Le fait est peu connu : la vente en vrac donne lieu à de nombreuses innovations. Les acteurs français consacrent en moyenne 10 % de leur chiffre d'affaires à la recherche et au développement. Depuis 2016, 60 innovations ont émergé, soit une par mois. Parmi celles-ci, 25 ont été brevetées ou déposées. Des innovations qui s'exportent ensuite chez nos voisins européens.
La France tire ici bénéfice de sa position de chef de file européen, explique Célia Rennesson, directrice générale du Réseau vrac, rappelant que le chiffre d'affaires de la filière a décuplé depuis 2015, pour atteindre 1,2 milliard d'euros en 2022. La France est aussi le premier pays européen en termes de nombre de points de vente spécialisés (avec 900 magasins) et bénéficie aussi d'une bonne diffusion en dehors de ce réseau de vente (75 % des hypers, supers et proxi disposent d'un rayon vrac).
Répondre point par point
Cette avance française a poussé de nombreux professionnels à innover tous azimuts. En l'occurrence, ils s'attaquent point par point aux freins au développement du vrac. Le premier est le prix des produits, jugé trop élevé par 37 % des personnes interrogées. Ce sujet apparaît comme le fil rouge des innovations présentées. Un des enjeux est notamment de réduire le coût des équipements de vente en magasin. C'est ce que propose Applymage, avec des bacs très facilement réparables, ou Qualivrac, avec une solution de distribution de liquides et visqueux sans électricité ni électronique.
Les doutes sur le respect des règles d'hygiène constituent le deuxième frein (cité par 29 % des personnes). Pour y répondre, des innovations limitent la manipulation des produits en magasin par les consommateurs et réduisent leur contamination croisée (pour éviter les risques allergènes). L'entreprise Sitour a ainsi développé des bacs à râteau qui offrent une alternative aux bacs à pelle classiques pour les produits ne pouvant pas être distribués en silos.
Autre enjeu pour la filière : la praticité des dispositifs de vente, jugée insuffisante par 28 % des personnes. Bien sûr, les liquides sont en première ligne. Plusieurs innovations offrent des solutions pour simplifier au maximum le geste d'achat en magasin. C'est le cas des meubles de distribution permettant de délivrer automatiquement des quantités très précises de produits cosmétiques (solution que développe Cozie) ou de liquides (Jean Bouteille). L'emballage est aussi concerné : FillGood propose des poches réutilisables à fermeture zip et service grâce à un bec doseur.
Répondre aux enjeux des marques et de la grande distribution
L'absence d'information sur les produits freine aussi les achats en vrac (pour 28 % des consommateurs). La solution de Vracoop permet, grâce à une application mobile et des QR codes, d'assurer la traçabilité des lots et l'information sur les produits du producteur au consommateur.
Pour ceux qui regrettent de ne pas retrouver leurs marques favorites dans les rayons vrac ou déplorent l'absence de rayons vrac dans les magasins qu'ils fréquentent, les dernières innovations répondent à leurs attentes, qu'ils soient des grandes marques ou des consommateurs. Ici, tout l'enjeu est d'assurer aux marques, à la grande distribution et aux consommateurs de s'y retrouver.
HL Display propose, par exemple, un meuble de distribution gravitaire associé à une boîte en carton adaptée pour contenir le produit. Ce dispositif admet une réalimentation du meuble sans manipuler le produit. La grande distribution cherche, en effet, à limiter les manipulations de produits et les marques ne veulent pas que leurs produits soient contaminés ou détériorés entre le site de production et le panier du consommateur. Dans le même esprit, Bulk&Co propose un meuble disposant de 30 silos sur 1,33 m de largeur (là aussi sans manipulation des produits lors de la recharge).
Quant à la marque Andros, elle expérimente une fontaine à compote. Objectif : équiper les cantines pour éliminer les emballages individuels.
