"Nous devons sortir de la logique d'utiliser un seul moyen de transport, a assuré Johan Ransquin, chef du transports et mobilité à l'Ademe, à l'occasion d'un point presse mercredi 9 septembre. Pour cela il faut mettre à disposition des outils qui présentent l'ensemble des informations, des assistants d'intermodalité". Pour espérer atteindre les objectifs de la stratégie bas-carbone (en consultation jusqu'au 22 septembre) le transport devra en effet s'appuyer à la fois sur des évolutions technologiques mais également un changement des comportements, selon l'Ademe. Le secteur, absorbant 30% de la consommation d'énergie finale en France, doit en effet parvenir à baisser ses émissions de 29% à l'horizon 2024-2028 (au cours du troisième budget carbone prévu dans la loi de transition énergétique) et d'au moins 70% d'ici 2050.
"Il faut passer de la logique de la possession à celle du service, le moyen choisi doit faire partie d'un bouquet de transports, souligne Johan Ransquin. L'autopartage et le covoiturage préfigurent ce changement". L'Ademe a mené deux enquêtes pour comprendre les pratiques actuelles de ces deux modes de transports et identifier les leviers pour les encourager. Ces dernières montrent que le covoiturage de longue distance est une pratique qui progresse, avec désormais une majorité d'actifs et 16% des usagers issus des communes rurales. "Pour la jeune génération, la fascination pour la possession de la voiture particulière s'effrite", constate Marie-Christine Prémartin, directrice exécutive des programmes de l'Ademe. La principale motivation reste néanmoins la dimension économique. "Nous souhaitons désormais favoriser le covoiturage de courte distance, précise Johan Ransquin. Nous attendons beaucoup de la loi de transition énergétique : elle devrait favoriser ces pratiques".
Un des leviers pour le développement du covoiturage passe par la mise en relation de personnes souhaitant partager leur trajet. La Fédération nationale du covoiturage (Feduco) travaille ainsi à l'élaboration d'un nouveau standard de communication, RDEX (Ridesharing data exchange) pour permettre de réunir les bases de données de différents opérateurs. L'idée ? Que les acteurs proposant des services de covoiturage puissent échanger leurs informations : l'internaute, inscrit à l'un des sites partenaires de ce réseau, pourra alors disposer de l'ensemble des offres proposées.
Le numérique encourage les nouveaux modes de déplacement
"Les nouveaux modes sont facilités par le numérique : ce dernier facilite la mise en partage de la mobilité", confirme Marie-Christine Prémartin, directrice exécutive des programmes de l'Ademe. Un article de la loi Macron demande justement aux exploitants des services de transport de diffuser leurs données de manière libre, gratuite et immédiate afin de permettre l'organisation de nouveaux services de transport.
Le projet Optymod'Lyon repose ainsi sur la coopération des acteurs privés et publics pour la mise à disposition de données de mobilité : sa plate-forme unique rassemble 30 bases de données et de flux en temps réel (trafic routier, transports en commun urbains et départementaux, vélos en libre-service, avions et stationnements). De ce dernier ont découlé différents outils dont Optymod'Lyon, le premier GPS urbain multimodal en temps réel sur téléphone portable. "Les smart-phone contiennent une puce GPS, ils permettent de proposer une information à jour et adaptée au déplacement du citoyen, explique Johan Ransquin. Optymod'Lyon couvre la totalité des modes de déplacement : de la marche au covoiturage". L'outil anticipe également les niveaux de congestion (à une heure) et propose en fonction le trajet optimum. Il dispose également d'un module adapté aux transports de marchandises et permet aux conducteurs d'optimiser les livraisons.
"Les collectivités peuvent également avoir un intérêt, ajoute Johan Ransquin. En fonction des flux de circulation, Lyon va par exemple cadencer les feux de signalisation, rajouter des rames, adapter les bus, etc.".
Le Conseil général de la Seine-Saint-Denis a quant à lui choisi de refondre son système de régulation des carrefours à feux tricolores et donner une priorité au développement de l'intermodalité. Des capteurs de trafic, de vidéo-trafic et de stations météorologiques permettent une connaissance permanente des conditions de déplacement. Les usagers accèdent aux données grâce à différents panneaux d'informations dynamiques. Les transports collectifs, tramways (T1, T4, T5 et T8), le futur bus à haut niveau de service en site propre sur l'ex-RN3 ainsi que les lignes de bus Mobilien sont prioritaires pour la traversée de carrefour.