
Pascal Guiraud : Les nanoparticules sont de nouveaux objets pour la science même s'il en existe dans la nature. Leur particularité est qu'elles mesurent moins de 100 nanomètres, c'est-à-dire qu'elles sont 10.000 fois plus petites que l'épaisseur d'un cheveu. Leur surface extérieure est très grande par rapport à leur volume, ce qui peut s'avérer intéressant du point de vue des propriétés. La microélectronique s'y intéresse pour leurs propriétés de stockage, la parapharmacie et les cosmétiques comme vecteur de médicaments. Aujourd'hui, des recherches sur ce sujet ont été entamées dans de nombreux domaines dans le monde entier.
De nombreux travaux sont également menés pour déterminer la dangerosité des nanoparticules. Contrairement à ce qui s'est passé avec le développement des produits chimiques, les problèmes que peuvent poser les nanotechnologies sur la santé et l'environnement sont traités très tôt.
Notre équipe ne travaille pas directement sur les nanoparticules mais sur la recherche de solutions au danger potentiel qu'elles peuvent représenter en fin d'usage. Notre raisonnement est simple : si de nombreuses recherches sont en cours aujourd'hui sur les nanoparticules, celles-ci vont être produites en quantité importante dans les prochaines années. Il y a un risque que nous en retrouvions dans les effluents d'usine, dans l'eau potable… Nous avons souhaité anticiper un éventuel problème, être prêts à proposer un traitement le jour où il s'avère que les nanoparticules peuvent constituer un danger pour l'homme et/ou l'environnement.
A.E : Il s'agit d'anticiper le risque de pollution en agissant à la source ?
PG : Le but de nos travaux est de concevoir des installations capables d'éliminer les nanoparticules de l'eau et des liquides. Nous avons imaginé plusieurs solutions dérivées des procédés classiques de traitement de l'eau. Nous n'inventons rien ! L'une des pistes porte sur les dérivés de coagulation. Il s'agit de faire en sorte que les particules s'agglomèrent entre elles pour pouvoir ensuite les évacuer. Mais cette solution nécessite l'utilisation de produits chimiques. La deuxième solution porte sur le principe de flottation. Il s'agit alors d'éliminer les particules avec des bulles.
La difficulté réside dans le fait que nous travaillons sur des objets nouveaux pour la science. Nous devons appliquer un certain nombre de précautions au niveau de la manipulation, ce qui engendre des coûts de recherche non négligeable. Autre frein : le coût de certaines nanoparticules est également très élevé. Enfin, si le procédé que nous souhaitons mettre en œuvre existe déjà dans le traitement de l'eau, il s'agit ici de le reproduire à petite échelle, ce qui est moins évident.
AE : Vos travaux semblent attirer l'intérêt…
PG : A l'origine, nos travaux ont été financés par l'INSA et les universités de Toulouse et par la région Midi Pyrénées, puis par le CNRS. Aujourd'hui nous allons intégrer notre travail à un programme national avec l'Agence Nationale de Recherche. Nous démarrons ce programme en 2009 pour 3 ans.
Nous sommes une équipe de 5 personnes. Plusieurs laboratoires toulousains sont associés à nos travaux. Dans le prochain programme nous serons associés à d'autres laboratoires français. Cet aspect collaboratif est important et un peu remarquable dans le monde de la recherche !