Trois jours après la perte du contrat de délégation du service public (DSP) de l'eau avec l'agglomération de Rennes, qu'elle assurait depuis 130 ans, Veolia Environnement a convié la presse pour présenter avec confiance sa nouvelle stratégie. Alors que 40% de ses contrats de DSP arrivent à échéance d'ici 2015, la décision de Rennes de créer un opérateur public via une Société Publique Locale (SPL) de droit privé ne l'effraie pas. C'est ainsi que Veolia Eau a pu récupérer dans la région brestoise l'exploitation des usines de production d'eau et des stations d'assainissement à l'issue de son contrat de DSP qui comprenait aussi la distribution des eaux.
Vers des segments à haute valeur ajoutée
Le choix des collectivités de passer en régie directe pour la gestion de l'eau n'est plus un souci pour l'un des deux majors de l'eau français. Bien sûr, Veolia Eau garde l'ambition d'obtenir la gestion globale des services publics de l'eau, tant en France qu'à l'étranger. Après avoir réussi à faire couler de l'eau 24h/24 dans les robinets en or de Ryad, elle a obtenu le premier contrat public-privé de gestion de l'eau d'une ville indienne, celle de Nagpur où 36% des 3 millions d'habitants vivent dans des bidonvilles. Mais désormais, Veolia Eau se positionne aussi sur l'offre de "package de segments à haute valeur ajoutée". Avec la régie de la Communauté d'Agglomération du Havre, la société M2Ocity a obtenu le marché de pose de 100.000 compteurs d'eau et de mise en place d'un système de télérelève et de suivi en ligne des consommations. Avec le département de l'environnement de New York city, Veolia Water US a obtenu le contrat pour la réalisation d'économies sur les coûts de gestion et de maintenance des services publics d'eau et d'assainissement.
Avec cet accord, le groupe se positionne sur un marché potentiel estimé à 32 Md€ en France et à 200 Mds€ dans le monde et officialise son entrée parmi les acteurs de la filière nucléaire, où il officie discrètement depuis quatre ans. La maison-mère d'Asteralis, SARP Industries, filiale de Veolia Propreté, assure pour le compte de l'Andra la gestion du site de stockage de Morvilliers (Aube). Au niveau mondial, Veolia Eau s'est fait remarquée par sa capacité à traiter les eaux radioactives produites à Fukushima et pour la gestion des eaux d'exhaure d'une mine d'uranium en Australie.
Privilégier l'accompagnement des industries consommatrices de ressources
"Je souhaite que cette réinvention de nos métiers projette notre entreprise dans un futur radieux !", s'est exclamé A. Frérot. Dans ce futur déjà présent, Veolia Environnement se donne pour objectif d'augmenter la part de son chiffre d'affaires réalisée avec ses clients industriels de 35 à 50% d'ici cinq ans, avec notamment l'accompagnement des industries fortement consommatrices de ressources et/ou à fortes contraintes environnementales : gaz&pétrole, mines ou encore les industries à déchets valorisables (agroalimentaire) et les industries de produits à forte valeur ajoutée (cosmétique, luxe). Déjà engagée dans la participation de l'exploitation du gaz de schiste en Pologne et aux Etats-Unis, qui nécessite le pompage de 10.000 à 15.000 m3 d'eau par forage, elle se positionne en concurrent de Suez-Environnement pour le traitement des eaux du grand projet de gaz de charbon (grisou) en Australie.
Veolia Environnement se concentre sur ses métiers de l'eau, des déchets et de l'énergie avec Dalkia, et se désengage de son activité transport de passagers. Bien qu'étant encore détenteur à 40% de Transdev, les chiffres annoncés par Veolia Environnement tiennent pour acquis la nouvelle cession de cette entité, impulsée dans le cadre du plan de réduction de la dette de Veolia Environnement. L'arrivée récente de François Bertreau au poste de DG adjoint en charge des opérations s'intègre dans le cadre de l'"industrialisation" du groupe : benchmarking des unités opérationnelles, standardisation des process, une offre commerciale et fonctionnelle basée sur un pilotage mondial des back offices, voire un plan de départ volontaire de 100 personnes au niveau du Siège. Cet ancien président du directoire du groupe Norbert Dentressangle, leader européen du transport, de la logistique et du transit apporte aussi au groupe la culture du transport routier. De quoi organiser le transport des déchets à travers les sites européens du groupe, entre autres.