
Cette propulsion plus propre devrait faire chuter l'impact environnemental du navire. ''La phase d'utilisation est celle qui a le plus d'impact'', rappelle Guillaume Jouanne, ingénieur conseil chez Evea, cabinet spécialisé dans l'éco-conception. Le bilan carbone du voilier en phase d'exploitation est inférieur à 80% par rapport à un camion, 67% par rapport à un ferry, 38% par rapport à un petit porte-conteneur, selon des chiffres 2009 de l'Ademe.
Une première initiative avait déjà eu lieu en janvier 2008, lorsqu'un cargo de 130 mètres en partance de Bremerhaven (Allemagne) avait rallié le Venezuela propulsé en partie par une voile (kite) géante de 160 mètres carrés de surface fixée à sa proue, permettant de réduire la consommation de carburant du navire de 10 à 35%. Un essai similaire devrait être renouvelé cette semaine, toujours avec un navire ralliant l'Allemagne à l'Amérique du sud.
Rien de comparable avec le projet de CTMV, la voile de 1.300 mètres carrés du voilier jouant ici l'accessoire principal de propulsion. Le voilier mesure 10,10 mètres de large et un peu moins de 50 mètres pour s'exempter du pilotage du port. Son tonnage est légèrement inférieure à 500 UMS (pour Universal measurement system, c'est-à-dire un peu plus de 1.100 mètres cubes) afin de ne pas être soumis à la réglementation contraignante qui pèse sur les plus gros navires polluants - pétroliers et autres supertankers. Le voilier se destinait dans un premier temps au transport de vin, de Bordeaux en Europe du Nord. CTMV a désormais élargi son activité à d'autres produits. Il faut compter entre 160 et 180 euros par palette transportée, tarif compétitif et stable selon Frédéric Albert.
L'initiative a tant plu à l'Ademe que celle-ci a co-financé une pré-étude destinée à mettre sur pied un nouveau label ''Transport durable''. Une fois sa phase de certification achevée d'ici deux ans, ce label pourra figurer sur l'ensemble des marchandises acheminées ''proprement'' aux consommateurs.
Jean-Pierre Le Goff, PDG de la société d'ingénierie navale Sirenha, met un bémol à cet enthousiasme, et croit plus à l'usage de l'électricité pour les petits navires. ''La voile, comme l'énergie solaire sur d'autres navires, demeureront des compléments. Que faites-vous quand vous n'avez plus de vent ?'' Il estime que ce genre de navires a surtout un intérêt médiatique. Même chose pour les cargos à kite.
Voile vs porte-conteneur : une comparaison houleuse
Par ailleurs, la quantité de marchandise d'un navire transportant plusieurs milliers de conteneurs est telle que le bilan carbone par tonne kilomètre pourrait être meilleur que celui d'un petit voilier marchand. Mais c'est sans compter l'impact environnemental des infrastructures portuaires destinées à accueillir les grands porte-conteneurs.
''Notre but n'est pas de les concurrencer, relativise Frédéric Albert. Nous nous destinons au cabotage international dans l'ouest de l'Europe, pour pouvoir desservir des ports de moyenne et petite tailles''. La crise économique a montré les limites des navires à très grosse capacité, confronté en 2009 à une forte baisse des flux commerciaux mondiaux.