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Actu-Environnement

Réutilisation des eaux usées traitées : Bergerac à l'avant-garde

Ne plus gaspiller d'eau potable pour nettoyer les rues, mais utiliser à la place des eaux usées traitées. Pour la première fois en France, une ville recycle ses eaux usées pour le lavage de voirie. Reportage à Bergerac.

Reportage vidéo  |  Eau  |    |  R. Pernot
Actu-Environnement le Mensuel N°438
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°438
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Des eaux usées traitées sorties de stations d'épuration alimentent désormais les camions brosses de Bergerac (Dordogne). Mais avant qu'elles nettoient la chaussée, un soin particulier leur est accordé, en plus des traitements habituels. L'eau subit un complément de filtration ainsi qu'une double désinfection par ultraviolets et chloration.

Alors que cette eau était jusqu'à présent réservée à l'irrigation agricole ou à l'arrosage des espaces verts, elle pourra désormais servir à d'autres usages autorisés par la nouvelle réglementation.

« La valeur ajoutée de la réglementation de mars 2022 par rapport à celle de 2010, c'est l'ouverture des usages. Désormais, on pourra utiliser cette eau pour le lavage de voirie, pour l'hydrocurage, pour nettoyer les réseaux d'assainissement ou pour la défense incendie par exemple », précise Jean Cantet, directeur technique eau et assainissement de l'antenne Veolia Eau Sud-Ouest.

Des pays comme l'Espagne et l'Italie, particulièrement soumis au stress hydrique, ont ouvert la voie au recyclage des eaux usées depuis déjà vingt ans. Des exemples qui pourraient inspirer la France, espère Pierre Ribaute, directeur général de Veolia Eau France. « En Espagne, entre 15 et 20 % d'eau sont recyclés ; en France, c'est moins de 1 %. Si on pense que dans vingt ans, on aura le climat actuel de l'Espagne, on voit qu'il reste du chemin à parcourir. »

Si la réutilisation des eaux usées traitées pourrait s'inscrire parmi les solutions d'adaptation au changement climatique, tous les contextes territoriaux ne s'y prêtent pas, comme l'explique Catherine Neel, chargée de mission eau au Cerema.

« Techniquement, on peut mettre en place la Reut (réutilisation des eaux usées traitées, ndlr) partout, mais ce n'est pas forcément opportun. Il faut obligatoirement faire une analyse territoriale sur la manière dont on adapte cette solution. Par exemple, dans le cas où les rejets d'eau d'une station d'épuration sont très importants pour le bon fonctionnement d'un cours d'eau, il faut faire du stockage en amont pour continuer à restituer l'eau au milieu naturel pendant les périodes critiques de sécheresse. »

Un coup d'accélérateur devrait être donné à la réutilisation des eaux usées avec le Plan eau dévoilé par le Gouvernement en mars dernier. Ce plan prévoit de déployer, d'ici à 2030, 1 000 projets de Reut, avec pour objectif de recycler 10 % des eaux usées.

Réactions4 réactions à cet article

"Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme". Cet aphorisme nous montre que l'usage de l'eau n'en ajoute ni n'en diminue le volume initial, du moins pour ce qui est du "grand cycle". Dans ce contexte, et dès lors que, quoi qu'on en ait fait auparavant, il n'y a localement ni plus ni moins d'eau que précédemment, seul le coût de la potabilisation fait la différence dans ce contexte d'utilisation des eaux usées traitées. Toutefois une différence essentielle apparaît qui concerne le "petit cycle" de l'eau. Elle concerne la différence entre l'utilisation et la consommation. Il faut dans ce domaine distinguer le prélèvement – ce qui est retiré du milieu naturel, l’utilisation – ce que l’on en fait, et la consommation – ce qui ne revient pas au lieu de prélèvement.
Est considérée comme prélevée l’eau qui a été retirée du milieu naturel pour un usage, qu’il soit énergétique, industriel, agricole ou des usages domestiques. Il est quantifié en volume (compteurs d’eau) et fait l’objet d’une redevance de prélèvement.
Est considérée comme utilisée l’eau qui a servi à un usage et dont la part non consommée a ensuite rejoint le milieu naturel soit directement, soit à travers un système d’assainissement.
Est ''consommée'' l’eau qui ne rejoint pas le lieu de prélèvement : transformée, évaporée par l'arrosage par aspersion ou par des tours de refroidissement. Pour l'agriculture c'est 48% dont 79% en été, industrie et énergie 28%, eau potable 24% (données IFEN).

petite bête | 09 mai 2023 à 09h47 Signaler un contenu inapproprié

On notera que le terme de "consommation" qui est utilisé pour les factures d'eau potable est en réalité impropre (sic) puisque une bonne partie de l'eau rejoint le circuit d'épuration puis revient au milieu naturel. La "consommation" réelle, c'est ce qui n'y revient pas. Le terme correct serait "utilisation", mais la quantification entre l'eau utilisée et l'eau consommée serait difficile, sauf si on applique le pourcentage tel que donné dans le post précédent, en tenant compte du fait que ce pourcentage s'applique à l'eau consommée par l'ensemble des utilisateurs de l'eau et non à l'eau prélevée par ces mêmes utilisateurs.
Autre exemple : la redevance de "prélèvement" qui s'applique au secteur de l'énergie concerne les prélèvements pour le refroidissement des centrales nucléaires - gros consommateurs réels - mais aussi le fait que l'eau transitant pas les barrages pour la production hydroélectrique est considérée comme prélevée (elle fait l'objet d'une redevance). La consommation réelle est celle de l'évaporation générée par les plans d'eau de ces mêmes barrages (entre 0,25, et 0,5 litres par seconde et par hectare).

petite bête | 09 mai 2023 à 12h24 Signaler un contenu inapproprié

quel est le cout de l'opération au M3? est ce économiquement intéressant? si on parle en bilan hydrique, cela reste un prélèvement net sur le milieu que cela soit en AEP ou REUT, l'interet serait en cas de tension sur la disponibilité en eau potable mais si tel est le cas, le milieu doit etre en souffrance et donc la sobriété (recherche fuite, diminution usage,...) n'est elle pas à viser en premier plutôt qu'un nouveau traitement?

lameraboire | 09 mai 2023 à 19h07 Signaler un contenu inapproprié

Un prélèvement net n'est pas une consommation brute, puisque une grande partie revient directement au milieu naturel après épuration. Seule la partie réellement consommée (ingérée, évaporée etc...) est ''exportée'', le reste étant de l'eau ''utilisée''. Et lorsque l'on parle de fuites de réseau l'eau ne ''disparaît'' pas : elle rejoint le milieu naturel, même si c'est parfois loin du lieu de prélèvement; elle n'est donc pas vraiment "perdue". Cela impacte essentiellement la facture d'une eau qu'il a fallu potabiliser. Il faut bien définir ce dont on parle, et lire les autres intervenants.

petite bête | 10 mai 2023 à 17h09 Signaler un contenu inapproprié

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