La population française commencerait-elle à s'adapter au réchauffement climatique ? Santé publique France émet cette hypothèse au regard des résultats de sa nouvelle étude (1) . Publiée le 2 février, celle-ci dresse un bilan de l'impact des températures extrêmes, observées entre 1970 et 2015, sur la mortalité des habitants de dix-huit agglomérations de l'Hexagone (dont Paris, Marseille, Lille, Lyon ou encore Bordeaux).
Le froid plus meurtrier que la chaleur
En moyenne, chaque année en France, « on observe une courbe en forme de J entre la température et la mortalité : les températures très froides sont associées à une augmentation modérée du risque de décès, les températures très chaudes à une augmentation très importante de ce risque », énoncent les experts de Santé publique France. Cependant, ces derniers constatent une certaine évolution en quarante-cinq ans. Selon eux, les températures les plus froides (autour de – 7 °C) étaient associées à un risque de décès légèrement plus faible au cours des années 1970 qu'au début des années 2010. Cela étant, le nombre de décès recensés à ces températures reste stable entre ces deux périodes, représentant environ 0,6 % de la mortalité totale annuelle.
À l'inverse, le taux de mortalité attribuée aux températures les plus chaudes (aux alentours de 28 °C) a plus que doublé au cours du temps, atteignant désormais 0,2 % du nombre total de décès chaque année. Par ailleurs, Santé publique France affirme, qu'entre 1990 et 2018, environ 30 % de cette mortalité attribuable aux chaleurs extrêmes seraient effectivement dus au réchauffement climatique. Autrement dit, si les températures les plus froides provoquent encore plus de décès que les températures les plus chaudes, « la contribution de la chaleur à la mortalité totale pourrait à l'avenir devenir équivalente, voire supérieure à la contribution du froid ». Pourtant, le risque de décès causé par une extrême chaleur a presque été divisé par deux entre 1975 et 2015. Selon l'Agence nationale de santé publique, deux facteurs expliquent cette disparité.
L'acclimatation aux fortes chaleurs
S'agissant des vagues de froid les plus extrêmes, leur impact encore important sur le nombre et le risque de décès provient de leur caractère « persistant ». En moyenne, l'effet du froid serait ressenti pendant vingt et un jours suivant l'exposition, accentuant les risques de décès. En comparaison, l'effet de la chaleur serait « concentré sur les trois premiers jours, et uniquement pour les chaleurs les plus extrêmes, persistant jusqu'à dix jours après l'exposition ». Néanmoins, la fréquence des jours durant lesquels de très fortes chaleurs sont mesurées a considérablement augmenté au fil du temps, ce qui conduit à un impact plus élevé sur la mortalité.
En somme, « le risque diminue lorsqu'une température autrefois inhabituelle devient plus fréquente – et inversement lorsqu'une température devient inhabituelle ». Pour autant, rappelle l'agence, ce risque demeure et sa diminution « ne compense pas l'augmentation du nombre de jours chauds » observés, et le taux croissant de mortalité qu'elle entraîne. Et Santé publique France de recommander, en conclusion : « En matière d'adaptation, il faut à la fois agir sur l'état de santé de la population pour améliorer sa capacité de thermorégulation, sur l'environnement pour réduire les expositions aux températures les plus extrêmes, et sur la réponse immédiate à ces événements extrêmes. »