politique courageux qui prenne des mesures fortes, au risque d'être impopulaire (mais c'est de la science-fiction: tous sont rivés sur les élections et les instituts de sondage) et des experts qui expliquent clairement la situation. Ce n'est pas gagné d'avance...

Umwelt | 10 septembre 2009 à 20h48 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Re:Débiles !

Voilà un avis plein de mesure et constructif.
Persuadé qu'une économie verte est possible, je crois également que les économies de carbone peuvent créer de l'emploi. Mais l'offre de formation ne permet pas à l'heure actuelle de réorienter les chomeurs de l'industrie carbonifère vers les technologies à faible émission de carbone.
Vous parliez du secteur du Bâtiment. Celui-ci, en plus de traverser une crise, est en pleine révolution. Être maçon, plombier, électricien ne s'improvise plus et, n'en déplaise à l'ANPE et à l'AFPA, il n'existe pas de formation courte permettant d'être une personne de métier en phase avec le marché actuel.
Vous parliez de l'Agriculture. De la même manière, je ne crois pas qu'il soit nécessaire de répéter que le secteur est particulièrement en crise (même les céréales sont en recul).
Considérant ces aspects formation et adaptation à des métiers en pleine évolution, considérant que d'ici 10 ans, 1/3 de la population active devrait se retrouver à la retraite, je ne m'inquiète pas des offres d'emploi mais des compétences des candidats à ces postes. En gros, même si beacoup d'emplois sont nécessaires, les demandeurs d'emploi ne disposent pas d'outils de formation adéquates pour s'insérer. Et c'est à ce moment là qu'on aura du chômage lié à l'économie verte : c'est l'éternel débat du décalage entre l'offre de formation et les besoins du marché.
Donc, pour en revenir au sujet, avec une taxe à 17€/tCO2 qui augmentera jusqu'à 100€/tCO2 d'ici 2030, on aura le temps de se pencher sur la question... Même si, nous en sommes tous conscients, le climat, lui, n'attend pas.

Brice | 11 septembre 2009 à 12h56 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Re:Débiles !

Mon cher Umwelt, votre schéma de pensée ne me montrent qu'une seule chose : vous ne connaissez pas les fins de mois difficiles quand chaque euro compte. C'est bien beau le prêt à taux zero mais c'est un prêt qu'il faut rembourser, ce n'est pas un don. Et puis cette propension à ne jamais s'en prendre aux vrais responsables m'agace, je l'avoue. Quel choix a le salarié que l'on ne veut plus payer plus de 1200€ quand,comme le dit Brice, les loyers sont plus chers en ville qu'en banlieue, quand la voiture électrique est ni au point ni abordable, quand des convecteurs électriques ne valent rien et les pompes à chaleur vendues 3 fois leur prix, quand les capteurs photovoltaïques sont vendus au prix de l'or et qu'il faut se loger, se chauffer, se laver, se rendre au travail en voiture pourrie ou en train poubelle, payer la nourrice, les études, la nourriture, les vêtements, le telephone, internet, les impôts,la vertueuse taxe carbone, le noêl et, n'y pensons même pas,les vacances! Quel choix fait le français moyen d'après vous entre toutes ses priorités? Réveillez vous, regardez autour de vous et atterrissez. Si changement il doit y avoir, cela ne passera pas par une taxe carbone ou tartampion mais par une véritable révolution sociale et culturelle, c'est à dire pas avec ceux qui nous gouvernent depuis des décennies et qui portent la responsabilité de notre situation (ah, profit quand tu nous tiens!)

Georges | 11 septembre 2009 à 14h04 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Re:Re:Débiles !

Je suis tout à fait d'accord avec vous. Je sais très bien qu'énormément de personnes en France ont de très grosses difficultés financières, et qu'une taxe supplémentaire les plongerait dans une situation encore plus délicate. Mais encore une fois, cette situation est inéluctable, du fait de l'épuisement des fossiles, alors, tant qu'à faire, autant qu'elle soit faite de manière contrôlée, avec la possibilité de rembourser les plus démunis, plutôt qu'encore plus brutale, dans quelques années, et sans réparation possible.

