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Actu-Environnement

Total lance un projet de captage et stockage de CO2 en France

Total vient de lancer la phase d'étude d'ingénierie d'un projet de captage et de stockage géologique de CO2 dans le bassin de Lacq dans le sud-ouest de la France. Les premières injections de CO2 sont prévues en novembre 2008.

Gouvernance  |    |  C. Seghier
Le groupe Total a annoncé le 8 février dernier qu'un projet de captage et de stockage géologique de CO2 allait voir le jour dans le bassin de Lacq dans le sud-ouest de la France.

Ce projet pilote consiste en une unité de production de vapeur dans l'usine de traitement de gaz de Lacq. La combustion dans cette unité sera réalisée à l'oxygène au lieu de l'air, ce qui permet d'obtenir un flux concentré de CO2 plus facile à capter. Après purification, le CO2 sera comprimé et transporté par un gazoduc sur l'ancien gisement de Rousse, à 30 kilomètres de Lacq, où il sera injecté par un puit existant, dans une formation rocheuse à une profondeur de 4.500 mètres. Le site a été choisi après des études préliminaires menées en 2006 et présentant selon le pétrolier de solides garanties de pérennité. Ce projet illustrera la contribution que le captage et le stockage de CO2 peuvent apporter à la réduction des émissions de gaz à effet de serre des installations industrielles, a souligné Christophe de Margerie, le Directeur Général Exploration-Production de Total dans un communiqué. Il représente la première chaîne intégrée de captage de CO2 par oxycombustion associée à un stockage dans un ancien gisement terrestre d'hydrocarbures.

Réalisé en partenariat avec Air Liquide qui fournit les technologies d'oxycombustion, l'Institut Français du Pétrole (IFP) et le Bureau de Recherche Géologique et Minière (BRGM), ce projet coûtera près de 60 millions d'euros. Les premières injections de CO2 sont prévues en novembre 2008, pour atteindre, selon Total jusqu'à 150.000 tonnes de CO2 en deux ans.

La combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) dans les transports, la production d'électricité et l'industrie ainsi que l'habitat, sont les principales sources de rejets de CO2 dans l'atmosphère. La capture à la source du CO2 des grands sites de production d'électricité et d'industrie lourde pour le piéger dans le sol de manière à enrayer le réchauffement climatique constitue actuellement une voie de recherche en complément d'actions d'efficacité énergétique et de diversification des sources d'énergie pour stabiliser la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.

Trois voies technologiques sont en compétition. La technique de la postcombustion (1), le principe de l'oxycombustion (2), utilisé dans le projet développé par Total et la technique de précombustion (3). Ces différentes expérimentations de captage et stockage du CO2 sont menées au niveau international notamment aux États-Unis, au Japon, en Europe et en France. La première expérience à grande échelle de stockage dans un aquifère salin a été engagée en mer du Nord où, depuis 1996, le pétrolier norvégien Statoil injecte du CO2 par an dans un aquifère salin situé sous le fond de la Mer du Nord (4). Le gaz naturel exploité est essentiellement constitué de méthane mais contient aussi de 4 à 10 % de CO2. Pour respecter les critères de vente, le gaz naturel doit être traité pour diminuer sa teneur en gaz carbonique à 2,5 %. Cette opération est réalisée en offshore. Le gaz naturel produit est acheminé sur une autre plate-forme pour en extraire le CO2 (procédé d'absorption par des amines). Ce dernier est alors directement injecté dans le plus grand aquifère salin local, à près de 1000 mètres sous le plancher océanique, dans la formation des sables d'Utsira. Chaque année un million de tonnes de CO2 est enfoui dans le sous-sol marin, au lieu d'être rejeté dans l'atmosphère comme cela se pratique habituellement. Les frais d'injection sont compensés par l'existence en Norvège d'une taxe sur les émissions de CO2 offshore.
En Pologne, le projet européen Recopol (5) vise à stocker du CO2 dans une veine de charbon. Dans le cadre du projet européen Castor (6), coordonné par l'IFP et financé à hauteur de 8,5 M€ par la Commission européenne (6eme PCRD), la technique de la postcombustion, qui s'intègre aux installations existantes en prélevant le CO2 au niveau de la cheminée des usines, est expérimentée au Danemark pour tenter de diminuer le coût de capture du CO2 car d'importants progrès apparaissent nécessaires pour rendre la filière économiquement attractive. L'objectif stratégique du projet Castor est de permettre à terme la capture et le stockage géologique de 10 % des émissions européennes de CO2, soit 30 % des émissions des installations industrielles de grande taille (centrales électriques thermiques principalement).

