Les risques liés à l'utilisation d'un pesticide ne se limitent pas au danger intrinsèque des substances qui le composent. Une étude associant l'Université Savoie Mont-Blanc, le CNRS, le CEA et le Cirad, publiée le 28 janvier dans la revue Environmental Science & Technology, vient le démontrer à travers les interactions qui peuvent exister entre le glyphosate (herbicide) et le chlordécone (insecticide).
Cette étude révèle que les flux de chlordécone ont considérablement augmenté lorsque l'utilisation du glyphosate a commencé à la fin des années 1990, entraînant une contamination généralisée des écosystèmes de Guadeloupe et Martinique. Le glyphosate, en détruisant les racines des végétaux, a en effet induit une augmentation de l'érosion du sol, qui a conduit à la libération du chlordécone stocké dans les champs pollués. Cet insecticide organochloré, interdit en 1993 en raison de sa cancérogénicité, réapparait en grande quantité dans les sédiments fins des fleuves côtiers des Antilles françaises depuis plus de 20 ans, rapporte l'étude.
Les stratégies de gestion des risques écotoxicologiques devraient tenir compte de la manière dont l'application du glyphosate affecte le stockage persistant des pesticides dans les sols, la dynamique de transfert et la contamination généralisée, concluent les chercheurs. Des conclusions que le Gouvernement serait avisé de prendre en compte dans le quatrième plan chlordécone en cours de finalisation, en particulier via une interdiction du glyphosate. Ce plan doit être lancé officiellement à l'issue des comités de pilotages locaux qui vont se tenir dans les semaines qui viennent en Guadeloupe et en Martinique, a annoncé le ministère de la Santé le 5 février.