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Gratuité des transports publics : une fausse bonne solution ?

Si la gratuité des transports en commun paraît intéressante pour inciter à une plus grande fréquentation, dans la réalité, cette mesure n'aurait que peu d'impact. Une amélioration de l'offre et de la qualité de transport serait plus efficace.

Transport  |    |  S. Fabrégat
   
Gratuité des transports publics : une fausse bonne solution ?
   
Depuis le 28 août, Libourne (Gironde) a opté pour la gratuité des transports publics. Après Aubagne et Châteauroux, c'est la treizième ville française à passer le cap. Elle espère ainsi augmenter la fréquentation de son réseau, de 350.000 voyages par an à ''au moins 400.000'' (pour 24.000 habitants). Cette décision coûterait entre 170.000 et 200.000 euros, mais elle ne devrait pas peser sur les impôts locaux. La municipalité devrait réorienter le prélèvement transports collecté auprès des entreprises de plus de 9 salariés (''taxe transports''), et jusqu'alors consacré aux travaux de voirie.

Si la gratuité des transports paraît a priori être une bonne idée pour inciter les Français à abandonner leur voiture au profit des transports en commun, des études montrent que cela ne change pas radicalement la donne sur le moyen et long terme. La qualité de l'offre constituerait un meilleur levier. Or, la gratuité pose la question des financements, au moment où de nombreuses collectivités locales recherchent de nouveaux montages financiers ou de nouvelles ressources.

Pas de hausse flagrante de la fréquentation des transports avec la gratuité

''A très court terme, la gratuité des transports en commun peut faire exploser la fréquentation qui diminue ensuite'', notait le programme de recherche et d'innovation dans les transports terrestres (Predit) en 2006 dans un rapport qui étudiait justement le lien entre gratuité des transports publics urbains et report modal. ''En comparant des villes avec des transports en commun payants d'une taille voisine de celles pratiquant la gratuité, on constate qu'il n'y a pas de corrélation directe entre niveau de prix et usage'', poursuit le rapport. C'est seulement accompagnée de mesures (politique de stationnement, voies de circulation spéciales) que la gratuité aurait réellement un impact sur la fréquentation. ''L'impact est alors plus fort et bien illustré par Châteauroux puisque gratuité et amélioration de l'offre sont intervenues à deux moments différents et expliquent chacune 50 % de l'augmentation de la fréquentation'', note l'étude.
Mais cette amélioration engendre des coûts supplémentaires. Or, la gratuité prive les organisateurs des transports d'une partie des recettes. ''Dans la plupart des villes, la priorité serait davantage de développer le réseau et l'offre de transport. C'est l'avis de ceux qui ont des transports en commun payants, ou ont abandonné la gratuité'', comme Castellón (Espagne) qui a appliqué la gratuité de 1990 à 1997 ou Bologne (Italie) de 1973 à 1977. La qualité de l'offre (amplitude, fréquence, régularité…) serait davantage déterminante dans une augmentation de report modal.

20 % de recettes en moins en moyenne

En France, les usagers contribueraient en moyenne à 20 % des dépenses d'exploitation et d'amortissement des réseaux publics de transport. Les 80 % restant sont pris en charge par les collectivités locales, provenant de trois ressources principales : les subventions croisées d'autres activités économiques, les contributions des bénéficiaires indirects imposées par la loi et la subvention publique. Châteauroux comme Libourne ont pu faire le choix de se couper des recettes opérationnelles car ces villes profitent de recettes du versement transport supérieures à la moyenne (65 % de plus pour Libourne).
Mais à l'heure où les collectivités souhaitent améliorer leur offre de transport, celles-ci auraient plutôt tendance à rechercher de nouvelles ressources ou de nouveaux montages financiers. Parmi les solutions envisagées, la mise en place de péages ou une plus grande participation des bénéficiaires indirects des transports publics (entreprises, tourisme…).
Les partisans de la gratuité des transports en commun arguent cependant que les autres modes de déplacement (entretien du réseau routier notamment) sont pris en charge par la collectivité (via l'impôt) et non par les usagers.