Un rapport spécial du GIEC (Groupe International d'Experts sur le Climat) diffusé en septembre 2005 a examiné le rôle que peut jouer le captage et le stockage du CO2 dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ce rapport a montré que ces technologies pourraient abaisser de 30 % ou plus le coût de la lutte contre les changements climatiques. De plus, le stockage du CO2 dans des formations géologiques pourrait représenter 15 à 55 % de la totalité des réductions d'émissions requises (entre 220 et 2 200 milliards de tonnes de CO2) d'ici à 2100 pour pouvoir stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.

Aujourd'hui toutefois, cette technologie se heurte d'une part, à des coûts relativement élevés dont le montant global comprenant le captage, la compression, le transport et le stockage, est évaluée entre 40 et 70 $/t de CO2 et d'autre part, à l'incertitude concernant le comportement du CO2 dans les structures géologiques pendant des milliers d'années. Une fois séquestré, le principal risque est la fuite du CO2, accompagnée d'une pollution locale due à un taux de CO2 excessif.

(1) La post-combustion, technique la mieux maîtrisée des trois mais aussi la plus coûteuse, convient aux installations existantes. Elle consiste à séparer le CO2 contenu dans les fumées de combustion, le plus souvent, par l'usage d'un solvant liquide tel que la Mono Ethanol Amine (MEA).

(2) L'oxycombustion, encore au stade de démonstration, permet de produire un gaz de combustion très concentré en CO2 (de 80 % à 90 % en volume) et pourrait être adaptée aux installations existantes. Pour cela, la combustion doit avoir lieu avec de l'oxygène au lieu de l'air habituellement utilisé, la principale difficulté étant la production d'oxygène par séparation d'air. Cette étape de séparation de l'oxygène de l'air étant particulièrement coûteuse, la voie de la « Boucle chimique » est envisagée. Cette dernière se fonde sur l'apport d'oxygène par réaction sur oxyde métallique, c'est-à-dire sur utilisation d'un ion métallique tel que de la limaille de fer pour transporter l'oxygène de l'air vers le combustible.

(3) Les techniques de pré-combustion prévoient le captage du carbone en amont des installations avant toute combustion. On parle aussi de décarbonisation. Il s'agit de transformer le combustible fossile en hydrogène, en isolant au passage le CO2. Pour cela, le combustible est transformé en gaz de synthèse, constitué par un mélange de CO et d'hydrogène par vaporéformage en présence d'eau ou par oxydation partielle en présence d'oxygène. Puis le CO présent dans le mélange réagit avec l'eau pour former du CO2 et de l'hydrogène. Le CO2 est alors séparé de l'hydrogène dans de bonnes conditions et l'hydrogène peut être utilisé pour produire de l'énergie sans émission de CO2. Il s'agit toutefois d'une technologie complexe dont le rendement global est encore médiocre. Des progrès technologiques sont nécessaires pour améliorer les rendements à chaque étape du traitement en amont de la combustion et pour mettre au point des turbines spécifiques adaptées à la combustion hydrogène.

(4) http://www.statoil.com/statoilcom/SVG00990.NSF/web/sleipneren?opendocument

(5) http://www.nitg.tno.nl/eng/projects/recopol/index.shtml

(6) http://www.co2-castor.com/

Réactions10 réactions à cet article

Fuite en avant

Quel est le surplus energétique minimal entrainé par les opérations de séparation, transport et injection du CO2 en profondeur ? .Le rendement des centrales électriques au charbon de l'ordre de 40% va t'il chuter en dessous de 30% ?
De plus qui peut garantir la pérennité du stockage d'un liquide ou d'un gaz en profondeur pendant des durées qui se chiffrent en siècles ?
Tout cela pour poursuivre cette abjecte boulimie énergétique !!!

