Quatre grands singes sur six sont à un pas de l'extinction : le gorille de l'Est, le gorille de l'Ouest, l'orang-outan de Bornéo et l'orang-outan de Sumatra, a alerté l'Union internationale de conservation de la nature (UICN) lors de son congrès mondial à Hawaï, début septembre. Au total, sur 82.952 espèces inscrites sur la liste rouge de l'UICN (1) , 23.928 sont menacées d'extinction.
La chasse sur le banc des accusés
La liste rouge des espèces menacées, réactualisée à cette occasion, compte désormais quatre espèces de grands singes "en danger critique d'extinction" et deux autres "en danger" (chimpanzé et bonobo).
Le climat, une menace supplémentaire
L'UICN a adopté, lors de ce congrès, de nouvelles lignes directrices pour l'évaluation de la vulnérabilité des espèces aux changements climatiques. "Pour élaborer des plans de conservation efficaces, il faut au préalable déterminer comment les espèces sont touchées par le changement climatique et comment cela va évoluer à l'avenir", souligne le Dr Wendy Foden, présidente du groupe de travail sur le changement climatique.
Le zèbre des plaines (Equus quagga) est lui aussi menacé par les chasseurs. "Autrefois abondant et répandu", il a vu sa population réduite de 24% en quatorze ans (de 660.000 individus à 500.000). Pourtant, note l'UICN, dans de nombreux pays, cette espèce n'est présente que dans des aires protégées, ce qui devrait le préserver des chasseurs qui la recherchent pour sa viande, mais aussi pour ses peaux. Ce zèbre passe donc de la catégorie "préoccupation mineure" à "quasi menacé".
De même, trois espèces d'antilopes d'Afrique (le céphalophe à bande dorsale - Cephalophus dorsalis, le céphalophe à ventre blanc - Cephalophus leucogaster et le céphalophe à dos jaune – Cephalophus silvicultor) passent en catégorie "quasi menacé" : "Si les populations de ces espèces se trouvant à l'intérieur d'aires protégées sont relativement stables, ailleurs elles déclinent en raison de la persistance de la chasse illégale et de la destruction de leurs habitats".
Le panda géant, le rat architecte et l'antilope du Tibet vont mieux
La réactualisation de cette liste rouge permet aussi de constater des progrès liés aux mesures de conservation mises en place. Alors qu'il était jusque-là classé "en danger", le panda géant (Ailuropoda melanoleuca) est désormais classé "vulnérable". Des efforts de reboisement et de protection des forêts ont permis un accroissement de sa population. "Cette amélioration confirme l'efficacité des efforts entrepris par le gouvernement chinois pour préserver cette espèce, souligne l'UICN, qui modère aussitôt la bonne nouvelle : Cependant, il est estimé que le changement climatique pourrait éliminer, dans les 80 années à venir, plus de 35% des forêts de bambous qui constituent son habitat, et les effectifs de l'espèce devraient donc décliner, perdant ainsi les acquis de ces deux dernières décennies". L'UICN salue la volonté du gouvernement chinois de poursuivre et d'élargir sa politique actuelle de conservation de l'espèce.
Autre bonne nouvelle : l'antilope du Tibet n'est plus considérée "en danger" mais "quasi menacée" grâce à des mesures de conservation et de lutte contre le braconnage qui ont permis de reconstituer sa population, de 65.000 dans les années 1990 à un nombre d'individus estimé entre 100.000 à 150.000 aujourd'hui.
Enfin, le rat architecte (Leporillus conditor), espèce endémique australienne, passe de "vulnérable" à "quasi menacé" grâce à des réintroductions et des introductions dans des zones libres de prédateurs. "Ce rongeur constructeur de nids est unique et le dernier de ce genre, depuis que Leporillus apicalis, une espèce apparentée plus petite, s'est éteinte au 20e siècle. La résine créée par les rats pour construire leurs nids est si forte qu'elle peut durer des milliers d'années si elle n'est pas exposée à l'eau", explique l'UICN.