Le juste prix des transports

Selon la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT), ''le prix du ticket ou de l'abonnement ne veut rien dire en soi (dès lors que les ménages à très faibles revenus disposent d'une tarification adaptée) : il faut le comparer au coût d'usage de la voiture (0,3 €/km pour un kilométrage moyen de 13.000 km selon l'étude du cabinet ADETEC, un coût sous-estimé par la plupart des automobilistes, qui ne prennent en compte que le coût du carburant et de l'entretien, soit le tiers)''. Et d'illustrer ses propos par l'exemple d' ''un salarié habitant à 10 km de son lieu de travail et s'y rendant en voiture. Il parcourt 20 x 225 km = 4 500 km par an et dépense ainsi 1.350 €, une somme très supérieure au prix d'un abonnement sur un réseau de transport urbain (480 € selon l'Union des transports publics et ferroviaires), qui de plus est dorénavant remboursé à 50 % par l'employeur''.
En France, la somme totale dépensée par les ménages pour les transports atteint 147 milliards d'euros, dont 126 milliards d'euros pour les modes individuels de transport et 20,6 milliards d'euros pour les transports en mode collectif, dont 3,5 milliards d'euros en transports urbains de voyageurs. ''Ainsi un ménage moyen consomme énormément plus pour sa voiture individuelle, que pour le train, ou le transport collectif urbain. Le défi est donc de faire en sorte qu'une partie des dépenses consenties pour l'automobile par les ménages se reporte vers les transports collectifs'', conclut la fédération.
Une enquête quantitative menée par l'Institut wallon d'études, de recherches et de formation (IWERF) en mai 1996 montrait que l'un des freins à la fréquentation des transports en commun était leur mauvaise image auprès des citoyens. ''Considéré comme une obligation, son usage ne suscite aucun plaisir. [Au contraire,] la voiture représente l'espace privé par excellence''.

La question du prix des transports en commun serait donc plus une question de perception. Elle relèverait néanmoins d'un juste équilibre. En Grande-Bretagne, la hausse des tarifs des transports aurait entraîné une baisse des parts de marché et de la qualité de service des transports publics. Au contraire, un prix bas induirait une hausse de la fréquentation qui compenserait la diminution du prix, comme à Genk (Flandre) où l'augmentation de la fréquentation a compensé dans le même rapport (50 %) la diminution du prix.

Réactions7 réactions à cet article

A reflechir

C'est une étude qui pousse à la reflexion.... le monde n'est pas aussi simple que les ideologies. Ceci étant le transport public reste un element essentiel d'une politique de prevention de l'environement. Comment pousser nos concitoyens à mieux l'utiliser ?
Faires des obstacles en ville pour la circulations des voitures particulieres ? - suppression ou non creation des parkings publics ? Taxe peage comme dans les pays scandinaves y compris sur les routes comme cela se fait en Norvège ? il Faut chercher

Jean-Marie | 15 septembre 2010 à 10h53 Signaler un contenu inapproprié
Deux cas parmi d'autres

Je connais une personne habitant la Rochelle. Voici son témoignage :
"....pour aller en Centre Ville, c'était gratuit, je prenais le bus. Maintenant, il faut payer, je reprends ma voiture...."
Le CERTU devrait préciser son étude qui contredit un autre témoignage, recueilli à Saint-Etienne, après la mise en place de la 2ème ligne de tramway.
"... c'est plus cher qu'en voiture, je ne prends pas le tram...."
Je suis peut-être tombé sur 2 exceptions qui confirment la règle, mais j'en doute

