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Valorisation énergétique des déchets : le verdissement de l'incinération passe mal

Alors que certains acteurs proposent, selon les cas, de classifier l'incinération parmi les sources d'énergie renouvelable, les associations s'opposent à ce ''verdissement'' et rappellent la pollution émise par ce mode de traitement des déchets.

Déchets  |    |  S. Fabrégat
   
Valorisation énergétique des déchets : le verdissement de l'incinération passe mal
© nfrPictures
   
Aujourd'hui, la France compte 130 unités d'incinération d'ordures ménagères (UIOM) qui traitent 13 millions de tonnes de déchets par an. L'incinération représente 36 % du traitement des déchets municipaux, contre 34 % pour le stockage, 16 % pour le recyclage et 14 % pour le compostage.
Une hiérarchie des modes de traitement des déchets a été définie en 2008 par l'Union européenne pour inverser cette tendance (directive cadre déchet du 19 novembre 2008). La priorité va à la prévention de la production, puis au réemploi, au recyclage, à la valorisation et enfin à l'élimination. Le Grenelle de l'environnement a suivi via des objectifs chiffrés : diminution du volume des déchets de 7 % par habitant au cours des cinq prochaines années (5 kg par an et par habitant), valorisation matière et organique de 35 % et réduction de 15 % de la quantité de déchets destinés à l'enfouissement ou à l'incinération d'ici 2012.
Si la directive européenne souhaitait que l'élimination soit utilisée en dernier recours, elle a néanmoins introduit une évolution de taille : si jusque-là l'incinération était considérée comme un procédé d'élimination des déchets, dans certains cas, lorsque l'efficacité énergétique des usines dépasse un certain seuil (60 à 65 %), elle pourra bénéficier du statut de valorisation. Certaines unités d'incinérations (110 en France) produisent en effet de la chaleur, de l'électricité, voire les deux à la fois, à partir des déchets traités.
Si les acteurs de la filière plaident pour une reconnaissance de l'incinération en tant qu'énergie renouvelable, les associations appellent à ce qui constitue selon elle la raison, rappelant que l'incinération est émettrice de gaz à effet de serre et que l'objectif premier est la diminution du volume des déchets produits.

Plaidoyer pour la valorisation par l'incinération…

Selon une enquête publiée en septembre 2009 par le Syndicat national du traitement et de la valorisation des déchets urbains et assimilés, ''sur 13 millions de tonnes de déchets incinérées en France chaque année, 11 millions permettent de vendre de l'énergie soit 85 % du total des déchets incinérés''. Les syndicats interrogés lors de l'enquête, qui traitent 7,1 millions de tonnes de déchets, fournissent l'équivalent de 450.000 tep, soit 0,064 tep par tonne de déchet incinérée. 76 % de l'énergie produite est thermique, 24 % électrique. La recette moyenne provenant de l'énergie fournie par l'incinération en France s'élève à 198 millions d'euros par an en France (18€ la tonne).
L'enquête note que sur 47,5 millions de tonnes de déchets municipaux produits, 28,5 sont peu ou pas valorisées énergétiquement. Le syndicat en déduit que la réserve d'énergie serait de 1,8 millions de tep, voire 3,4 millions de tep si les systèmes utilisés étaient les plus efficaces.
Et de conclure que l'incinération pourrait produire 4 millions de tep, l'équivalent de 28 millions de barils de pétrole, soit 10 % des énergies renouvelables supplémentaires que la France doit produire d'ici 2020.
Selon la même enquête, l'incinération ''n'encourage pas à jeter plus et/ou à produire plus de déchets et les syndicats disposant d'une UIOM recycleraient autant qu'ailleurs (14 %)''.
Le SVDU se base également sur des statistiques européennes qui montrent que les pays les plus efficaces dans le traitement de leurs déchets sont aussi ceux qui utilisent le plus l'incinération. L'Allemagne recycle et composte à 64 % et incinère à 35 %, les Pays-Bas respectivement à 60 % et 38 %, la Belgique à 62 et 34 % alors que la Grèce met en décharge à 86 % contre 14 % de recyclage et compost, le Portugal à 63 % contre 37 %...

