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Actu-Environnement

Thon rouge : la France s'engagera-t-elle pour sa sauvegarde ?

Alors que Nicolas Sarkozy s'est prononcé en juillet dernier pour une interdiction du commerce international du thon rouge, la France tarde à afficher sa position officielle, retardant une prise de position commune de l'UE sur le sujet.

   
Thon rouge : la France s'engagera-t-elle pour sa sauvegarde ?
Un élevage de thon en Méditerranée
© Madmax
   
Qui va finir par l'emporter ? Les intérêts économiques ou environnementaux ? C'est en filigrane ce que reflète le désaccord entre les ministères des Finances, de l'Agriculture et de l'Ecologie… Alors que l'Union européenne attend une décision française sur l'éventuelle interdiction du commerce international du thon rouge, afin de s'exprimer d'une seule voix lors de la prochaine conférence des parties de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacée d'extinction (CITES), l'annonce tarde à venir. Il est probable que la décision finale revienne au Premier ministre, voire au Président de la République, qui s'était prononcé pour l'interdiction le 17 juillet dernier lors de la clôture du Grenelle de la Mer. Mais la prise de position française devrait finalementêtre moins tranchée, davantage dans le compromis selon les observateurs…
Un comité consultatif d'experts indépendants convoqués par la FAO a publié en décembre dernier un avis justifiant, selon les critères de la CITES, l'inclusion dans l'annexe I ou II de la CITES le thon rouge de l'Atlantique. La différence est de taille : alors que l'annexe II concerne un commerce contrôlé, l'annexe I vise à des interdictions pures et simples.

Vers un commerce contrôlé ou totalement interdit ?

Si l'Organisation des nations unies a déjà adopté en 2006 une résolution appelant les Etats et organismes de gestion des pêches à agir immédiatement pour gérer durablement les ressources piscicoles, protéger les écosystèmes marins vulnérables de haute mer et garantir à long terme la préservation des stocks de poissons de grands fonds, celle-ci n'a pas changé grand chose aux pratiques de pêche intensive, notamment de thon rouge. ''L'urgence est pourtant soulignée par de nombreux scientifiques, regrette François Chartier, chargé de campagne Océan à Greenpeace France. Aujourd'hui, ne subsisterait que 15 % de la population d'origine de thon rouge. Entre 2000 et 2006, la moyenne de poissons pêchés pour cette espèce est passée de 186 kg à 60 à 80 kg, ce qui est très significatif !'' Ces chiffres sont issus du dernier rapport scientifique de l'ICCAT (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique).
Ces faits justifient donc, selon de nombreux acteurs, l'inscription du thon rouge à l'annexe I de la CITES. C'est en outre la proposition de Monaco le 13 novembre 2009, en vue de la prochaine Conférence des parties de la CITES, prévue à Doha (Qatar), du 13 au 25 mars 2010. Celle-ci devrait réviser la liste des espèces concernées par la Convention.
Pour Monaco, le thon rouge remplit deux critères justifiant son inscription à l'annexe I : la population sauvage est petite, une majorité d'individus est concentrée géographiquement pour se nourrir et frayer. L'espèce est très vulnérable à des facteurs intrinsèques et un déclin marqué de la taille de la population dans la nature a été observé.
Le comité consultatif d'experts indépendants convoqués par la FAO n'est pas parvenu à un consensus à ce sujet, précisant que le thon rouge pourrait être inscrit à l'annexe I ou II.
Pour Greenpeace France et WWF-France, ''un classement Annexe II (quotas zéro d'exportation) est très aventureux juridiquement : en application de l'article 14,4 de la CITES et d'un règlement européen, les pays de l'UE pourraient être tenus par le classement, tandis que les pays non UE pourraient y échapper. On ne voit pas la France prendre un tel risque économique et politique !''. D'autant que la pêche du thon rouge ne concerne pas seulement l'Union européenne mais d'autres grands pays pêcheurs comme le Japon, par exemple.

Le poids de l'UE au sein de la CITES

La position de la France sur l'inscription du thon rouge dans l'annexe I est très attendue : elle devrait entraîner une prise de position européenne, en vue de la prochaine Conférence des parties de la CITES. Si Nicolas Sarkozy s'est prononcé en faveur d'une interdiction totale en juillet dernier, suivi par le Royaume-Uni, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Autriche, les pays du pourtour méditerranéen, principaux concernés par la question, sont opposés à une telle décision. ''Si la France maintient sa position, on peut imaginer que le rapport de force s'inverse et que l'interdiction l'emporte au sein de l'UE. Or, si les 27 Etats membres votent séparément à la CITES, ils ont toujours souhaité s'exprimer d'une seule voix''.
Reste encore à convaincre les autres parties de la conférence (175 au total), la décision étant prise à la majorité qualifiée des deux tiers. ''L'UE pèse lourd dans la décision. Mais le Japon a également une influence réelle. Jusque-là, les Japonais ont toujours réussi à bloquer les décisions sur la pêche, notamment la baleine, au sein de la CITES''.

L'arbitrage du Premier ministre ou du président de la République pourrait déboucher sur un compromis selon les observateurs, qui consisterait à prendre dès maintenant une décision de principe d'inscrire le thon à l'annexe I de la Convention, tout en renvoyant la mise en oeuvre de cette décision à douze ou dix-huit mois, le temps de refaire l'expertise scientifique demandée par les pêcheurs. Le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM), ''très inquiet du sort qui risque d'être réservé aux pêcheurs français de thon rouge dont l'activité pourrait disparaître sans même prendre en compte les avis scientifiques'', a en effet demandé via un communiqué que la France attende la prochaine évaluation du stock de thon rouge cette année avant de prendre une décision. A Bruxelles, les discussions, qui devaient avoir lieu le 6 janvier, ont été reportées, dans l'attente de la décision française.

Le rôle de la société civile ?

Face à l'immobilisme des décideurs, les ONG ont décidé d'agir de leur côté. L'association Greenpeace, par exemple, a lancé une campagne européenne afin de sensibiliser l'opinion publique et mettre la pression sur la grande distribution. L'objectif ? Encourager les grandes enseignes à ne plus commercialiser les poissons des grands fonds et/ou menacés. Ainsi, selon l'association, ''Auchan, Casino, Carrefour, Relais et Châteaux et plus de 450 grands chefs de réputation internationale'' se sont engagés à cesser de commercialiser le thon rouge. Le sort du poisson serait donc passé entre les mains de la société civile ?!

Réactions2 réactions à cet article

On scage trop les ressources de notre Planète...

C'est inadmisible qu'au point ou en est avec la pollution et épuisement de notre Planète l'on continue encore avec des practiques que l'on sait sont une massacre au point de non retour pour la biodiversité et la Terre (l'homme inclut) et ce seul pour le Business, c'est aberrant!!!
(AS)

AS | 14 janvier 2010 à 11h12 Signaler un contenu inapproprié
buisness sur le thon rouge

La firme Mitsubishi, gérant 40 % du marché mondial, fait actuellement des réserves de thons rouge congelés dans l'optique de le revendre à des prix exorbitant lorsque celui ci aura disparu (ou interdit de pêche, on peut toujours espérer !).
Cette firme a tout intérêt à retarder l'interdiction de la pêche au thon rouge, et doit surement faire pression auprès des états pour y arriver.

De la spéculation sur l'extinction des espèces ! J'en connais plus d'un qui doivent se retourner dans leur tombe.

nateko | 14 janvier 2010 à 14h25 Signaler un contenu inapproprié

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