Je sais très bien que ça fait vraiment gosse de riche, que de parler de long terme et de menaces sur quelques décennies à des personnes qui galèrent au jour le jour pour se trouver à manger. Mais nous parlons ici d'environnement, de lutte contre une menace future terrible, soit, par définition, de long terme, et non des préoccupations de court terme, si légitimes soient-elles, de personnes moins chanceuses que nous (il ne s'agit que de leur survie...). Il y a malheureusement une incompatibilité de principe au fait de vouloir préparer l'avenir en restant les yeux fixés sur le présent.

Mais dans ce cas, que doit-on faire? Refuser de "sacrifier" les personnes d'aujourd'hui pour que celles de demain se prennent tout dans la gueule en plus fort? Je choisis le moindre mal, personnellement. D'autant que je doute que les personnes dont la taxe aggraverait la situation représente une proportion importante de la population. Argument à prendre toutefois avec des pincettes, car j'avoue ne pas avoir de chiffres à ce niveau.

Vous me demandez d'atterrir ; je ne demande pas mieux. Mais dites-moi, concrètement : en quoi consiste la "véritable révolution sociale et culturelle" que vous préconisez? Donnez-moi un plan de bataille, l'origine de l'argent que vous allez récolter pour le financer. Mais pouvez-vous seulement me dire en quoi il consiste? A faire une rediff de HOME entre deux pubs de McDo? Loin de moi l'idée de dénigrer quoi que ce soit. Je tiens sincèrement à trouver une solution à ce problème, mais pour l'instant, au vu des exigences qui sont celles du réchauffement climatique et de l'épuisement des ressources, la taxe me semble être la moins pire.

Proposez-moi quelque chose de meilleur, et je serai le premier à vous suivre. Mais sachant que tous les média (internet inclus) vivent de recettes publicitaires payées par les entreprises qui sont directement responsables du changement climatique, votre "révolution culturelle" risque de ne pas dépasser ce qu'elle fait actuellement, à savoir faire passer les personnes soucieuses de l'avenir pour de joyeux hyppies prenant de jolies photos du monde, ou des prophètes de malheur, des emmerdeurs de première. Encore une fois, que proposez-vous de réellement efficace et de socialement plus acceptable que la sanction économique des émissions? Les gens sont tous conscients des enjeux, mais il faut bien plus qu'une velléité devant Ushuaïa pour sortir du pétrin dans lequel on s'est fourrés, il faut passer à l'action. Et le moins tard sera le moins pire.

Quelque chose qui pourrait être à cogiter, serait de soustraire cette taxe carbone des employés à leurs cotisations sociales (j'entends par là, l'argent déboursé par les entreprises, mais dont les employés ne verront pas la couleur). Ca étalerait dans le temps le paiement de la taxe, au prix d'un rallongement de la durée de travail (mais malheureusement, on n'a rien sans rien). Autre possibilité : taxer directement les entreprises qui nous alimentent en fossiles (proposition socialiste, je crois), mais croyez-vous sérieusement que ça sera sans conséquence à la pompe? Moi, pas une seconde.

