Le Japon a réclamé ce vendredi 19 novembre des contrôles plus sévères pour enrayer la pêche illégale de l'espèce, lors de la 17e réunion de la Commission Internationale pour la Conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA) à Paris.
Tokyo consomme 80% des prises de thons rouges, très recherchés pour les sushis et sashimis, dont le prix peut atteindre plus de 100.000 euros aux enchères. Le Japon a insisté sur l'origine et la traçabilité du thon rouge. Selon l'AFP, la délégation japonaise, dirigée par Masanori Miyahara, a proposé d'interdire dès 2011 la pêche aux flottes qui ne présenteraient pas de plan spécifique de prévention de la fraude. Si les plans présentés s'avéraient insuffisants et n'étaient pas approuvés par le comité de contrôle de la CICTA, alors "le pays en question ne devrait pas pouvoir pêcher en 2011", a ajouté Masanori Miyahara. Ce dernier a précisé que le Japon avait refusé cette année, en une seule livraison, plus de 3.000 tonnes de thon rouge venant de la Méditerranée, car ils ne présentaient pas les documents légaux nécessaires.
D'après l'association Robin des Bois, ''le Japon estime que la moitié des thons rouges capturés en Méditerranée pèsent moins de 30 kg (poids minimal réglementaire, ndlr). Il s'amuse de ce que la compilation de 17 B.C.D., (Bluefin Catch Document, déclaration de capture de thon rouge), totalise 5.258 thons mis en cage d'engraissement pendant 6 mois et qu'il en ressort 6.350. De la capture en Méditerranée au marché aux poissons de Tokyo, la liste est longue des embrouilles et des infractions. La mortalité des thons pendant les différents transports que subissent les spécimens vivants avant l'abattage final n'est pas comptabilisée''. Le Japon a demandé ''à ses fournisseurs que chaque ferme marine suive statistiquement le grossissement des thons capturés et communique les résultats'', précise Robin des Bois.
Si la ''posture de consommateur responsable du Japon est louable'', estime l'association, ''il serait utile'', selon elle, ''qu'elle s'étende avec autant de détails et de rigueur à la chasse à la baleine que la flotte japonaise s'apprête une nouvelle fois à mener en Antarctique et à la commercialisation des viandes''.
La Lybie favorable à un moratoire
Quant à la Lybie, un des grands pays pêcheurs, elle aurait proposé l'interdiction de la pêche au thon rouge dans l'Atlantique et la Méditerranée pendant deux ans – 2011 et 2012 - , selon Robin des Bois. Le délégué libyen Hussin Zaroug estime ''que cette décision courageuse empêcherait les stocks de thon rouge de s'effondrer et présenterait les intérêts des générations futures'', a indiqué l'association.
La CICTA a par ailleurs publié le 18 novembre des documents qui montreraient ''qu'environ 10.200 tonnes de thon rouge, pas loin de la totalité du quota mondial, attendent encore dans des cages en Méditerranée'', a de son côté révélé l'ONG Greenpeace. ''Le fait que ce poisson n'arrive pas à être vendu pose de sérieuses questions sur la pertinence de continuer à pratiquer cette pêche'', estime François Chartier, chargé de campagne Océans pour Greenpeace qui demande à la CICTA de ''fermer la pêche à la senne''.