Michou | 16 septembre 2010 à 06h45 Signaler un contenu inapproprié
gratuité des transports urbains

il serait souhaitable pour les responsables qui s'interrogent sur cette question de consulter la thèse de doctorat d'Etat de Pierre Merlin ex-Directeur de l'I.A.U.R.P,(voir à l'université de Paris 8) qui préconisait déjà il y a plus de vingt ans cette importante réforme pour améliorer la situation en Région parisienne.
Salutations environnementales
Fermen

fermen | 16 septembre 2010 à 09h37 Signaler un contenu inapproprié
gratuité des transports

bonjour
cette étude est intéressante et montre que le prix n'est pas le seul à jouer sur la fréquentation. Quand on compare les coûts, on prend en compte ce qui est visible, les coûts monétaires. Il faut aussi penser aux coûts cachés de l'automobile et qui ne sont pas monétarisés et qui restent souvent à la charge de la collectivité. Il s'agit de la pollution, du bruit, des conséquences des accidents de la route sur la Sécurité Sociale. En prenant en compte l'ensemble des paramètres, on pourrait assurer que la gratuité des transports publics est plus favorable à la collectivité qu'on le laisse entendre.

Patric | 16 septembre 2010 à 09h49 Signaler un contenu inapproprié
Efficacité des transports en commun

Personnellement je suis plutôt d'accord avec cette étude. Ayant habité à Lyon, je préférais laisser ma voiture sur le parking peu importe le coût des transports en commun (et je signal que je ne suis pas cressus). Les critères déterminants étaient la fréquence (attendre 30 mn parce qu'on a raté le bus c'est gonflant). L'amplitude : sortir le soir avec un réseau qui cesse de fonctionner entre 00h00 et 0h30 alors que les bars ferment à 1h00 (au plus tôt), la même chose avec les concerts, choisir les transports en commun c'est prendre le risque d'être obligé de rentrer à pied.
La fiabilité est un bon critère mais moindre, il joue sans doute pour la sncf mais pour les transports en commun je me suis toujours débrouillé et pas forcément avec la voiture.
L'extension et la densité du réseau rejoint les critères précédents.
Salutations environnementales.

prometheegaulois | 17 septembre 2010 à 08h59 Signaler un contenu inapproprié
Re:gratuité des transports

Tout à fait de votre avis, puisquà titre expérimental et d'essais, des différents aspects de prototype, l'expérience sur du long terme dans le temps s'avère des plus rentables à plusieurs niveaux; le tout est de bien équilibrer la balance dépense et intérêts pour le public puisque c'est le premier concerné. La résultante est toujours favorable pour le dénominateur commun.Tout les paramètres assemblés nous font bien distingués le bien fondé pour la société du futur, une simple carte à puce, ou magnet à insérer dans les machines robots pour signifier votre présence,vous montez à bord, votre présence est bien visible par l'oeil électronique(surveillance secure),il vous affirme la garantie d'être bien à bord. Toute les échelons sociétales gagnent ainsi sur différents plans et la qualité de vie s'en ressent avec évidemment à la clé un gain de temps appréciable à utiliser selon les besoins de chacun !!!. Pour la vie privé , les loisirs,rêver,lire,écrire, etc... La méthode nous fait gagner un temps pécieux.

lisa | 18 septembre 2010 à 05h43 Signaler un contenu inapproprié
transports en commun .privé ou public.

Pour le vivre au quotidien, avec l'adaptation, l'usage,l'observance ainsi que l'observation,nous sommes confronter en quasi permanance sur la planète à ce genre de choix à faire pour la mobilité, mobilisons-nous intelligents, faciles, agréables,naturels et + écobiologies et fiables pour le bien-être de tous. Ici dans l'hémisphère sud, c'est le soleil qui nous donne la solution avec la réflexion : il est gratuit, il suffit de se brancher aux récepteurs quelqu'ils soient, d'emmagasiner cette énergie propre moléculaire et de la redistribuer sur place, où à l'endroit nécessaire, mais pas forcément trop loin sur la planète car l'export n'est plus rentable. Le soleil brille pour tous.... A développer. vite ça chauffe!!!

lisa | 18 septembre 2010 à 06h04 Signaler un contenu inapproprié

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