Le réquisitoire contre l'incinération

En réponse aux arguments du SVDU, le centre national d'information indépendante sur les déchets (CNIID) souligne ''la très faible efficacité énergétique des incinérateurs français. La France présente la spécificité d'avoir les usines les moins efficaces d'Europe avec des rendements souvent très faibles (30 % pour la production de chaleur contre 65,8 % au niveau européen et 11 % pour l'électricité contre 18 % en moyenne dans l'UE). Seulement 10 % environ des usines françaises peuvent prétendre au statut de valorisation.
De plus, selon le CNIID, l'énergie issue des incinérateurs, que les industriels présentent comme une ''énergie verte'', est en réalité en partie d'origine fossile, provenant notamment des plastiques produits à partir de pétrole'' : 50% des déchets ménagers seraient issus de ressources fossiles et 50 % de ressources renouvelables. Depuis 2001, l'Union européenne reconnait l'énergie produite par l'incinération des déchets comme une énergie renouvelable à 50 %.
Autre argument des associations : la pollution liée à l'incinération. Selon le registre français des émissions polluantes, l'incinération des ordures ménagères génère de 0,3 à 0,5 tonne de CO2 par tonne de déchets, et celle des déchets industriels de 0,5 à 2 tonnes de CO2 par tonne de déchets, selon leur composition. ''Dans ces conditions, l'incinération des 13 millions de tonnes de déchets provoque l'émission annuelle d'environ 6,5 millions de tonnes de CO2, hors prise en compte des émissions dues aux transports (essentiellement routiers) des 13 millions de tonnes de déchets et des 3 millions de tonnes de résidus de l'incinération (mâchefers…)'', note le CITEPA (centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique). S'ajoutent aux émissions de GES d'autres pollutions. L'Institut national de veille sanitaire (INVS) estime qu'il faudra 10 à 20 ans pour savoir s'il existe un risque de cancer lié aux nouvelles générations d'usines d'incinération.

Ce qu'en dit la loi

Malgré l'évolution du statut de l'incinération dans certains cas, ce mode de traitement des déchets est considéré comme polluant. Il a été assujetti, par la loi de finances 2009, à la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes). La tonne incinérée est renchérie de 1,5 à 7 euros (14 euros en 2013). Cependant, des dégrèvements de TGAP s'élevant jusqu'à 50 % peuvent êtres obtenus pour les incinérateurs ayant des performances énergétiques élevées.

Réactions7 réactions à cet article

Les valorisations thermiques et électriques sont f

Selon le principe bien connu de Carnot, la production d'énergie mécanique à partir d'énergie thermique est assujettie à un rendement qui dépend de la dégradation de température entre la source chaude (vapeur d'eau à 400°C et la source froide (air atmosphérique à 25 °C en moyenne annuelle. Le rendement s'exprime par : T-t/(T+ 273), où T est la température maximal de vapeur et t la température de l'air atmosphérique. L'imperfection des cycles thermodynamiques simplistes des incinérateurs fait que généralement le rendement pratique ne peut dépasser 50% du rendement théorique. Ainsi, dans les conditions évoquées, le rendement théorique serait de (400-25)/673 =0,56. Le rendement pratique ne serait donc que de 0,27 ou 27% de l'énergie contenue dans la vapeur. Mais pour produire cette vapeur, il faut tenir compte du rendement thermique du four-chaudière. Or, pour des raisons liées aux problèmes de corrosion des chaudières, il faut que ces dernières laissent échapper les fumées au moins à 230°C. De plus il faut avoir un important excès d'air de combustion de l'ordre de 80% pour espérer correctement "oxyder" des déchets hétérogènes. Globalement, le rendement de combustion est de l'ordre de 70% sur le PCI (Pouvoir calorifique inférieur) des déchets incinérés. Il s'ensuit que le rendement de la production d'énergie mécanique sur l'arbre de la turbine du cycle à vapeur n'est que de : 0,27 x 0,70 : 20 % ! Il faut savoir aussi que la conversion de l'énergie mécanique en énergie électrique s'opère, certes, avec un excellent rendement, proche de 99% et que l'installation consomme au moins 90 KWh par tonne de déchets incinérée.
Il faut savoir également qu'un rendement ponctuel correspond à un fonctionnement parfait du cycle thermodynamique, faisant abstraction des phases de démarrage ou d'arrêt et de la consommation d'énergie fossile des brûleurs de démarrage et de soutien de températurte. Nous savons que le vrai rendement de production d'énergie électrique des incinérateurs modernes, en moyenne annuelle se situe en dessous de 19% sur le PCI des déchets !
Il faut savoir également que els meilleures centrales thermiques conventionnelles d'EDF ont des rendements sur PCI de l'ordre de 34 %.
Les chiffres avancés dans cet articles me semblent donc optimistes.
Je voudrais ajouter qu'il y a une sorte de conspiration entre les services officiels de l'Etat et le lobby de l'incinération pour favoriser outrageusement cette technique surannée. La preuve la plus évidente réside dans l'escamotage des coûts de traitement des mâchefers. Ceux-ci bénéficient de subventions qui ne sont pas comptabilisés dans le coût du traitement de la tonne incinérée. En effet, le coût réel pour les citoyens de la tonne incinérée serait proche de 155 € et non pas quelque 110 € comme on voudrait nous le faire croire.

SARAZIN Maurice | 22 octobre 2009 à 10h45 Signaler un contenu inapproprié
ingénieur

Que deviendrait Paris sans ses 4 incinérateurs ?

