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Décarbonation de la logistique : de multiples leviers testés et approuvés par les acteurs du secteur

Particulièrement émetteur de gaz à effet de serre, le secteur du transport et de la logistique ne manque pas de pistes à explorer pour améliorer son bilan. Les résultats de ses acteurs les plus engagés le prouvent.

Transport  |    |  N. Gorbatko
Décarbonation de la logistique : de multiples leviers testés et approuvés par les acteurs du secteur

Pas moins d'un million de tonnes équivalent CO2 économisées en 2022 : c'est le bilan affiché par les 2 440 entreprises engagées dans le deuxième programme Eve (Engagements volontaires pour l'environnement – transport et logistique), présenté mardi 7 février, lors du Rendez-vous du transport et de la logistique éco-responsables. Destiné aux chargeurs, transporteurs et commissionnaires, ce programme d'accompagnement porté notamment par l'Agence de la transition écologique (Ademe) est inscrit dans le dispositif des certificats d'économies d'énergie (CEE).

Il a été reconduit en 2021 par l'État. Son nouvel objectif pour 2023 : permettre à ses participants de totaliser une économie de trois tonnes équivalent CO2 en un an, sensibiliser 6 900 établissements, en accompagner 2 000 et labéliser 940. Les leviers à actionner pour parvenir à ce résultat sont nombreux et se combinent généralement.

Moins de kilomètres parcourus par véhicule

Trois cibles, trois outils

Le programme Eve comporte trois volets, correspondants aux trois publics visés. Le dispositif Objectif CO2 s'adresse aux entreprises de transport et à celles qui disposent d'une flotte de véhicules en compte propre. Il leur propose une cCharte de progrès et un label de valorisation des entreprises les plus performantes. EVcom accompagne les commissionnaires de transport dans la réduction de leur impact environnemental. FRET21 est destiné aux entreprises agissant en qualité de donneurs d'ordres pour mieux intégrer l'impact des transports dans leur démarche RSE.
Le plus simple à mettre en œuvre, dans un premier temps, consiste sans doute à réduire le nombre des kilomètres parcourus, en optimisant les tournées, d'une part, en améliorant le remplissage des camions, d'autre part. Afin d'éviter au maximum les retours à vide de ses 200 cars, l'entreprise de transport de voyageurs Linevia, par exemple, passe leurs trajets au peigne fin, via un logiciel de géolocalisation. Résultat : 120 000 kilomètres ont pu être retranchés de son total en un an. En procédant de même pour ses 25 camions, le grossiste en boissons Milliet a également réduit de 25 % les distances quotidiennes de chacun de ses livreurs. Aujourd'hui, il cherche lui aussi à améliorer ses flux de retour en développant la consigne chez ses fournisseurs.

Le distributeur Boulanger, pour sa part, est allé jusqu'à ouvrir un quatrième entrepôt pour approvisionner ses 26 magasins. Pour chacun, il est ainsi passé d'un parcours moyen quotidien de 280 à 180 kilomètres. Prochaine étape : accentuer ses efforts sur le chargement des camions. « Rehausser la hauteur de nos palettes devrait nous permettre d'économiser, au minimum, le déplacement de 1 200 camions », a estimé Claude Finet, responsable conformité, process et RSE de l'enseigne, lors du Rendez-vous du transport et de la logistique éco-responsables. En parallèle, afin d'optimiser ses livraisons, chez ses clients cette fois, Boulanger commence à les sensibiliser sur l'opportunité d'opter pour un délai de livraison plus long, peut-être, mais aussi plus vert. Cette démarche deviendra obligatoire à partir du 1er janvier 2024, pour tous les sites marchands.

Une consommation de carburant réduite

Une fois sur la route, il est toujours possible de diminuer la consommation des véhicules : en réduisant le poids du matériel ou en vérifiant la pression des pneus, mais aussi par le biais d'une conduite plus sobre. Nombre de transporteurs forment ainsi leurs chauffeurs à l'écoconduite. Chez Linevia, cet apprentissage se met en place au moment de l'intégration d'un nouveau conducteur, grâce à l'intervention d'un tuteur. Il est renouvelé tous les dix-huit mois afin de maintenir ces bons réflexes dans la durée. De quoi gagner jusqu'à trois litres de carburant par 100 kilomètres, selon François Herviaux, P-DG de l'entreprise. Une bonne habitude à conserver aussi avec les biocarburants, afin de préserver les ressources, souligne-t-il.

