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Textiles usagés : la filière compte sur le tri optique pour augmenter le recyclage

Les acteurs du tri et de la valorisation des habits usagés veulent développer le recyclage. Pour cela, ils travaillent au développement de machines de tri performantes qui permettront de séparer les textiles selon leur nature

TECHNIQUE  |  Déchets  |    |  P. Collet
Textiles usagés : la filière compte sur le tri optique pour augmenter le recyclage

Actuellement, la part des textiles usagés réutilisables après tri est de l'ordre de 57 %. Mais cette proportion se réduit progressivement sous l'effet de plusieurs facteurs : augmentation de la collecte (qui mobilise plus de textiles non réemployables) ; développement de la revente entre particuliers (qui détourne des centres de tri les meilleures pièces) ; baisse de la qualité des vêtements mis sur le marché. Afin d'éviter l'élimination des vêtements non réemployables, les acteurs du tri veulent développer le recyclage. Plusieurs solutions existent : fabrication de chiffons, de nouveaux fils, de géotextiles ou d'isolants. Mais, pour les mettre en œuvre, il est indispensable de classer les textiles selon leur composition.

Trois grandes familles de fibres existent : les polymères (polyester, polyamide, acrylique et élasthanne), les fibres cellulosiques (coton, viscose et lin) et les fibres à base de protéines (laine, cachemire et soie). Bien sûr, une multitude de combinaisons de fibres et d'associations de tissus viennent complexifier ce panorama.

Proche infrarouge et reconnaissance de la couleur

« Le tri manuel reste indispensable pour identifier les habits réemployables en fonction de l'usure, de la marque ou de la mode, mais il ne permet pas d'identifier au toucher la nature exacte des textiles », explique Maud Hardy, directrice économie circulaire de l'éco-organisme Refashion. Pour surmonter cette difficulté, les professionnels envisagent de mécaniser le tri.

Pour cela, ils se tournent vers une technique qui a fait ses preuves dans le tri des déchets : le tri optique qui permet de caractériser un matériau à partir de son spectre dans le proche infrarouge. Cette technique, largement utilisée pour séparer les différents plastiques, affiche par ailleurs un coût acceptable dès lors qu'elle permet de trier rapidement de grandes quantités. À cela peut être ajoutée une autre technologie largement éprouvée : l'identification des couleurs grâce à des caméras classiques. « L'enjeu est d'adapter ces outils aux textiles, pour massifier le tri », explique Maud Hardy, rappelant que « sur le plan économique, il est essentiel de pouvoir traiter des quantités importantes ». Objectif : développer des lignes pouvant traiter 30 000 tonnes par an.

Pour l'instant, il n'existe pas d'unité industrielle utilisant ces technologies. Mais l'éco-organisme en charge de la filière de responsabilité élargie du producteur (REP) pour les textiles a identifié cinq projets en Europe. On retrouve notamment les spécialistes du tri optique pour recyclage Tomra (qui participe au projet SIPTex en Suède) et Pellenc ST (qui travaille sur le sujet depuis 2013), le spécialiste du tri semi-automatique des textiles Valvan (le projet Fibersort, aux Pays-Bas), ainsi que des fabricants de spectromètres comme SpectralEngines (le projet finlandais REISKAtex), LLAInstruments (le projet Resyntex, porté par Soex, l'opérateur allemand de tri des textiles) et Iosys (avec le projet de Koopera en Espagne). À noter que tous ces projets bénéficient de nombreux soutiens publics et privés, à l'image du projet de Soex qui a été retenu dans le cadre du « Challenge Innovation » de Refashion en France.

Identifier des textiles très variés

Reste maintenant à relever les défis spécifiques aux textiles. Le premier est lié à la variété des mélanges de fibres. La détection des matières « pures », comme une fibre 100 % laine, fonctionne très bien. En revanche, l'identification des mélanges de matières nécessite la constitution d'importantes bases de données. Ce n'est pas un réel problème en soi, mais cela impose de caractériser un grand nombre de tissus pour associer à chaque composition le spectre correspondant. Surtout, la difficulté peut être contournée en s'assurant que la machine de tri identifie bien les mélanges comme tels pour ne pas les intégrer aux flux de matières recherchés. C'est simple lorsque les proportions des différentes fibres sont importantes, ça l'est moins si une fibre est présente à moins de 3 à 5 %. « L'élasthanne, qui est intégré dans de nombreux tissus à hauteur de quelques pourcents, pose de vrais problèmes en vue du recyclage », illustre Maud Hardy de Refashion.

À cela s'ajoutent trois contraintes habituelles du tri optique. La première concerne les matières dont les spectres sont proches. C'est le cas du coton et de la viscose, la première étant une fibre cellulosique naturelle, la seconde une fibre artificielle à base de cellulose. Autre contrainte, le tri optique n'identifie que le matériau en surface. Cela complexifie le tri des textiles dont la structure n'est pas uniforme, comme les textiles multicouches, voire certaines structures de fils ou de tissus, ou ceux ayant été traités en surface. En l'occurrence, cela pose problème pour le tri des manteaux. Le dernier écueil, lié à la difficulté de la spectroscopie à traiter les objets noirs, est peu impactant pour le tri des textiles. « Le noir de carbone absorbe la lumière infrarouge émise par les capteurs, mais ce type de pigment est peu utilisé dans les teintures pour textiles », explique la responsable de Refashion.

Pré-tri manuel, machine unique ou machines en cascade

Restent ensuite des enjeux techniques liés à l'alimentation des machines de tri et à la séparation des pièces textiles. Pour l'alimentation des tapis, plusieurs solutions sont envisagées, allant d'une alimentation manuelle à des vis sans fin associées à des tapis vibrants, en passant par des solutions robotisées.Du côté de la sortie, le projet Fibersort peut trier 45 catégories de textiles selon la matière et la couleur. Pour y parvenir, la solution retenue a été de placer les différents bacs le long d'un tapis roulant. Les habits sont éjectés par une buse qui projette de l'air lorsqu'ils passent devant le bac correspondant à leur catégorie de matière et de couleur. Pour l'instant, la machine trie environ une pièce à la seconde et nécessite une grande longueur de tapis.

Une alternative pourrait être l'installation de plusieurs machines de tri en cascade, comme c'est le cas dans les centres de tri d'emballages ménagers. Une autre solution, permettant de combiner toutes les contraintes, consisterait à renforcer le premier tri manuel en amont de la revente des pièces réemployables. Lors de cette opération, des lots de produits homogènes (t-shirt, manteaux, etc…) pourraient être constitués afin d'alimenter des machines de tri dont le mode de fonctionnement serait adapté aux caractéristiques de chaque gisement.

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