REYNE | 22 octobre 2009 à 11h03 Signaler un contenu inapproprié
Re:Les valorisations thermiques et électriques son

Bonjour,
Merci de ces précisions et calculs. On comprend mieux! Cela dit, même si les rendements sont faibles, n'est-ce pas une façon de "traiter" nos ordures ménagères, même sil l'on doit les réduire fortement? Existe-il d'autres solutions permettant de recycler "proprement" nos OM ? Cdlt Pierre Michaud

Donal94 | 25 octobre 2009 à 09h40 Signaler un contenu inapproprié
Quelle alternative à l'incinération?

N'étant pas un spécialiste en rudologie, je m'interroge sur les alternatives possibles à l'incinération des ordures ménagères. Y aurait-il une solution consensuelle? L'enfouissement de semble pas être une meilleure solution pour les déchets ultimes. Au moins, produit-on un peu d'energie avec ces incinérateurs, même si le rendement nous paraît dérisoire. Je pensais, d'ailleurs, que le problème des rejets de dioxine était plus important à régler que le rejet de CO2 sur ces UIOM.

Georges | 26 octobre 2009 à 10h20 Signaler un contenu inapproprié
Réponse à "Donal94" du 25/10 2009

Oui, il existe une manière très simple de traiter les OM : Il faut savoir que le vrai contenu en poids des déchets ménagers n'est que de 360 à 390 Kg/an par citoyen. L'humidité des OM est, selon des sources officielles de 35% poids en moyenne annuelle. La matière fermentescible contenue dans les OM domestiques est au moins égale à 50 % en poids. Si cette matière fermentescible est séparée à domicile au moment de sa production, c'est au minimum 50% poids qui n'est pas comptabilisé dans la poubelle résiduelle. De plus, une parttie des papiers et cartons, non récupérable car souillée par du fermentescible, est également fermentescible. Cette fraction fermentescible peut être traitée à domicile en compostage individuelle ou dans des installations appropriées de compostage ou de méthanisation qui fonctionneront d'autant mieux en produisant un amendement organique non pollué, que le tri à domicile sera plus efficace. Donc "sortir" le fermentescible de la poubelle diomestique, dès sa production, règle intelligemment le sort de plus de 50 % de la production. Pour le reste, les produits recyclables seront d'autant "valorisables" qu'il seront restés secs par la disparition de l'humidité contenue essentiellement dans le fermentescible ! Le reliquat de papiers et cartons secs peut être recyclé. Les métaux sont recyclables en totalité. Le verre est recyclé utilement par les verriers depuis plus d'un siècle, car ils y trouvent un intérêt technique et financier. En gros, il ne devrait rester qu'une fraction résiduelle de l'ordre de 10 %, au plus de la poubelle ménagère. Certes, le problème des déchets ne se limite pas aux déchets ménagers. Beaucoup d'autres déchets se trouvent qualifiés de déchets assimilés. Quand le traitement principal est l'incinération, tout ce qui est combustible se trouve incinéré et ce sont les citoyens qui paient principalement leur traitement. Nous avons localement un incinérateur pour lequel on nous comptabilise quelque 525 kg /an/habitant, alors que toutes les annonces officielles situe la production individuelle en France à 390 Kg/an/habitant. Il y a donc un effet d'aspiration des déchets par les incinérateurs qui réclament leur quantité de calcul, quelle que soit la réduction des déchets effectuée par les citoyens.
Je donne des conférences sur ce sujet et je me fais fort de démontrer ce que j'avance.

SARAZIN Maurice | 26 octobre 2009 à 11h37 Signaler un contenu inapproprié
VERSATILES!

Ivry
Au secours des « nuages » de l’usine
"Pas question de masquer les fumées de l’usine d’incinération d’Ivry ! Et c’est une supplique des écologistes. La raison ? Ça ne pollue pas et c’est poétique."
C'est le titre de l'article du "Parisien.fr"du 10/11.C'est consternant de la part de certains écologistes et dans ma réaction je leur ai conseillé de venir sur ce site lire l'article ci-dessus.Mais comme la majorité des élus de tous bords préfèrent encore l'incinération etle traitement mécano "dit" biologique avec enfouissement au lieu de la méthanisation,leurs administrés sont dans le doute.L'incinérateur de Bègles dont le maire n'est autre que N.Mammère a coûté la bagatelle de 25 millions d€ pour sa rénovation est un exemple qui vient de haut.
Comprennent qui pourra!

Vanmeulebroucke | 10 novembre 2009 à 15h34 Signaler un contenu inapproprié
Re:Réponse à

Bonjour et merci de votre réponse (bien tardive!).
Le traitement sur le lieu de production a été mis en place par qq communes (province) évitant ainsi le transport de matières, entre autre avantag...
Pourquoi les municipalités ne privilégient pas cette solution pour les zones pavillonaires. Le ramassage n'aurait lieu qu'une fois par semaine!!!

donal94 | 24 juin 2010 à 07h34 Signaler un contenu inapproprié

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