Les émissions diffuses davantage taxées
La taxe carbone suédoise a été mise en œuvre de manière progressive et prévoyait dès 1991 deux niveaux de taxation afin de ne pas nuire à la compétitivité économique du pays. Le niveau élevé concerne les ménages et les services. Fixé à 27 euros au départ, il a atteint 108 euros en 2009. Un deuxième niveau de taxation concerne les secteurs sujets à la compétition internationale et/ou qui auraient pu faire l'objet d'une fuite carbone : l'industrie, l'agriculture et la cogénération. De sept euros en 1991, la taxe est passée à 16 euros pour les entreprises soumises au marché des quotas européens (ETS) et à 23 euros pour les autres entreprises.
La production d'électricité n'est pas concernée par la taxe carbone, seuls les consommateurs non industriels paient une taxe sur l'électricité. Les combustibles considérés comme ''renouvelables'' (éthanol, méthane, biocarburants, tourbe, déchets) sont exonérés de taxe.
De ce fait, la baisse significative des émissions de CO2 enregistrée provient largement des ménages et services et a favorisé le développement de la biomasse. En 1970, le pétrole représentait 75 % de l'approvisionnement en énergie contre 32 % en 2006. La mise en oeuvre de la taxe carbone a provoqué la quasi-disparition des chauffages urbains au fioul, majoritaires dans les années 70, au profit de la biomasse (70 % en 2007 contre 24 % en 1990). Dans les transports, même tendance. Si les Suédois utilisent beaucoup leur voiture faute d'un réseau ferré dense, les véhicules ''propres'' se développent à grande vitesse. Au premier semestre 2008, 60 % des voitures neuves vendues fonctionnaient à l'éthanol, au gazole ou au gaz, ou étaient des hybrides.
Cependant la consommation d'énergie par habitant reste élevée. Avec 17.000 kWh par habitant et par an, la Suède est un des grands pays consommateurs d'énergie après l'Islande, la Norvège et le Canada. 90 % de son électricité provient du nucléaire ou de l'hydraulique, de ce fait, le poids carbone d'un Suédois est plutôt bas (5,8 t de CO2 par an contre 8,6 en UE et 19,7 aux Etats-Unis).
Ni critères sociaux, ni redistribution
La taxe carbone suédoise ne tient pas compte de critères sociaux ou géographiques contrairement à ce que prévoit le dispositif français. Aucun ''chèque vert'' n'a été redistribué. Les recettes de la taxe sont reversées au budget général. La Suède a néanmoins renforcé ses aides pour l'adaptation, notamment pour la production d'électricité non-fossile.
La taxe carbone a été mise en place dans le cadre d'une réforme globale de la fiscalité suédoise. Les charges pesant sur le travail ont été allégées en 1991 (-6 milliards d'euros) alors que les taxes environnementales (taxe carbone, TVA sur l'énergie) augmentaient les recettes fiscales de 1,9 milliards d'euros. En 2008, elles atteignaient 2,5 milliards d'euros.
De cette expérience jugée ''très positive'', les pouvoirs publics suédois ont tiré quelques enseignements. Selon Susanne Akerfeldt, ''la taxe carbone est facile à mettre en œuvre et donne de vrais résultats. Cependant, il faut commencer avec un niveau bas et augmenter progressivement le niveau de la taxe, annoncer les mesures en amont pour laisser le temps de l'adaptation. De plus, les mesures doivent être principalement prise dans les secteurs à faibles coûts marginaux et doivent s'accompagner de plans d'aide sur un temps limité''.