À l'occasion de la semaine verte européenne, le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue) a rendu public un rapport dressant un état des lieux inquiètant des taux de recyclage des métaux, notamment dans l'optique d'une mise en œuvre de la croissance verte. Un constat d'autant plus regrettable que le document souligne que "les métaux, à la différence d'autres ressources, sont intrinsèquement recyclables." Intitulé "Taux de recyclage des métaux : un état des lieux", le rapport plaide donc pour une "progression spectaculaire des faibles taux actuels de recyclage des métaux."
Dix-huit métaux recyclés à plus de 50 %
Si moins d'un tiers de la soixantaine de métaux étudiés présente un taux de recyclage mondial supérieur à 50 %, 34 éléments ont un taux de récupération inférieur à 1 %. Or, parmi les 34 métaux très mal recyclés "beaucoup jouent un rôle crucial dans les technologies propres, comme les batteries de voitures hybrides [et électriques] ou les aimants d'éoliennes."
Afin d'établir ce classement, le Pnue a passé en revue une série d'études basées sur différents périmètres, références historiques, méthodologies et données. Ainsi, pour le plomb, l'élément le mieux recyclé, les évaluations du taux de recyclage global en fin de vie varient de 52 %, pour une étude basée sur l'Union européenne, et 95 % selon les chiffres du Service géologique des Etats-Unis (USGS).
Les trois métaux les mieux recyclés sont le plomb, l'or et l'argent : le plomb, car il est principalement utilisé dans les batteries, et l'or et l'argent du fait de leur rareté. Cependant, "70 à 90 % de l'or entrant dans les applications industrielles sont recyclés, contre seulement 10 à 15 % de l'or contenu dans les produits électroniques", indique le Pnue.
Par ailleurs, parmi les 18 éléments recyclés à plus de 50 %, de nombreux métaux sont utilisés pour la production d'acier et d'alliages spéciaux. C'est le cas notamment du chrome (7ième métal le plus recyclé), du nickel (8ième), du niobium (9ième), du manganèse (10ième), du zinc (11ième), du cobalt (13ième) et du rhénium (14ième). Quant aux grands métaux, ils figurent en bonne position, à l'image de l'aluminium (4ième), de l'étain (5ième), du cuivre (6ième) et du fer (12ième).
Enfin, les trois catalyseurs (palladium, platine et rhodium) utilisés pour les pots d'échappement des voitures, afin de limiter les émissions de certains polluants, apparaissent parmi les 18 métaux les mieux recyclés de la 16ième à 18ième place.
Moins de 1% des terres rares sont recyclées
Les 34 métaux recyclés à moins de 1 %, sont pour leur part avant tout utilisés en électronique et dans les secteurs connexes, et tout particulièrement les différentes technologies d'écran utilisées pour les téléphones portables, la télévision et l'informatique. De manière générale, la quinzaine d'éléments appartenant au groupe des terres rares (les lanthanides) figurent dans cette liste.
Du côté des technologies vertes, le secteur des panneaux photovoltaïques pourrait être pénalisé par le recyclage quasi inexistant de l'arsenic, du gallium, du germanium, du sélénium et du tellure qui interviennent dans la fabrication des cellules et de certains équipements annexes. Toujours dans le domaine des énergies renouvelables, la miniaturisation des aimants permettant la fabrication d'éoliennes toujours plus puissantes, nécessite des métaux peu recyclés. Il s'agit en premier lieu du néodyme et du dysprosium, et plus globalement de nombreux métaux de la famille des lanthanides.
De la même manière, le lithium et le lanthane, sur lesquels l'industrie automobile compte pour développer les véhicules électriques, apparaissent parmi les mal classés.
Enfin, le développement des LED pourrait souffrir du faible taux de recyclage du gallium et du sélénium.
Vers la société du recyclage
Un meilleur taux de recyclage permettrait de réduire la dégradation de l'environnement, en particulier en limitant le recours à l'extraction minière et au traitement de matières premières vierges. De même, cela permettrait d'économiser d'importantes quantités d'énergie et d'eau, rappelle le Pnue qui plaide pour une "société du recyclage" qui, en l'état, "ne semble qu'un lointain espoir."
En premier lieu, le Pnue recommande d'améliorer la conception des produits afin de faciliter leur désassemblage et la récupération des métaux en fin de vie.
Par ailleurs, il distingue des priorités selon le niveau de développement des pays. S'agissant des pays développés, pour lesquels le niveau de collecte et de recyclage des métaux les plus courants est élevé, le Pnue met l'accent sur les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE). Il appelle "à ne pas laisser dormir les vieux appareils électroniques dans les tiroirs et les placards", mettant l'accent sur les téléphones portables.
Quant aux pays en développement, le Pnue recommande de soutenir les filières de gestion et de recyclage des déchets.