La Fédération nationale des usagers de la bicyclette (FUB) a dévoilé mardi 5 décembre les premiers résultats de l'enquête "Parlons Vélo" menée cet automne et qui a enregistré plus de 113.000 réponses dans toute la France. Parmi les principaux freins au développement de ce mode de mobilité douce la question de la sécurité se révèle être une priorité.
Les véhicules motorisés semblent constituer une menace permanente et les relations avec leurs conducteurs ne sont pas toujours apaisées. En effet, seules 24% des personnes interrogées jugent le trafic motorisé non gênant et seules 26% se disent respectées par les véhicules motorisés. Du coup, 91% estiment important que les cyclistes soient séparés de la circulation motorisée.
Outre la sécurité du déplacement se pose aussi la question du risque de vol. 77% des répondants jugent en effet les vols de vélos fréquents ou très fréquents.
"Assumer la rupture avec la politique du tout-voiture"
"Les Assises de la mobilité doivent être l'occasion d'assumer la rupture avec la politique du tout-voiture", affirme la FUB à l'occasion de la publication de ces résultats. Celle-ci réclame un véritable Plan Vélo "sincère et financé" dans la future loi sur les mobilités qui doit sortir de ces assises. "L'Etat a dès 2004 identifié de nombreuses mesures, qui n'ont jamais vu le jour faute de financement", rappelle la fédération.
Cette dernière formule donc une série de propositions dans un cahier d'acteurs que l'ONG avait publié en amont des assises. Des propositions qui seraient financées en grande partie par la mise en place d'un fonds national pour le vélo doté de 200 millions d'euros. Parmi celles-ci un appui aux collectivités pour les aider à résorber les coupures et les points noirs des itinéraires cyclables. "Résorber les coupures est un investissement important, mais indispensable. Sans continuité, pas d'effet réseau, et donc pas de crédibilité de la solution vélo-déplacement", explique le document de synthèse.
La fédération d'associations réclame également une généralisation de la ville à 30 km/h. "Percuté par une voiture roulant à [50 km/h], un piéton ou un cycliste sur deux décède, alors que la proportion n'est que d'un sur vingt à 30 km/h", explique l'ONG. En outre, ajoute-t-elle, "le temps de parcours des automobilistes n'est augmenté que de 10%, leur circulation est fluidifiée et leur consommation de carburant (et donc leur pollution) est diminuée jusqu'à 40%".
Hors agglomération, la fédération préconise le développement de réseaux express dédiés aux vélos permettant de désenclaver des territoires ruraux ou péri-urbains. Ces infrastructures pourraient être financées par le fonds national dans le cadre d'un appel à projets "territoire pilotes", suggère la FUB.
Développer les stationnements sécurisés
Plusieurs autres propositions visent à réduire la vulnérabilité des deux roues non motorisés. Ainsi, la FUB propose à l'Etat d'introduire dans les cursus de formation initiale et continue des différents permis de conduire une sensibilisation des conducteurs à la sécurité des piétons et cyclistes. Elle demande également la verbalisation des infractions mettant en danger ces derniers : bien que prévues par les textes, ces infractions ne sont souvent pas constatées par les forces de l'ordre, déplore-t-elle.
L'amélioration de la sécurité des cyclistes passe aussi par une modification de la réglementation sur l'éclairage des cyclistes qui "ne prend pas en compte les technologies modernes de feux à haute visibilité, économiques, fiables et légers" telles que celles vendues en Allemagne, indique la FUB.
Enfin, pour faire face au risque de vol, la fédération réclame le développement de stationnements sécurisés sur la voie publique mais aussi leur prise en compte par les entreprises et administrations via les plans de mobilité. Dans les gares, la fédération propose la création de 200.000 places de stationnement qui "suffirait pour engendrer une croissance du trafic TER comprise entre 2 et 4%". En effet, ajoute-t-elle, "pour 50 places créées, on observe 6 à 12 nouveaux passagers réguliers".
Reste à voir ce que le Gouvernement retiendra de ces propositions. Mais les ONG, qui avaient fait part de leurs doléances à la veille des assises, peuvent manifester un certain optimisme. Philippe Duron, président du Conseil d'orientation des infrastructures, a confirmé le 4 décembre que le vélo et la mobilité active étaient "une composante essentielle de la politique de mobilité durable", indique le Club des villes et territoires cyclables auditionné par cette instance.
L'ancien député socialiste, nommé à cette fonction par la ministre des Transports Elisabeth Borne, a assuré que ces mobilités "seront fléchées dans la stratégie du Gouvernement en matière d'investissement dans les infrastructures de transport", rapporte le Club.