Avantage de cette pratique, outre les économies de carburant : elle allonge aussi la durée de vie du matériel, tout en allégeant dans le même temps son empreinte carbone. Chez le transporteur Stef, spécialisé dans l'agroalimentaire, cette formation se complète par ailleurs d'une deuxième sur l'utilisation optimale des groupes froids, autre source d'économies du carburant : gestion de l'ouverture des portes, remplissage, branchement sur le réseau électrique quand c'est possible…

Moins de fossile, plus d'énergie verte

Autre piste à explorer : celle des biocarburants, bioGNV, biogazole en particulier. Grâce à ce choix, Linevia espère pouvoir décarboner près de 30 % de ses trajets l'année prochaine. À peu près autant que le logisticien XPO. Une option que Boulanger attend désormais de ses prestataires. Mais basculer ainsi d'une culture mono énergie, le gazole, vers une approche multiénergie n'a rien de simple. Non seulement l'offre du marché doit être à la hauteur, mais les collaborateurs chargés de l'approvisionnement ou du commercial doivent avoir été formés au sujet et savoir convaincre leurs clients. « Il nous faut pouvoir les conseiller sur toutes les énergies disponibles, mais ce sont eux qui font leur choix, explique Bruno Kloeckner, directeur général d'XPO Logistics France. Il y a deux ans, personne ne parlait de bioénergies… » Les techniciens responsables de maintenance doivent aussi pouvoir prendre en charge cette nouvelle donne.

Enfin, même si le passage à la motorisation électrique coûte cher et ne s'avère pas forcément pertinent pour tous les trajets, certains misent malgré tout sur cette alternative, comme XPO pour livrer l'hyperurbain. Ce dernier vient ainsi de passer une commande ferme pour une soixantaine de véhicules de ce type, en plus de 35 autres en commande ouverte. Mais toutes les petites entreprises ne pourront pas forcément l'imiter. « Il faudrait leur faciliter l'accès aux financements », juge Bruno Kloeckner.

Le report modal à petite vitesse

Le report modal vers le rail ou le fleuve pourrait représenter une nouvelle source d'économies d'énergie et de carbone. Aujourd'hui, c'est déjà le cas pour Franprix. L'enseigne se fait livrer tous les jours ses marchandises par voie fluviale, sur le quai de la Bourdonnais, à Paris. Un projet vertueux qui intéresse beaucoup d'acteurs du secteur, mais qui s'avère complexe. « Il nous a fallu plus de deux ans pour lui permettre de voir le jour », souligne Bruno Kloeckner, qui le gère pour l'enseigne.

Censé être multiplié par deux en 2030, le combiné rail-route n'est pas plus facile d'accès. La société Alexis Déménagement privilégie au maximum ce mode de transport. Dans ce but, son réseau dispose de 850 caisses mobiles et de véhicules adaptés. Mais sa dirigeante, Aurélie Alexis, se heurte souvent au manque d'infrastructures. « En 2008, le réseau des déménageurs bretons arrivait à faire 20 % de ses déménagements par ce moyen, ce qui correspondait à 11 000 tonnes de CO2 en moins. Aujourd'hui, ce n'est plus possible : beaucoup de terminaux ferroviaires ont été fermés », regrette-t-elle.

Économies de ressources

En complément de ces mesures, il est également possible d'actionner le levier de la durabilité et de la réparabilité. Rompant avec son modèle traditionnel de rotation de flottes sur trois ans, XPO Logistics France prolonge désormais la durée de vie de ses camions. En 2022, le logisticien a remis en état presque 300 véhicules et envisage de poursuivre cette année avec 150 de plus. Entre 2019 et 2021, l'entreprise Stef a réduit de 13 % ses émissions de gaz à effet de serre. Pour la même période, XPO affiche un résultat de moins 26 %. Quant à Boulanger, il a totalisé moins 13 % d'émissions pour 2021. Outre le dispositif EVE et un programme « accélérateur » de Bpifrance en cours de lancement, toutes ces démarches pourront bientôt être accompagnées dans le cadre de la certification Iso 14083, en cours de finalisation pour le mois de mars prochain, relative à la quantification et à la déclaration des émissions de gaz à effet de serre résultant des opérations des chaînes de transport.

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