
Cette initiative industrielle baptisée Desertec a depuis grandi en maturité et en crédibilité. La société DII GmbH qui aura pour objectif d'accélérer la mise en œuvre du projet a été officiellement créée en novembre 2009. Elle est en train de réaliser les études de faisabilité. Par ailleurs, de nombreuses sociétés ont rejoint le projet soit en tant qu'associé comme Saint-Gobain-Solar (France), Enel Green Power (Italie), Nareva Holding (Maroc) et RED Electrica (Espagne) ou en tant que partenaires (First Solar, IBM Deutschland ou encore Terna Energy). Plus récemment la société Concentrix Solar, fournisseur de systèmes photovoltaïques à concentration (CPV), division de la société française Soitec a également annoncé avoir rejoint le consortium.
Certaines institutions politiques et gouvernementales ont elles aussi décidé d'y apporter leur soutien. Le Ministère allemand de l'économie a par exemple annoncé l'établissement d'une ''task force'' chargée d'élaborer une stratégie de soutien pour la construction et le transfert technologique des centrales solaires thermiques à concentration.
Construction d'un réseau de transport d'électricité sous la Méditerranée
Récemment, un autre consortium industriel susceptible de compléter le projet Desertec a vu le jour : l'initiative française Transgreen. Son objectif est de construire un réseau sous-marin de transport d'électricité entre l'Afrique et l'Europe. Officiellement présenté au Caire fin mai dans le cadre d'une réunion des ministres de l'énergie des 43 pays membres de l'Union pour la Méditerranée, le projet Transgreen s'inscrit dans le cadre du Plan Solaire Méditerranéen, qui prévoit la construction de capacités de production d'électricité de source renouvelable notamment solaire, de 20 gigawatts (GW) à horizon 2020. ''Les investissements sur les projets d'énergie solaire dans la zone de l'Union pour la Méditerranée ne pourront éclore et se développer que s'ils s'accompagnent de nouvelles infrastructures de transport et d'interconnexion reliant les sites de production entre eux et vers l'Europe'', explique le consortium.
À l'heure actuelle, un seul câble de courant alternatif de 1.400 MW relie l'Afrique à l'Europe via le détroit de Gibraltar. Le projet Transgreen envisage par conséquent de renforcer cette liaison Maroc-UE, de relier l'Algérie à l'Espagne et à la Sardaigne, la Tunisie et la Lybie à l'Italie et l'Egypte à la Grèce. À l'instar du projet Desertec, ces nouvelles liaisons pourraient s'appuyer sur la technologie des lignes à Courant Continu Haute Tension (CCHT). Selon les développeurs de Desertec, ce type de lignes permettrait de transporter le courant avec des pertes inférieures à 3% par 1.000 km de distance et ne produirait presque aucune pollution électromagnétique, contrairement aux lignes classiques à courant alternatif.
Transgreen envisage de débuter un premier projet démonstrateur de liaison Maroc-Union Européenne dans le cadre du Plan solaire marocain. Ce plan prévoit la construction d'une capacité de production électrique utilisant l'énergie solaire de 2GW entre 2015 et 2019 sur cinq sites : Ouarzazate, Ain Bni Mathar, Foum Al Oued, Boujdour et Sebkhat Tah.
Le consortium Transgreen compte aujourd'hui une quinzaine d'actionnaires industriels dont le fabricant de câbles électriques Nexans, l'industriel allemand Siemens, EDF et RTE, d'autres devraient suivre.