Les températures maximales dans l'agglomération d'Agen (47) ont augmenté en moyenne de 2°C en vingt ans. C'est le constat dressé par l'association climatologique de la moyenne Garonne et du Sud-Ouest (ACMG). Cette dernière a réalisé le diagnostic climatique de la communauté d'agglomération d'Agen (12 communes), en vue de l'élaboration du plan local d'urbanisme intercommunal (PLUI) en 2010.
Priorité au rafraîchissement
Le diagnostic a mis en évidence les enjeux liés aux îlots de chaleur urbains. "Depuis la fin des années 1970, un régime de température assez différent est perceptible sur la période estivale, entre les mois de juin et août", indique le document. Le nombre de jours de forte chaleur est en augmentation, particulièrement dans la partie du territoire qui s'est fortement urbanisée en quarante ans. La différence de température entre la ville et la campagne se creuse.
Agir à l'échelle du territoire…
Une fois ce constat posé, les élus ont planché sur les moyens de favoriser le rafraîchissement naturel et améliorer le confort urbain, notamment en été. "Au Sud de l'agglomération, nous avons identifié des zones de cultures irriguées susceptibles de rafraîchir le centre urbain, grâce au vent d'Autan", explique Félicien Titonel. L'idée est d'urbaniser hors de cette zone pour préserver ces espaces agricoles. "Ça, c'est la théorie ! Lorsque l'on aborde la question du zonage avec les élus, cela devient plus compliqué", souligne l'agent. Des orientations ont néanmoins été inscrites dans le PLUI afin de limiter l'étalement urbain, avec des densités minimales à l'hectare différentes selon les secteurs de l'agglomération. L'objectif est de diminuer de 30% la consommation foncière en dix ans, en densifiant certaines zones.
Le PLUI tend aussi à limiter la bétonisation. "Les grandes surfaces, les parkings sont les principaux îlots de chaleur". Le règlement prévoit donc que les nouvelles aires de stationnement de plus de cinq places soient végétalisées. Un minimum de 15 à 30% des terrains constructibles doit également être maintenu en espace vert. Le principe : un arbre adulte équivaudrait à cinq climatiseurs en marche 20h par jour ! Une bande boisée de 100 mètres de large permettrait d'augmenter l'humidité de l'air de 50%.
… et de la parcelle
Des règles simples ont également été édictées pour les constructions, afin de limiter leur sensibilité aux températures. "Le PLUI ayant été élaboré avant l'entrée en vigueur de la réglementation thermique 2012, nous avions prévu que les maisons anticipant ou dépassant les ambitions de la RT bénéficient d'un bonus d'occupation des sols". L'objectif est de favoriser les bâtiments bioclimatiques, dont la conception et l'orientation favorisent les apports en chaleur ou en rafraîchissement passifs. Le PLUI intègre d'ailleurs des prescriptions sur l'implantation des maisons sur les parcelles. Des règles ont été également fixées pour la récupération des eaux pluviales.
Les limites d'action du PLUI
Mais deux ans après l'approbation du PLUI, difficile de percevoir un réel changement sur le terrain…
"Un travail important a été réalisé sur le diagnostic, mais il a manqué d'effets concrets pour limiter la chaleur urbaine. Ce sujet est perçu par les élus et les administrés comme des contraintes supplémentaires dans les règles d'urbanisme", analyse Félicien Titonel.
Selon lui, difficile de régler cette question au travers des seules règles d'urbanisme. Cependant, la dynamique est lancée. De nombreux travaux ont été initiés en parallèle sur ce sujet. Un cluster sur l'eau et le climat a été créé fin 2014 pour plancher sur la gestion des ressources en eau, l'irrigation de pointe, la climatisation de la ville… Un travail est également réalisé sur le déplacement urbain et les modes de déplacement doux (vélo, piétonisation…) : "Notre agglomération est trop petite pour développer des transports en commun réguliers, la voiture reste un mode de déplacement privilégié", explique l'agent.
En septembre 2013, une révision du PLUI à 29 communes a été lancée, avec toujours en perspective l'adaptation climatique. "Nous sommes dans une phase de travail sur les actions à mettre en œuvre. Nous nous dirigerons certainement vers des fiches d'actions, des recommandations sur les eaux pluviales, la végétalisation, les variétés à privilégier… Le PLUI pose un constat, la pédagogie et le conseil sont essentiels après". Ce nouveau document devrait être approuvé début 2017.