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Vers une déconstruction plus sélective (2/3) : curage exemplaire dans un immeuble de bureaux à Orvault

95 % de valorisation matière : c'est l'un des tours de force réalisé près de Nantes par l'entreprise à mission Tri'n'Collect et ses partenaires sur le curage d'un immeuble tertiaire. Retour sur un chantier exemplaire à bien des égards.

TECHNIQUE  |  Déchets  |    |  C. Lairy
Vers une déconstruction plus sélective (2/3) : curage exemplaire dans un immeuble de bureaux à Orvault
Environnement & Technique N°388
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°388
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Les chiffres donnent un peu le tournis : en cinq semaines, lors du curage (1) préalable à la réhabilitation d'un immeuble de bureaux de 2 700 m2, Tri'n'Collect et ses partenaires ont déposé pas moins de 200 tonnes de matériaux, dont la quasi-totalité (95 %) a fait l'objet d'une valorisation matière.

Attention, ce genre de prouesses n'est décemment pas imaginable sur tous les chantiers. « Tous ne se prêtent pas à une déconstruction si sélective », reconnaît Marie Charoy, responsable responsable Communication, Marketing et RSE chez Tri'n'Collect : « Sur celui-là, nous avons atteint un taux record de réemploi (35 %). Une performance que l'on doit beaucoup au choix du promoteur P2i de réemployer sur site une grande partie des éléments déposés (…). De notre côté, nous sommes amenés à déménager notre siège de Nantes. Dans ce cadre, nous allons aménager un plateau avec des matériaux récupérés sur le chantier d'Orvault. »

Tout réinventer ?

À l'origine d'un tel projet, il y a donc la volonté d'un promoteur d'inscrire la maîtrise d'ouvrage dans une démarche circulaire. P2i et Tri'n'Collect n'en sont pas à leur coup d'essai : à l'issue de plusieurs chantiers réalisés ensemble, ils ont scellé une convention de partenariat. Dans ce cadre, l'entreprise Tri'n'Collect se positionne sur les projets de chantier de P2i où elle pense pouvoir apporter un accompagnement sur la gestion des déchets.

À Orvault (Loire-Atlantique), le promoteur a demandé à Tri'n'Collect de travailler avec l'entreprise de démolition Premys, qui a joué le rôle de coordonnateur, mais selon des périmètres d'intervention délimités très précisément en amont. « On réinvente de nouveaux modes de travail, plus en complémentarité qu'en concurrence. Premys n'a pas récupéré l'ensemble du marché, pour autant ils ont réussi à travailler avec nous, explicite Marie Charoy. L'économie circulaire a ceci de vertueux qu'elle permet de tout réinventer. »

L'intervention de Tri'n'Collect : curage de trois étages

- 5 semaines de déconstruction sélective
- 3 000 heures d'insertion professionnelle
- 200 tonnes de matériaux déposés
- 95 % de valorisation matière, dont 35 % de réemploi
Précieux diagnostic

Concrètement, Tri'n'Collect a coordonné et organisé l'ensemble de la dépose sélective, avec différents intervenants, sous la houlette de Francis Mauduit, responsable technique, et de Christelle Dion, responsable réemploi ressources. Ce sont eux qui ont visité le site pour affiner et vérifier le diagnostic pré-déconstruction qui leur avait été remis : « On vient faire des carottes car le diagnostic s'effectue souvent à la grande maille », justifie Francis Mauduit. « C'est nécessaire pour effectuer le chiffrage, car ce dernier est basé sur le temps nécessaire à la dépose sélective, et sur le coût de traitement de la matière – si l'on fait du réemploi, c'est moins cher que le recyclage. On a donc intérêt à optimiser le réemploi », complète Marie Charoy. À Orvault en l'occurrence, le diagnostic n'évoquait pas la présence de laine de verre dans le plafond du troisième étage, « alors qu'il y en a toujours au dernier étage », remarque Francis Mauduit.

