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Déchets post-catastrophe : le retour d'expérience prouve l'importance de la planification

Faute de préparation, la gestion des déchets en situation post-catastrophe peut tourner au cauchemar. Pour anticiper, certains éléments clés sont à considérer, et en particulier le stockage des déchets, les règles de tri et le traitement lui-même.

Déchets  |    |  P. Collet
   
Déchets post-catastrophe : le retour d'expérience prouve l'importance de la planification
© Robin des Bois
   

Ce mardi 20 septembre 2011, Charlotte Nithart, directrice de Robin des Bois, est revenue sur le traitement des déchets en situation post-catastrophe et les leçons tirées de la destruction du World Trade Center (WTC) à New York (Etats-Unis) en 2001, du passage de l'ouragan Katrina sur la Nouvelle-Orléans (Etats-Unis) en 2005, de la tempête Xynthia en Vendée en 2010 et du séisme japonais du 11 mars 2011.

Planifier l'après catastrophe

Le cas particulier de Fukushima

Avec la catastrophe nucléaire, les radioéléments déposés sur les déchets compliquent leur gestion car l'incinération les concentre dans les cendres. Ainsi, des cendres radioactives ont été retrouvées en sortie d'incinérateurs situés à plusieurs centaines de kilomètres de la centrale. Fin mars, des cendres contenant jusqu'à 140.000 becquerels (Bq) de substances radioactives par kilo ont été découvertes et mi-juin, le gouvernement a présenté des recommandations prévoyant que les cendres contaminées au-delà de 100.000 Bq/kg soient confinées dans des emballages étanches et stockées sur des sites dédiés.
Le même problème est constaté avec les boues issues du traitement de l'eau usée qui concentrent les éléments radioactifs. "Le Japon est en train de contaminer ses moyens logistiques en même temps que son réseau de traitement des déchets ménagers et d'assainissement", déplore Robin des Bois.
Face à des volumes hors du commun, la planification est nécessaire et le recensement de l'ensemble des outils de traitement devient indispensable. En effet, la tempête vendéenne a souligné l'importance des moyens de transport : "celui qui possède des bennes est le roi", prévient la directrice de Robin des Bois, précisant qu'après Xynthia, il a fallu faire venir ces équipements d'autres régions.

Par ailleurs, il est important de répartir les taches en amont. Au Japon, le gouvernement n'a présenté le plan de gestion des déchets post-catastrophe qu'en mai, soit deux mois après les événements. Entre temps, le flou le plus complet entourait les mesures à prendre, les autorités locales étant responsables des déchets classiques et les autorités nationales des déchets radioactifs. Or, la distinction entre les deux méritait d'être clarifiée.

La préparation en amont concerne aussi la population et les entreprises. Ainsi, la distribution de guides, rédigés par l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), permet de limiter les pollutions. Il s'agit notamment d'inciter les populations et les entreprises à placer en hauteur les produits dangereux (médicaments, produits phytosanitaires…) avant l'arrivée d'une inondation. "Une telle démarche limite les dégâts", explique Charlotte Nithrat, précisant cependant que "les mesures ne furent pas parfaitement appliquées à cause d'alertes cycloniques récurrentes qui démobilisent certains acteurs".

De même, faciliter une gestion unifiée, voire centralisée quand le territoire n'est pas trop vaste, est important. En effet, l'existence d'un unique syndicat de traitement des déchets a permis une meilleure gestion des déchets à la Faute-sur-Mer (Vendée) par rapport à d'autres territoires. "Un pilotage unique est plus efficace, c'est une question de bon sens", explique Charlotte Nithrat, précisant néanmoins qu'"il ne faut pas non plus tomber dans l'excès avec des mesures parachutées de Paris par exemple".

En France, le Groupe d'expertise et d'intervention déchets post-catastrophe (GEIDE) réfléchit à ces aspects depuis janvier 2005 et les plans de prévention et de gestion des déchets, issus de la révision de la directive cadre déchets et du Grenelle, devront comporter un chapitre sur la planification de l'action post-catastrophe.

