Le second tour des élections municipales, qui s'est tenu ce dimanche 28 juin, a vu émerger de nouveaux visages à la tête de plusieurs grandes villes de France. Les habitants de Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Poitiers, Besançon ou encore Annecy, Tours et Marseille, ont ainsi plébiscité les programmes des candidats d'Europe-Écologie Les Verts (EELV), seuls ou en association avec les partis de gauche. Cette percée, déjà visible au premier tour, intervient concomitamment à une participation de seulement 41,6 %. Ce qui n'empêche pas Julien Bayou, secrétaire national d'EELV, de se féliciter : « Après le succès des Européennes, c'est la confirmation que l'écologie est devenue centrale dans le paysage politique. Mais le plus important, c'est que nous avons les moyens de mettre en place notre programme pour pouvoir changer concrètement la vie de plusieurs millions de Françaises et de Français, a-t-il déclaré. Malgré les coalitions anti-climat, malgré les insultes dans la campagne, les maires écologistes sont réélus [comme à Grenoble] et de nouvelles victoires permettent à l'écologie de s'ancrer durablement dans les territoires, dans de nombreuses villes et grandes métropoles. »
Lyon : bientôt une « référence environnementale » ?
Pour son premier mandat électoral, Grégory Doucet a été élu maire de Lyon avec 52,4 % des voix exprimées. Ce cadre de l'humanitaire de 47 ans entend « engager Lyon et sa métropole dans la transition écologique » et à en « faire une référence » en s'attaquant en premier lieu à la rénovation des écoles sur tous ses aspects : bâtiment, sécurité, végétalisation, cantines bio avec contractualisation auprès de producteurs locaux. Rappelons qu'un collectif de parents lyonnais, Greenpeace France et Alternatiba/ANV Rhône ont lancé, en mars dernier, deux procédures administratives pour inaction de la ville en matière de lutte contre la pollution de l'air et les conséquences dans les écoles. Le nouveau maire semble sensible à cette question car il entend développer les pistes cyclables : « je veux faire de Lyon une ville 100 % "marchable" et 100 % cyclable ». Ira-t-il jusqu'à interdire la circulaire routière à proximité des écoles comme le demandent les associations de protection de l'environnement ?
Grégory Doucet prévoit par ailleurs d'entamer un programme de végétalisation de la ville et de création d'un poumon vert sur la colline de Fourvière. « À Lyon, le ressenti du changement climatique est déjà réel. On est une des villes qui a connu le plus grand nombre de pics de pollution. Il y a une envie d'écologie qui est énorme », a-t-il expliqué au micro de LCI.
Strasbourg : une juriste en droit de l'environnement à sa tête
À Strasbourg, c'est une juriste en droit de l'environnement de 39 ans, qui vient de prendre la tête de la mairie avec 41,7 % des voix exprimées. Conseillère municipale et conseillère à l'Eurométropole de Strasbourg depuis 2014, elle s'opposa farouchement au Grand contournement ouest de Strasbourg (GCO). Aujourd'hui, pour Jeanne Barseghian, « l'enjeu c'est que Strasbourg soit encore vivable dans 10, 20, 30 ans. Pour cela on doit réorienter toutes les politiques de la ville et de l'Eurométropole. »
Bordeaux : vers une nouvelle urbanisation moins minérale
Avec 46,48 % des voix, le candidat écologiste Pierre Hurmic prend la tête de Bordeaux avec l'aide de la gauche. Cet avocat de 65 ans estime qu'il est temps que « cette ville prenne le virage de l'écologie. C'est une page blanche à écrire. » Sa première mesure sera celle de l'urgence climatique, histoire de donner le ton.
Au cours de sa campagne, l'écologiste a dévoilé ses grandes priorités, notamment en matière d'aménagement et d'urbanisme, et il veut lutter contre l'artificialisation des sols et la minéralisation de la ville. Il entend redonner plus de place aux déplacements actifs, comme la marche et le vélo, en leur consacrant 50 % de l'espace de la voirie. Il s'est également engagé à expérimenter la mise en place d'un péage sur la rocade de Bordeaux visant les poids lourds en transit, aux heures de pointe, en réutilisant les portiques mis en place pour l'éco-taxe poids lourds. Mais pour l'instant cet axe routier est sous la responsabilité de l'État. La marge de manœuvre du nouveau maire sur ce projet est donc très limitée voire inexistante. Comme tous les nombreux maires élus ce week-end, Pierre Hurmic va maintenant confronter son programme, ses projets, à la réalité juridique, économique et politique du terrain.