« Le sujet des déchets, résume Marie Charoy, doit être pensé en amont, de façon à coordonner le bon positionnement des stations [de tri], le bon ordre de démontage, etc. »

Une dépose aussi soignée que possible

Ce travail de préparation réalisé, le chantier peut commencer. « En priorité, indique Francis Mauduit, on dépose le mobilier, puis la moquette pour éviter de la salir, puis les dalles de plafond. » Une partie du mobilier a été récupérée par l'entreprise nantaise de l'économie sociale et solidaire (ESS), Murmur Réemploi. Quant à la moquette, indique Francis Mauduit, « elle est entièrement réemployée, sauf les découpes ». En attendant, elle est stockée dans la cave de l'immeuble, avec des portes qui seront réutilisées in situ par P2i, ainsi que des dalles de faux plafond et des cloisons modulaires que Tri'n'Collect utilisera pour l'aménagement de son futur site.

La dépose a été assurée par une vingtaine de personnes en insertion professionnelle de l'association Océan (Nantes), encadrées par quatre chefs d'équipe. Leur mantra : effectuer une dépose qui soit le plus soignée possible, de façon à ce que le maximum de matériau soit réemployé. Au troisième étage par exemple, les cloisons étaient fixées avec des clips : elles ont été déclipsées proprement en vue d'une réutilisation à l'identique. En revanche, le système de fixation était différent au deuxième étage : les cloisons ont donc été « tombées » de façon plus traditionnelle, puis évacuées dans des bennes fermées en vue de leur recyclage.

Pour qu'ils trouvent plus facilement preneurs, une partie des éléments et des matériaux déposés et destinés à un réemploi ex situ ont été nettoyés, reconditionnés et réemballés – c'est le cas des sanitaires que le magasin de réemploi Articonnex, à Orvault, se charge de revendre.

Une partie de la laine de verre déposée sera réemployée, l'autre recyclée – une filière est en train de se monter à Chemillé-en-Anjou (Maine-et-Loire) - alors que le seul site de recyclage jusqu'à présent en France se trouvait à Orange (Vaucluse). Quant aux gaines électriques et autres déchets en plastique, ils sont confiés à la société Tripapyrus Environnement, à L'Aiguillon-sur-Vie (Vendée), qui prépare la matière (surtri) pour la renvoyer vers l'industrie plasturgique.

Une bonne organisation, garante d'une sécurité maximale

Le sujet de la sécurité est pris très au sérieux : bien sûr, le port de tous les EPI (casques, gants, masques) est obligatoire. « Nous sommes aussi très vigilants quant à l'usage des outils portatifs, note Francis Mauduit. Au fur et à mesure que le chantier avance, on nettoie pour éviter les chutes et les accidents. Des bacs sont mis à disposition, des chariots pour le placo, des big bags pour les gaines, d'autres pour les câbles, etc. »

Les big bags et autres contenants estampillés Tri'n'Collect constituent d'ailleurs la marque de fabrique de l'entreprise née en 2019 à Saint-Herblain (Loire-Atlantique). Les différents contenants sont identifiés par le nom d'une matière et le pictogramme correspondant (cartons, fer, plastiques, etc.) qui permettent de réaliser un meilleur tri. L'entreprise utilise d'ailleurs ses chantiers pour affiner la conception de ses contenants : à Orvault, elle en a testé un de taille intermédiaire (moitié de big bag) qui, pour des questions de poids, a été plébiscité par les personnes chargées de la dépose.

Société à mission, Tri'n'Collect utilise ses propres contenants et stations de tri pour les chantiers de déconstruction sélective qu'elle réalise – c'est 10 % de son activité. Elle pose aussi ses contenants et stations de tri aux dépôts/entrepôts des entreprises du bâtiment (10 % de son activité), ce qui permet à ces dernières de stocker et trier les déchets récupérés sur les petits chantiers, et leur évite des passages en déchetteries : Tri'n'Collect vient relever les déchets triés une fois que les stations sont pleines. Les flux récupérés de la sorte sont « nickel » en termes de tri, atteste Marie Charoy. C'est moins vrai sur la maison individuelle ou la promotion immobilière, segments qui représentent chacun 40 % de la clientèle de Tri'n'Collect, et qui « n'ont pas toujours la culture du tri ».

1. L'opération de curage consiste à ‘déshabiller' tout ou partie d'un bâtiment et à déposer tout le second œuvre : faux plafonds, faux planchers, cloisons non porteuses, isolants, revêtements de sols, menuiseries, installations techniques (électricité, plomberie, CVC), etc.

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