Anonyme | 13 février 2007 à 12h47 Signaler un contenu inapproprié
Folie furieuse!

La première réaction s'appelle "Fuite en avant" et elle est bien nommée. Pour moi, c'est pire que cela c'est même de la folie furieuse. L'intellect humain qui a déjà produit la désastreuse pollution au CO2 veut maintenant encore "contrôler" la chose en préparant une nouvelle catastrophe, pour ne s'en apercevoir qu'au bout de plusieurs décennies. Comme si cela ne suffisait pas de vouloir enfouir les déchets radio-actifs! Albert Einstein a pourtant dit que l'attitude mentale à l'origine d'un problème est incapable de résoudre ce problème. Elle ne peut qu'en créer d'autres! C'est de paradygme dont il faut changer, donc mener une autre vie, mais cela les technocrates ne semblent pas prêts de le faire... Comme s'il y avait moyen de fuir les conséquences toujours plus graves d'actes toujours plus irresponsables. C'est franchement dément.
En plus de gérer les déchets radio-actifs, nos descendants (s'il y en a!) devront aussi gérer le CO2 qui, de façon intempestive, remontera à la surface... Et puis quoi encore!?!

Vivre Mieux | 14 février 2007 à 20h12 Signaler un contenu inapproprié
Re:Folie furieuse!

N'importe quoi !!!!!!
Qie est-ce qui décide des choses pareilles?

Je signale en passant que si le co2 augmente ce n'est pas tant qu'on en émet trop mais c'est aussi parce qu'on en recycle de moins en moins.

Les marchands d'énergie ne sont pas innocent. Ils participent à la surexploitation des nappes phréatiques et si possible de plus en plus profond pour vendre un max de KW
L'asséchement des sols qui fait que les déserts s'aggrandissent est une décroissance végétale qui manque au recyclage du cO2
Au lieu de vouloir attraper le co2 avec des tapettes à mouches ,Total ferait mieux de me donner l'argent pour développer la gestion globale de l'eau pour faire reculer les déserts.

jeandb | 14 février 2007 à 23h31 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Folie furieuse!

bonjour!

il nous semble que vous touchez du doigt la révitable problématiques des causes du réchauffement ee la planète et des changements climatiques
oui l'achessement des sols qui, d'aileurs a commencé depuit des lustres, dont la conséquence c'est les superficies desertiques que l'on connait de nos jours et comme vous le dites s'aggrandissent avec bien entendu une décroissance végétale qui punit les séquestrations du co2
selon des études que nous avons trouver sur internet l'injection du co2 dans les entrailles su sol ne serait pas la meilleur solution car disent-ils l'on ne sait pas de quoi il en retourne ou encore quel en serait les effets?
nous sommes l'association civile qui a préconisé le reboisement du sahara par le biais de la création de puit de carbone
cette action peut arranger beaucoup de monde et en particulier les ONG et les investisseurs pour peut que ces derniers ne rejettent pas la formule et par voix de conséquence la prendrait en charge au plan financier mais dont la gestion devrait impliquer les ONG localement choisies
le président de l'association "reboiserlesahara@yahoo.fr

DAOUD | 15 février 2007 à 09h22 Signaler un contenu inapproprié
A quel coût ? Pour quel pourcentage d'émission ?

Cette solution est-elle économiquement rentable ?
Cette solution apporte-t-elle une vraie solution en terme de quantité réinjectée ?

D'une part on annonce que le projet coûtera 60 millions d'euros et permettra d'injecter 150.000 tonnes de CO2 :
" Soit un coût de 400 euros/tonne de CO2 pour ce projet ".

D'autre part l'article mentionne que cette technologie se heurte à des coûts relativement élevés de 40 à 70 $/tonne soit 31 à 54 euros/tonne.
CE PROJET de Lacq coûte 10 fois plus cher à la tonne !!!!! ???

CHERCHEZ L'ERREUR.

