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Actu-Environnement

“Vivre autrement”

Dans le contexte actuel de crise économique mondiale majeure, et à deux mois des élections européennes, Corinne Lepage, présidente de Cap21 et Vice Présidente du Modem, publie Vivre autrement, paru aux éditions Grasset. Son projet politique ?

Interview  |  Gouvernance  |    |  C. Saïsset
   
“Vivre autrement”

   
AE : Qu'est ce qui vous a encouragé à écrire ce livre ?
CL :
Certes pas la proximité des élections européennes, mais le besoin d'expliquer que la crise actuelle est celle du système, de notre mode de développement, et qu'elle peut déboucher sur le meilleur comme sur le pire. Il faut veiller sur la désespérance et le sentiment justifié d'injustice en intégrant la dimension sociale à tout niveau. Mais la crise est une chance de changer de braquet. Le combat est entre ceux qui veulent revenir en arrière et effacer cette crise au plus vite sans changement notable - en renflouant les banques et les constructeurs automobiles - et les autres, l'immense majorité, qui veulent utiliser la crise comme levier pour changer de système et de modèle économique. Avec au milieu de tout cela, la réalité : un blocage politique et économique.

AE : Dans votre livre, vous appuyez votre réflexion sur divers courants de pensée et des « success stories » pour inciter au développement d'une écolonomie. De quoi s'agit-il ?
CL :
L'écolonomie est une économie écologique, au-delà du clivage croissance/décroissance mais autour d'une évolution soutenable. C'est la soutenabilité qui doit déterminer le sens du changement. L'agriculture durable, les énergies renouvelables…, il en faut beaucoup ; de plus. Le pétrole, les pesticides, l'utilisation de l'espace, de l'eau… il faut les réduire ; du moins. C'est en se demandant à quoi la durabilité nous contraint qu'on va dans un sens ou dans l'autre. Cela oblige aussi à « compter autrement » : dans une économie de flux, la comptabilité considère que du moins, c'est du plus ; il y a tout un pan de la destruction qu'elle ne veut pas connaître. Mais parler de soutenabilité implique aussi globalité : ne pas s'attaquer au climat en perdant en matière de santé.

AE : Vous insistez sur l'importance de la décentralisation énergétique. Pourquoi ?
CL :
Dans ce projet politique, je présente différents scénarios et les types de sociétés associés, dont un où les multinationales n'existeraient plus et où il n'y aurait que PME et PMI. La question est de savoir si la production énergétique est centralisée ou pas. Si elle est centralisée, on a de grandes centrales de production (électronucléaires en France), les gens sont dépendants, l'industrie d'efficacité énergétique n'a pas de place, et les collectivités locales ne sont que le réceptacle de décisions prises ailleurs et non la première brique d'une économie planétaire. Avec la décentralisation énergétique, les particuliers, les industries et les collectivités sont auto-producteurs en énergie et en mesure d'adapter les usages aux besoins. L'expérience montre que la richesse énergétique peut être à l'origine d'un développement économique. Or l'orientation actuelle que prend la France va interdire toute décentralisation énergétique. Et cette énergie supplémentaire produite, il faudra l'utiliser, car l'électricité ne se stocke pas. Pour des raisons d'endettement des producteurs et de concurrence, cela entraînera une réduction inévitable du tarif de rachat du renouvelable. Je pense que la plupart de nos choix industriels actuels sont en rapport avec le nucléaire. C'est dramatique, nous sommes en train de nous couper de la possibilité d'une véritable relance économique industrielle.

AE : Dans votre ouvrage, vous faites deux propositions majeures, l'une relative aux générations futures et l'autre à la justice.
CL :
Nous sommes dans une crise globale, car identique partout, mais avec des facettes différentes, où le rapport au temps est fondamental. C'est la question du temps long qui se pose, et ceux qui ont intérêt à ce qu'il soit pris en compte, ce sont les générations futures. C'est pourquoi je souhaite la création d'une instance ayant pour objectif de s'intéresser uniquement à l'impact des choix pour les générations futures, tant au niveau national qu'international. En matière de justice, il y a ni droit ni réglementation s'il n'y a pas un juge pour les appliquer. L'affaire des déchets d'Abidjan, c'est un scandale. La suprématie des règles du commerce international sur les instances environnementales, il faut y mettre un terme. Nous avons besoin d'une véritable justice environnementale internationale, au même titre que le TPI. En écrivant ce livre, j'ai voulu être porteur d'espoir et montrer que tous ces sujets qui ont souvent été classés dans la catégorie « problème », c'est dans la catégorie « solution » qu'ils se trouvent. La bonne nouvelle, c'est qu'on peut faire, ce qui ne signifie pas qu'il existe une volonté de faire étant donnés les rapports de force actuels.

Réactions3 réactions à cet article

association de mots dangereuse

Il devient dangereux d'associer certains termes qui laissent croire que l'on peut continuer à exploiter notre planète sans fin, dans un discours quelque peu modérateur.

Si certes il ne s'agit pas de générer la guerre civile par des mesures radicales, on n'a pas le droit de tromper les citoyens sur la réalité de la question en leur laissant croire qu'il existe une croissance durable, ce qui est contraire à la vérité.

Les politiques qui parlent "VRAI" se doivent de les préparer aux changements radicaux qui doivent être opérés sans tenir des discours politiciens sur les jardins du monde alors qu'il y a un gros coup de rateau à donner dès notre pas de porte.

Encore faut-il oser le faire... et commencer à dénoncer les pollueurs des abords de la maison...

lancelot du rallye | 09 avril 2009 à 09h24 Signaler un contenu inapproprié
Memoire

Madame le Ministre,
Lutte contre le déreglement climatique,production décentralisée d'énergie, dites vous aujourd'hui.... vous avez pourtant vilipendié l'hydroénergie,propre renouvelable et repartie sur tout le territoire, lorsque vous étiez Ministre, vous en souvenez vous?
Remember.

cage | 09 avril 2009 à 09h57 Signaler un contenu inapproprié
tout cela semble vrai....mais !

Mais si elle se trouvait aux commandes que ferait-elle vraiment
de ce plaidoyer pour vire autrement? Pourrait-elle aussi le mettre en application compte-tenu des groupes de pression ?
Et puis on nous dirait encore que ce n'est ni réaliste ni réalisable !
J'en ai également pour preuve que son cabinet d'avocats qui a pourtant la possibilité de faire des choix défend à l'occasion des pollueurs commecela s'est passé dans une commune voisine de la mienne !
Pourquoi un jour ne défendrait-il pas "Aréva",tout me semble possible;sacré politiques !

Anonyme | 15 avril 2009 à 09h50 Signaler un contenu inapproprié

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