C'est au siège de l'Agence de protection de l'Environnement (EPA), à Washington, que le président américain a signé mardi 28 mars 2017 un décret sur l'indépendance énergétique (1) . Par ce geste, Donald Trump ordonne le réexamen d'une des mesures phares de son prédécesseur démocrate, le Clean Power Plan. Ce plan impose aux centrales thermiques des réductions de leurs émissions de CO2 et la fermeture des installations les plus polluantes. Près de 250 centrales thermiques ont déjà été mises à l'arrêt grâce à cette législation.
Nationalisme du charbon
Le président des Etats-Unis "adore les mineurs du charbon", a-t-il martelé lors de la cérémonie de signature du décret sur l'indépendance énergétique, quelques jours après la signature d'un texte autorisant la reprise du chantier de l'oléoduc Keystone XL. "Les mineurs m'ont raconté les attaques envers leurs emplois et leurs conditions de vie. Ils m'ont décrit les tentatives d'éliminer leurs mines, leurs communautés, leurs modes de vie. Je leur ai fait cette promesse : nous remettrons nos mineurs au travail. Nous avons déjà éliminé une régulation anti-charbon dévastatrice, mais ça n'était qu'un début. Aujourd'hui, je mets en action cette promesse. Mon administration met un terme à la guerre contre le charbon. Nous allons avoir du charbon propre, vraiment propre".
Ce storytelling, qui annonce une "nouvelle révolution énergétique célébrant la production américaine sur le sol américain" à base de charbon, mais aussi de gaz, pétrole, et huiles de schistes, a déclenché une cascade de réactions aux Etats-Unis. Pour Kieran Suckling, qui dirige le Centre pour la diversité biologique, "Trump vient d'engager une guerre contre le climat à une nouvelle échelle qui est terrifiante. Avec ces indulgences massivement accordées à l'industrie des énergies fossiles, il prouve que sa première loyauté est tournée vers les pollueurs, et non vers le public américain. Quiconque accorde de la valeur à la vie sauvage, à l'air et à l'eau pure sera choqué par ce plan qui consiste à laisser les entreprises polluer notre climat et à exploiter nos beaux territoires".
Verrous juridiques
Pour Michael Brune, directeur de la plus ancienne organisation de protection de l'environnement des Etats-Unis, le Sierra Club, "la meilleure manière de protéger les travailleurs et l'environnement est d'investir dans la croissance de l'économie des énergies propres qui se développe désormais plus vite que les énergies fossiles et de s'assurer que personne n'est laissé de côté". Pour le Sierra Club, ce sont les énergies renouvelables qui garantissent l'indépendance énergétique du pays, à l'heure où des villes telles que Georgetown (Texas) et Salt Lake City (Utah) s'engagent à 100% d'énergies "propres". Au point que, selon M. Brune, les objectifs 2030 du Clean Power Plan sont en passe d'être atteints.
"La bonne nouvelle, c'est que les verrous que M. Trump veut faire sauter – comme le Clean Power Plan – reposent sur une base légale forte. La société civile va avoir la possibilité de faire entendre ses objections. Trump ne peut effacer nos progrès en matière d'énergie et de climat d'un coup de stylo, et nous nous battrons contre lui dans les tribunaux et dans les rues, au niveau fédéral comme au niveau local dans tout le pays pour protéger la santé de toutes les communautés", prévoit le directeur du Sierra Club.
Pour Al Gore, ancien vice-président des Etats-Unis, "quel que soit le découragement que peut inspirer ce décret, nous devons, nous pouvons et nous allons régler la crise climatique. Aucun homme ou groupe ne peut entraver la montée en puissance que nous connaissons aujourd'hui du combat pour protéger notre planète".