Réduire le gaspillage, donner une seconde vie aux produits, maximiser le recyclage… L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a suivi douze foyers (1) engagés dans une démarche "zéro déchet".
En France, plus de 450 kg de déchets sont produits par an et par personne, dont 277 kg d'ordures ménagères, selon l'Ademe. Ces douze foyers produisent jusqu'à 13 fois moins d'ordures ménagères que la moyenne, selon les résultats de l'enquête menée par l'Agence parus le 7 juin.
Réduire au maximum la production de déchets
Le suivi des foyers s'est fait sur un mois, durant lequel ils ont pesé l'ensemble de leurs déchets, avec une extrapolation sur l'année. La nature des déchets (impact environnemental, caractère évitable ou inévitable, entre autres) n'a pas été prise en compte dans cette enquête.
Le zéro déchet, ça ne coûte pas plus cher
L'Ademe a analysé les pratiques individuelles de chaque foyer comme acheter en vrac et sans emballage, composter, se passer des objets ou produits à usage unique ou inutiles ou encore remplacer certains produits cosmétiques ou ménagers par des produits simples, à usages multiples (bicarbonate de soude, vinaigre blanc, huiles, huiles essentielles…). Certaines pratiques peuvent générer des surcoûts à l'instar de passer à une alimentation biologique. Mais ils sont compensés par d'autres sources d'économies financières, liées au changement du mode de consommation, comme la réduction du gaspillage alimentaire ou le fait de manger moins de viande.
Les budgets s'équilibrent globalement pour les foyers témoins, et certains font des économies substantielles. A l'instar d'une famille avec deux enfants qui a économisé jusqu'à 100€ par mois, en achetant en vrac : "Finalement au bout d'un an, ça nous a coûté moins cher, […] ce n'est pas juste produit par produit qu'il faut regarder, mais c'est dans la globalité".
Chez les foyers enquêtés, les économies passent également par l'achat d'occasions, ou le fait de réparer, de bricoler, de faire durer les objets : "Le «DIY» ou «fait maison» est ainsi largement pratiqué dans la mesure où cela permet souvent de répondre à un besoin de façon plus appropriée et personnelle qu'un produit industriel et ce à moindre coût !", ajoute l'Ademe.
Les pratiques collectives ou partagées sont aussi plébiscitées par les foyers : covoiturage, autopartage, achat collectif de matériel entre voisins ou membres d'une communauté locale. Certains pratiquent également le troc, le don et les emprunts en bibliothèque ou ludothèque et "éliminent alors purement et simplement le poste de dépense".
Le zéro déchet peut être aussi associé à des pratiques économes en cherchant à investir prioritairement dans du matériel de qualité, "qui durera plus longtemps et génèrera à long terme moins de déchets et moins de dépenses".
Des foyers sobres et heureux
Dans cette enquête, l'Ademe a également utilisé l'indice trimestriel du bonheur des Français (3) (ITBF), un nouvel indicateur de richesse permettant de noter leur qualité de vie et de bien-être sur une échelle de 1 à 10. Ces foyers bénéficient d'"un haut niveau" de bien-être et de qualité de vie (7,9/10, contre une moyenne nationale évaluée à 6,04/10) tout en ayant un mode de vie relativement "conventionnel". "En devenant davantage «acteurs» de leur consommation et de leur vie, certains foyers étudiés se sont ouverts à des questionnements plus larges sur ce qui les rend heureux".
Rares sont les foyers qui ont changé toutes leurs habitudes du jour au lendemain, la démarche "zéro déchet" se construit souvent dans la durée, par petits pas. Ces exemples de foyers tendent à "tordre le cou aux idées reçues" : beaucoup de personnes assez réticentes ou découvrant la démarche considèrent que celle-ci se destine à des personnes "fortement privilégiées financièrement et socialement, parfois désignées comme des «bobos». Encore une fois, nos observations prouvent qu'on peut accéder à cette démarche sans sacrifice financier, au contraire", martèle l'Ademe. "L'engagement n'est ni impossible, ni réservé à un certain mode de vie ou à des acteurs foncièrement militants et il n'est pas incompatible avec un haut niveau de bien-être et de qualité de vie."