Enfin, vous parlez de faire payer les vrais responsables, mais justement, c'est ça, la taxe carbone. Celui qui émet doit payer. Tout de suite, j'entends dire que ce sont les compagnies pétrolières qui émettent, pas le père de famille qui travaille pour que ses gamins puissent bouffer. Tout à fait pertinent... et stupide. Au risque de passer pour un con, Total est à mon sens moins responsable de la catastrophe d'Erika que les millions de personnes qui lui quémendent du pétrole bon marché, le poussant à toujours baisser les prix, quitte à prendre des bateaux cimetières condamnés à s'échouer et à provoquer un désastre écologique. Je vous propose ce point de vue volontairement provocateur pour vous faire comprendre qu'il n'y a pas d'un côté l'énorme connard capitaliste pétrolier, cynique et richissime, détruisant l'environnement et s'en foutant allègrement ; et de l'autre les pauvres petits citoyens innocents qui veulent juste vivre en paix. "Réveillez-vous", vous renvois-je, les pétroliers font ce pour quoi on les paye, ils nous approvisionnent en énergie bon marché, même s'ils en profitent pour sortir des dividendes très confortables, mais avec des millions d'actionnaires (particuliers, entreprises, et même les banques qui vous versent des intérêts sur votre livret) qui exigent des résultats juteux, ont-ils vraiment le choix? D'autant que, comme tout produit, le pétrole ne se vendrait pas si personne ne l'achète. Continuer à acheter un produit dont on a besoin, mais dont on sait qu'il nous tue, n'amène rien de bon. De la même façon que nous taxons le tabac, nous devons taxer le CO2, à moins, encore une fois, que vous ayez une solutions aussi efficace mais plus acceptable à proposer...

Umwelt | 12 septembre 2009 à 01h00 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Re:Re:Débiles !

Parfaitement, mais ce n'est pas l'immobilsme qui résoudra le problème. Je suis bien conscient que créer la demande sans avoir les moyens de fournir l'offre paraît saugrenu, mais si l'argent récolté sert d'abord à la formation des professionnels, au transfert de compétences (des pays du nord, notamment, en termes de bâtiments écologiques), on peut toujours catalyser le processus. En outre, je suis assez confiant en la cupidité de l'économie libérale : un marché regorgeant de besoins et garantissant un carnet de commandes plein sur des décennies (j'exagère peut-être un peu sur la durée) devrait appater suffisament d'entrepreneurs pour que les innovations technologiques et autres formations foisonnent, afin de couvrir tout le marché. Seul hic, il faut que la qualité suive derrière, bien-entendu. En cela, des normes et labels exigents seront les bienvenus.

Les grandes écoles ont déjà perçu ces vibrations et commencent à mettre en place les partenariats et formations qui vont bien. Ce n'est certes pas encore suffisant (et je suis le premier à m'en plaindre, désirant par dessus tout travailler dans ce domaine), mais assez naïvement, j'aurais pensé que la "contrainte économique" aurait stimulé l'enthousiasme des entreprises et organismes de formation. A prendre avec des pincettes, bien sûr ; ce que je pense assez simple sur le principe ne saurait, dans la pratique, remplacer l'avis d'un expert en la matière.

Umwelt | 12 septembre 2009 à 01h20 Signaler un contenu inapproprié
Re:anachronique

Je suis tout à fait d'accord sur le principe des "mesures énergiques" mais malheureusement, déjà que la polémique est forte sur cette fichue taxe que je trouve sous-évaluée, alors si on décide de rendre obligatoires d'ici 2015 les chauffe-eau solaire ou à bois, l'isolation intégrale des bâtiments, la fermeture des congels en supermarché (vous savez, le rayon frais où vous avez besoin de votre doudoune pour pas choper un rhume; une aberration criminelle sur le plan énergétique), l'hybridation des véhicules, le recyclage intégral, l'imposition de quotas aux importations, et à la consommation de viande... bref, tout ce qu'il faudra faire un jour ou l'autre, je n'ose même pas imaginer le merdier social que ça va entraîner. Surtout que beaucoup de personnes ne pourront pas se payer de tels investissements. Elles peuvent toujours emprunter, mais les banques ont quelques difficultés ces derniers mois, d'après ce que j'ai cru comprendre dans la presse...

Bref, mesure choc, je ne demande pas mieux, mais avec quelles répercutions sociales et économique derrière? Bien sûr, ce n'est rien à comparé des conséquences de l'inaction, mais je crois que c'est plus lourd que la taxe... foutrement plus efficace, aussi.

