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La position française a finalement été annoncée ce midi au ministère de l'Ecologie conjointement par Jean-Louis Borloo, ministre de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer, en charge des Technologies vertes et des Négociations sur le Climat et Bruno Le Maire, ministre de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche.
La France est favorable à l'interdiction du commerce international du thon rouge, au nom de la protection de l'espèce, avec un délai de mise en œuvre de 18 mois. ''La position française c'est de soutenir la proposition de Monaco d'inscription à l'annexe I de la Cites'', a déclaré Jean-Louis Borloo lors de la conférence de presse, tout en expliquant que le délai de 18 mois permettrait de procéder à l'analyse des stocks de cette espèce par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta) et la CITES.
L'une rendra ses conclusions en octobre prochain et l'autre en février 2011.
Cette décision est également conditionnée à ''la possibilité de maintenir une pêche côtière artisanale'', a précisé le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire. Cette pêche représente la majorité des navires et des emplois. ''C'est 180 bateaux et seulement 10% des quotas'', a rappelé Bruno Le Maire. La France demandera par ailleurs que la Commission européenne ''apporte des financements communautaires adaptés pour aider les thoniers qui ne pourraient pas poursuivre leurs activités'', a précisé M. Le Maire.
Une décision qui se veut consensuelle mais qui ne satisfait personne
Si cette décision entend préserver l'espèce et les intérêts des pêcheurs, elle ne satisfait finalement personne. Ainsi, pour Greenpeace, ''le gouvernement, et notamment Nicolas Sarkozy, qui devait arbitrer sur ce sujet, prétend jouer les sauveurs du thon rouge. On nous dit en substance : sauvons l'espèce, mais pas tout de suite !'', commente François Chartier, chargé de campagne Océans à Greenpeace. ''Le délai demandé pour mettre en oeuvre l'interdiction du commerce international est absurde : cela revient à passer à l'action après la bataille pour la survie du thon rouge !''. Du côté des pêcheurs c'est également la déception qui l'emporte. Ainsi Mourad Kahoul, Président du Syndicat des thoniers méditerranéens déclarait aux journalistes après un entretien au ministère de l'Agriculture, ''si on va à l'annexe 1, les pêcheurs ne se laisseront pas mourir […] on va vers une grosse crise''.
La position de la France sur l'inscription du thon rouge dans l'annexe I était très attendue : elle devrait entraîner une prise de position européenne, en vue de la prochaine Conférence des parties de la CITES. Si Nicolas Sarkozy s'est prononcé en faveur d'une interdiction totale en juillet dernier, suivi par le Royaume-Uni, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Autriche et l'Italie, les pays du pourtour méditerranéen, principaux concernés par la question, sont opposés à une telle décision. Selon Greenpeace, les négociations pourraient se conclure entre les 27 avant l'entrée en fonction de la nouvelle Commission, en début de semaine prochaine. Reste ensuite à convaincre les autres parties de la conférence de la CITES (175 au total) à Doha du 13 au 25 mars prochain. ''La France va soutenir l'interdiction du commerce international sur le thon rouge, mais il faut que l'Europe la propose, la décide, et ensuite qu'à Doha, il y ait une majorité qualifiée'', a commenté Jean-Louis Borloo.