World Wide Views on Global Warming, la Conférence mondiale de citoyens sur le climat, est une vaste consultation citoyenne lancée par le Danish Board of Technology, un organisme parlementaire dédié aux questions scientifiques et techniques. En France, l'échantillon représentatif de la population (100 personnes) a été composé par la Sofres dans un rayon de 250 à 300 kilomètres autour de Paris. Les citoyens sélectionnés ne travaillent ni dans le secteur de l'énergie ni dans celui du climat. Mais le moins que l'on puisse dire, c'est que le changement climatique ne laisse personne indifférent.
Une préoccupation de fond
90 % des panélistes estiment que la conclusion d'un accord à l'issue de la conférence de Copenhague se révèle indispensable. Ils sont également 89 % à plébisciter une réduction des émissions de gaz à effet de serre comprise entre 25 et 40 %, voire davantage, alors que les politiques visent moins de 25 %. La principale divergence entre participants concerne le prix des combustibles fossiles.
Ainsi, la mise en place d'un système de régulation ne serait pas très populaire chez les citoyens des pays les plus riches. Les Français se montreraient même plus virulents : 36 % refuseraient l'idée d'une quelconque réglementation. Mais ces derniers seraient également moins bien informés. 66 % auraient eu peu de connaissances sur le changement climatique et ses conséquences avant d'intégrer le projet World Wide Views. Sans surprise, le renforcement de la formation à l'environnement dès le plus jeune âge constitue l'une des recommandations formulées par les citoyens français.
Pour Denis Baupin, adjoint au maire de Paris chargé du plan climat, l'adaptation au changement climatique requiert aussi une grande part de pédagogie et d'explication : ''l'utilisation du terme taxe carbone au lieu de contribution climat énergie constitue déjà un mauvais départ''. Mais il y a fort à parier que pédagogie et éducation à l'environnement ne suffiront pas à enrayer le réchauffement et à satisfaire les pays en développement qui attendent plus d'engagement. Responsables de seulement 2 % des émissions de gaz à effet de serre depuis 1850, ces pays en subiraient 80 % des conséquences, selon le dernier rapport de la Banque mondiale.
Vers une aide aux pays en développement ?
Le 1er septembre, l'Organisation des Nations Unies (ONU) a appelé les pays riches à investir plus de 500 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à s'adapter au changement climatique. Une préoccupation que partagent les panélistes français. Ils souhaiteraient que les négociations de Copenhague aboutissent notamment à la création d'un fonds monétaire mondial pour le climat. Cette structure, soutenue par des taxes sur les transports internationaux, financerait l'adaptation des pays en développement, les projets technologiques et le changement des comportements. Karine Gavand, de Greenpeace France, déplore l'absence d'engagement de l'Europe sur la question du financement : ''L'Europe n'a pas choisi son camp alors que les citoyens voient la nécessité d'un partage''.
L'importance du débat démocratique
Corinne Lepage, première vice-présidente de la Commission environnement au Parlement européen, constate aussi que la société civile est généralement en avance sur les politiques. Si Arnaud Gossement, de la Fédération France Nature Environnement (FNE), insiste sur l'importance d'une expression citoyenne, il aimerait que les organisations et les associations soient mieux considérées par les pouvoirs publics : ''les ONG représentent également la population !''