"Je ne veux pas être le candidat de la fin du monde", affirme Yannick Jadot, qui affiche au contraire sa volonté de construire le monde de demain. Le candidat d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) à la présidentielle a présenté son programme ce mercredi 11 janvier, en présence des autres candidats de la primaire écologiste.
Vice-premier ministre en charge de l'écologie
Au niveau institutionnel, Yannick Jadot souhaite créer un poste de vice-premier ministre en charge de l'écologie traduisant la transversalité de la question écologique. "Tous les ministres de l'Environnement l'ont dit, ils ne sont pas en capacité de gagner les arbitrages", justifie-t-il. Le candidat propose également une troisième chambre qui interviendrait en amont des lois. Cette institution aurait un droit de veto sur les politiques publiques qui vont à l'encontre de critères écologiques tels que les émissions de gaz à effet de serre, la biodiversité, le risque chimique et l'épuisement des ressources.
France 100% renouvelable en 2050
En matière d'énergie, le candidat écologiste plaide pour une France 100% renouvelable en 2050, pas seulement en matière d'électricité. "Le sujet de la transition énergétique est celui du modèle de société dans lequel nous vivons", explique l'eurodéputé qui prône la décentralisation, la participation citoyenne et la relocalisation de l'économie. "L'écologie n'est pas le retour à la bougie mais a besoin de toutes les innovations", explique-t-il. Qu'il s'agisse d'innovations technologiques comme l'illustrent les progrès accomplis dans la production d'énergie photovoltaïque, mais aussi d'innovations sociales ou financières nécessaires, par exemple, pour mener à bien la rénovation thermique des bâtiments. Une rénovation qu'il souhaite mener au rythme de 750.000 logements par an d'ici 2022.
Concernant le climat, le candidat se réjouit de l'absence de débat sur le dérèglement climatique en France, et veut lier combat pour le climat et contre le nucléaire. Un combat qui vise une sortie de cette énergie à horizon 2035, et qui, bien entendu, n'autorise "ni Bure, ni EPR". Pour cela, l'ancien dirigeant de Greenpeace souhaite prendre exemple sur la loi de sortie du nucléaire allemande, adossée à un programme de promotion des énergies renouvelables (EnR) via des coopératives. A court terme, le candidat réclame la fermeture de Fessenheim, tout comme les trois centrales à charbon françaises, mais en prenant soin d'accompagner les salariés dans cette transition.
Construire l'autonomie alimentaire
En matière d'agriculture, l'eurodéputé fixe un objectif de 100% de la restauration collective issus de l'agriculture paysanne locale ou bio. Par ailleurs, 50% des fonds de la politique agricole commune (PAC), qui représentent 9 Mds€/an en France, seront alloués à la conversion vers des modèles durables. M. Jadot souhaite également affecter 1% du bénéfice de l'agro-alimentaire à la relocalisation agricole.
Le candidat entend promouvoir la signature de contrats de conversion entre les agriculteurs et les collectivités pour se tourner vers le bio et le zéro phyto. Il vise en effet une France zéro pesticide d'ici 2030, citant en particulier le glyphosate. Mais souhaite aussi interdire les autres produits toxiques, comme les perturbateurs endocriniens, et encadrer les nanotechnologies.
"Construire l'autonomie alimentaire est un enjeu de société", explique Yannick Jadot qui pointe les menaces pour la production de viande en France contenues dans les traités Ceta et Tafta, tout en souhaitant interdire les élevages industriels type "ferme des 1.000 vaches". Le candidat dénonce par ailleurs la cogestion Etat/FNSEA, militant plutôt pour une démocratie alimentaire faisant participer toutes les parties.
Pour ce qui concerne l'aménagement du territoire, M. Jadot souhaite qu'on ne continue pas à "construire le progrès autour de l'artificialisation des sols". Cela passe par une révision du schéma national des infrastructures de transport, par un combat contre les grands projets inutiles (Notre-Dame-des-Landes, Lyon-Turin, contournement de Strasbourg) mais aussi contre l'extension des zones commerciales. Il souhaite par ailleurs renforcer les mesures de protection de la biodiversité, en particulier en outre-mer et dans les océans.
Moins taxer le travail, davantage la pollution
En matière de fiscalité, le candidat écologiste pose le principe de taxer moins le travail et davantage la pollution, en mettant notamment fin aux 13 M€ de niches fiscales anti-écolo. En particulier faire disparaître la niche fiscale sur le diesel en cinq ans et utiliser 50% du produit ainsi récupéré pour financer une prime à la conversion vers des véhicules peu polluants. Le candidat souhaite aussi restaurer l'écotaxe poids-lourds. Une solution pour dégager les moyens de lutter de manière structurelle contre la pollution de l'air qui "n'est pas une fatalité".
Concernant les déchets, le programme affiche l'objectif "zéro déchet en 2030". Pour cela, Yannick Jadot souhaite réorienter la fiscalité vers le réemploi et le recyclage, au détriment de la mise en décharge et de l'incinération, et moduler la TVA en fonction de l'éco-conception du produit. Il entend ainsi instaurer une garantie de cinq ans pour l'électroménager et l'automobile, et créer un chèque réparation qui compensera 50% des coûts de main d'œuvre sur les filières de réparation. Il s'agit aussi de lancer un plan contre le gaspillage dans les cantines scolaires, de promouvoir le compostage collectif et le "zéro déchet" dans la commande publique.
Enfin, le candidat d'EELV veut lancer un plan de 600 Md€/an financé par la banque européenne d'investissement (BEI) et les banques nationales, garanti par la banque centrale européenne, pour financer la transition énergétique, le numérique, les transports du quotidien et la santé. Europhile, Yannick Jadot entend en effet inscrire ses propositions dans un projet européen. "L'Europe a besoin de la France, comme la France a besoin de l'Europe", conclut l'eurodéputé.