Un rapport (en anglais) "Geologicla Storage of CO2 (GESTCO) from Combustion of Fossil Fuel" réalisé avec le financement du 5ème PCRD Project N° ENK6-CT-1999-00010 publié en novembre 2004 est clair sur ce sujet :

""The GESTCO study capture cost anlysis result in a range from 25 to 52 euro/tonne CO2 ...// ...
Reallistically, CO2 capture and storage would only be able to provide limited contributions toward the fulfilment of the KYOTO Agreement - mainly because of the time constraints.""

A 400 euro/tonne on est très loin de résoudre économiquement ce problème.

Et avec 75.000 tonnes/an de CO2 injecté le projet apporte quantitativement une solution liliputienne par rapport aux 450 millions de tonnes de CO2 émises en France, puisque cela représente 0.17 % des émissions en France.

Il me semble qu'il faille chercher " ailleurs d'autres solutions " pour réduire les émissions de CO2 et l'augmentation de sa concentration dans l'atmosphère!

Jean Ogier

ogier.jean | 15 février 2007 à 11h15 Signaler un contenu inapproprié
Réduction à la source...

Tout a fait d'accord avec le message précédent.... BOULEMIE ENERGETIQUE !!!

Le premier principe en environnement n'est il pas celui de la REDUCTION A LA SOURCE ??

Et puis TOTAL qui lutte contre le réchauffement climatique.... MYSANTHROPE maintenant ??? laissez moi rire !!!

Jules | 17 février 2007 à 16h31 Signaler un contenu inapproprié
Bilan de l'opération finale totale?

Qui veut gagner des millions?. Quelle est l'énergie nécessaire pour conditionner et injecter le CO2. L'enfouissement de biomasses agricoles et forestières à 1 m de profondeur même pour pour une plus courte durée coûterait bien moins cher et enrichirait le sol en humus. mais bof:

moulin | 09 décembre 2008 à 00h14 Signaler un contenu inapproprié
Re:Bilan de l'opération finale totale?

bonsoir mais ou habite vous , quelle ville , quel lieu merci

rouse | 20 décembre 2008 à 22h38 Signaler un contenu inapproprié
Bizarre

Bonjour,
Savez vous que j'utilise du dioxyde de carbone dans mon aquarium, pour faire pousser les plantes.
Savez vous que dans les serres de concombres et de tomates, les professionnels enrichissent l'air de dioxyde de carbone.
Les végétaux utilisent le dioxyde de carbone de l'air pour fabriquer leur matière (feuille, tige, racine etc...). Ce phénomène s'appelle la photosynthèse et se passe à la lumière.
Je veux bien croire que nos sociétés fabriquent beaucoup de dioxyde de carbone, qui est un déchet de la respiration des êtres vivants.
Mais je sais aussi que les végétaux ont toujours été les capteurs naturels du dioxyde de carbone.
Est ce qu'il ne serait pas plus simple de planter, planter et planter, d'arrêter la destruction des forêts. Je vois qu'on utilise encore des chênes pour le bois de chauffage (arbre à croissance très lente).
Je crois savoir que la forêt amazonienne est détruite !
On voit bien que lors de la construction d'un lotissement , les espaces natures ne sont pas plantés en arbre, qui sont meilleurs capteurs de dioxyde de carbone que les plantes ou les arbustes.

Je me demande pourquoi l'orientation de stocker le dioxyde de carbone a été prise ? Je trouve que cela n'est pas logique. ( Vous devez traverser une rivière, vous avez une carte de la région qui vous indique un pont , mais vous demandez à ce qu'on vous construise un bateau ! )
A moins que ce ne soit pas l'intention première.
Ces zones de stockage pourraient par la suite, stocker autre chose, des gaz toxiques par exemple: monoxyde de carbone,gaz soufré etc...
Je me demande ce qui ce cache derrière cette intention de stockage du dioxyde de carbone.
Bonne réflexion.

tgvevb | 30 mai 2009 à 08h37 Signaler un contenu inapproprié
Gachis en perspective

Serais curieux de connaitre l'énergie nécessaire pour la réinjection du CO² sous pression dans le sol.
Comme dans l'idée que le bilan ne doit pas être bon
à vue de pif, on brulera 6 tonnes au lieu d'une
pendant que partout les torchères continuent à bruler sans récupération d'énergie des quantités de gaz

Georges | 24 février 2010 à 17h55 Signaler un contenu inapproprié

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