Umwelt | 12 septembre 2009 à 01h41 Signaler un contenu inapproprié
Re:

Voilà une réflexion typiquement libérale comme je les aime : cariccaturale à souhait. Plus sérieusement, personne n'aime payer des taxes, mais dites-vous bien que sans elles, vous n'auriez pas d'assurance maladie, pas de couverture chomage, pas d'éducation, pas de recherche, pas d'armée...

Si vous ne voulez pas payer de taxes, acceptez de perdre tous ces privilèges, partez aux USA ou ailleurs, je suis certain que vous reviendrez en France au galot.

En outre, personne n'a jamais dit que la taxe carbone allait sauver la planète, même-moi qui en suis un ardent défenseur*. Il s'agit plus modestement de réorienter l'économie vers un mode durable, chose que l'on ne peut faire qu'en tapant là où ça fait le plus mal (les bourses), et récupérer l'argent nécessaire pour les grands travaux à venir. Ainsi, la taxe en elle-même n'apporte rien. Il faut faire preuve de rigueur, et dans sa collecte (ne pas pénaliser les mauvaises personnes), et dans sa redistribution, pour qu'elle soit efficace. Si ces piliers manquent, on risque d'être à côté de la plaque. Mais appliquée et redistribuée correctement, cette taxe peut-être un formidable outil de transformation de notre économie, sans imposition de règles qui "détruiraient la concurrence".


*Et oui, j'assume, je suis un "intégriste", mais qui l'est le plus entre celui qui veut un Etat puissant, protecteur de ses citoyens et préparateur de l'avenir, et celui qui, sans arguments autres que des déclarations de principe, crache sur le principe de participer aux dépenses de cet Etat?

Umwelt | 12 septembre 2009 à 02h00 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:

Mon cher Umbolt : c'est la première fois que l'on me prend pour un libéral! D'habitude, je passe pour un stalinien : on pourrait très bien accorder un quota de dépense énergétique à chacun, indépendamment de sa situation sociale et de sa fortune bien entendu et ce quota dépassé... on ferme le robinet! Efficace, non?

Georges | 15 septembre 2009 à 18h28 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Re:

Je ne peux qu'approuver sur le principe. Dans l'idéal c'est ce qu'il faudrait faire. Mais je ne suis pas sûr que ça puisse passer au niveau constitutionnel: les gens crieraient à l'atteinte à leurs libertés individuelles d'aller à New York ou à la Réunion, de s'acheter un 4x4 et d'aller à McDo tous les week end. Toutes ces activités font déjà exploser le quota. En outre, comment évaluer combien les personnes émettent? Cela impliquerait de les surveiller en permanence, et sur le coup, non seulement ça serait vraiment liberticide (et stalinien) mais en plus ça coûterait une fortune à mettre en place; fortune que l'on n'a pas. Le faire avec quelques milliers d'entreprises n'est pas la même chose qu'avec 60 millions d'âmes. En thermodynamique, on ne cherche pas à étudier chaque molécule pour la contrôler (c'est impossible) ; on modifie les paramètres physiques (pression) pour modifier les équilibres. De retour à notre propos, on change la pression fiscale (soit son mode opératoire : transfert d'une fiscalité taxant le travail (inadmissible à mon goût) à une fiscalité taxant l'impact ; soit son intensité (ce qui permet le financement des grands travaux de rénnovation exigés)) pour restructurer l'économie.

C'est plus lent que l'obligation de quotas, mais comme de toute façon, à l'heure actuelle, pas un seul français n'est capable de les respecter (pas même moi), leur efficacité reste malheureusement très contestable (sauf pour faire un merdier social sans précédant). Dans le même esprit, en moins liberticidie et en beaucoup plus politiquement correct, il y a les obligations de construction bioclimatique, la taxation de la consommation de viande ou du transport aérien, l'interdiction de l'usage de la voiture dans certaines villes, et j'en passe. Plus soft, mais même là, on se trouve bloqués par l'interdiction constitutionnelle de "toute entrave à la libre concurrence"...

Umwelt | 16 septembre 2009 à 21h01 Signaler un contenu inapproprié

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