France Nature Environnement (FNE) et la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (Frapna) ont annoncé mercredi 12 mars 2014 avoir déposé un recours contre la déclaration d'utilité publique (DUP) signée en août dernier et autorisant la réalisation de l'itinéraire d'accès au tunnel franco-italien de la liaison ferroviaire Lyon–Turin.
"Les associations de protection de l'environnement sont favorables aux décisions politiques permettant le report de trafic de la route vers le ferroviaire", expliquent-elles, ajoutant néanmoins que "le projet de nouvelle ligne ferroviaire Lyon – Turin fait exception".
Les deux associations reprochent à l'Etat de "[refuser] d'ouvrir un débat public sur les traversées alpines", malgré leurs demandes répétées et l'inscription des procédures de concertation publique dans la Charte de l'environnement adossée à la Constitution.
"De plus, le projet actuel ne ressemble plus du tout au projet initial de 1993", poursuivent-elles, estimant qu'"il a été totalement remis en cause".
Le trafic n'est pas au rendez-vous
FNE et la Frapna rappellent qu'"à la création du projet en 1993, la saturation de tous les passages nord-alpins était prévue par des experts pour 2010". De même, un rapport annonçait une multiplication par 2,5 du trafic poids lourds entre 1987 et 2010. Dans les faits, "le tonnage transporté entre la France et l'Italie par les passages nord-alpins a diminué depuis 1994" et "selon les études du porteur du projet d'ensemble Lyon-Turin, la saturation de la ligne actuelle (dite « ligne historique ») n'est prévue que pour 2035".
Ces faits "[démontrent] de l'importance des capacités ferroviaires non-utilisées actuellement". Aussi, plutôt que de créer une nouvelle ligne, les deux associations préféreraient que le plan de relance ferroviaire, qualifié de "peu ambitieux", s'appuie sur l'utilisation maximale de la ligne historique existante et modernisée entre Ambérieu et Turin.
Les deux associations critiquent aussi le "gouffre financier", rappelant "l'alerte du Premier ministre par la Cour des comptes à propos du montant du projet". Les sages de la rue Cambon avaient notamment pointé l'écart entre le coût du projet évalué à 12 milliards d'euros en 2002 et leur propre estimation, réalisée en 2012, qui dépasse les 26 milliards d'euros. "Il n'est pas raisonnable, alors que les finances publiques se font si rares, d'investir de telles sommes dans un projet dont l'utilité reste à prouver", estiment les deux associations.