Gérer le stockage

Après la catastrophe, le stockage des déchets en attente de traitement représente une première urgence car, si les 1,2 million de tonnes de gravats du WTC équivalaient à "seulement" une année de déchets du secteur du bâtiment new-yorkais, les volumes de déchets liés à une catastrophe sont le plus souvent bien plus considérables. Rapportés aux territoires touchés, ils vont de 12 ans de production normale pour Xynthia à 15 ans pour les préfectures touchées pour le tsunami japonais.

L'urgence, dans un premier temps consiste à déblayer les déchets et à trouver des lieux de stockages provisoires pour les trier. La tâche est d'autant plus compliquée que les déchets sont bien souvent souillés par des hydrocarbures et produits chimiques provenant de sites atteints et déposés par l'eau et la boue, comme après le passage de Katrina, de Xynthia et du tsunami japonais.

Il s'agit donc de trouver très rapidement des espaces plats et, le plus souvent, les stades et les parkings sont réquisitionnés pour cela. Ainsi, si une inondation centennale touchait Paris, il est d'ores et déjà prévu de stocker les déchets de routine au Parc des expositions de la Porte de Versailles pour pallier l'impossibilité d'accéder aux sites de traitement répartis le long de la Seine.

Par ailleurs, le stockage provisoire pose de nombreux problèmes notamment du fait de l'envol des déchets les plus légers et du lessivage des produits toxiques, présents dans et sur les déchets, qui contamine les sols. Surtout que bien souvent, le provisoire s'éternise… S'agissant du Japon, l'Etat prévoit que le regroupement des déchets sur les lieux de stockage provisoire dure 2 à 3 ans et que l'évacuation de ces stockages vers un traitement définitif s'étale sur une dizaine d'années.

Assurer le traitement

La nature des déchets est aussi à prendre en compte car elle peut varier grandement d'une catastrophe à l'autre. Les déchets du WTC étaient principalement des gravats alors que ceux des autres catastrophes étudiées présentent une grande diversité. Une diversité qui tient plus au territoire touché qu'à l'événement lui-même, comme le souligne la présence bien plus importante de DEEE, d'hydrocarbures et de produits chimiques ou d'entretien dans les déchets du tsunami japonais par rapport à ceux du tsunami qui a frappé l'Indonésie en décembre 2004.

Généralement, le traitement se fait par grandes catégories, comme après Xynthia où le tri a été limité à quatre types de déchets : les DEEE, le bois, la ferraille et le tout venant. "Il s'agissait de trouver le bon compromis entre un tri trop compliqué pour les personnes touchées et un tri trop grossier pour préserver l'efficacité du traitement des déchets", explique Charlotte Nithrat.

Quant au recyclage lui-même, la nature des déchets complique sensiblement les opérations, notamment du fait des suspicions de pollutions qui les entourent. Ce fut le cas par exemple de l'acier dégagé des gravats du WTC et pour lequel les autorités américaines eurent le plus grand mal pour trouver des opérateurs acceptant de les recycler, ces derniers suspectant la présence d'amiante et de métaux lourds.

Par ailleurs, lorsque les déchets sont variés, les volumes sont tels qu'il n'est pas toujours possible de tout traiter convenablement. Ainsi après Xynthia, faute de capacités suffisantes, certains DEEE, notamment les écrans et le petit électroménager, ne furent délibérément pas recyclés.

Réactions1 réaction à cet article

Qu'on nous dise enfin ce que sont devenus les déchets d'AZF? de Tchernobyl? de Fukushima? et ce que deviendront les déchets ultimes
de Stocamine à Wittelsheim 68? et Bien sûr, des milliers d'autres enfouis
dans des décharges non contrôlées? Merci

arthur | 26 septembre 2011 à 20h42 Signaler un contenu inapproprié

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