Alors que le 2 février marque la journée mondiale des zones humides, de nombreuses localités françaises sont victimes d'inondations. L'occasion de rappeler que la préservation des premières permet d'enrayer les secondes.
Le 2 février, date anniversaire de la signature de la convention de Ramsar, marque la journée internationale des zones humides (JNMZ). De nombreux acteurs comme l'Agence française pour la biodiversité (AFB), la Société nationale de protection de la nature (SNPN), la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) ou encore France Nature Environnement (FNE) se mobilisent pour rappeler l'importance de ces milieux.
Parmi les différents rôles joués par les zones humides, celui lié à la prévention des inondations est essentiel. Un rôle qu'il est d'autant plus nécessaire de rappeler que la France connaît un épisode de crue majeure dans plusieurs bassins, dont celui de la Seine, après celui survenu en juin 2016.
Zones tampons et rôle d'éponge
"En amont des villes et autour des berges, les mares, marais, tourbières, ripisylves, etc., agissent comme des zones tampons et des éponges en freinant et absorbant l'eau, réduisant les crues et les inondations", expliquent les partenaires de la journée mondiale des zones humides.
Deux effets sont constatés. En premier lieu, "le débordement des cours d'eau dans les zones humides périphériques (mares, bras mort de rivières, etc.) et la rétention d'eau provoquent ainsi une diminution du débit et un étalement dans le temps du débit maximum d'eau, et donc des crues". En second lieu, "la végétation de ces milieux et les sédiments dissipent l'énergie hydraulique, diminuant la vitesse d'écoulement", détaillent les parties prenantes. "En bonus, la vase déposée lors des crues est très riche et permet de nourrir les sols !", font également remarquer les Conservatoires d'espaces naturels, qui gèrent de nombreuses zones d'expansion des crues.
Or, les zones humides ont peu à peu disparu, victime d'un artificialisation croissante des milieux naturels et des terres agricoles. "Depuis 2006 l'équivalent d'un département d'espace rural (490.000 ha) a été artificialisé, dont les deux tiers au profit des espaces urbains, faisant de l'urbanisme et des infrastructures la première cause de disparition et de dégradation des zones humides en France", rappellent les animateurs de la journée des zones humides. "En France, 67% d'entre elles ont disparu entre 1960 et 1990", déplore France Nature Environnement.
"Les choses sont en train d'évoluer"
"Mais Notre-Dame-des-Landes et sa zone humide d'importance nationale le montrent : les choses sont en train d'évoluer, le respect de la nature entre dans les esprits et oriente les choix des décideurs dans le sens d'un avenir durable", affirme Marine Le Moal, coordinatrice du réseau Eau & milieux aquatiques de FNE.
L'agence de l'eau Seine-Normandie et Ramsar Fance signent un accord
L'agence de l'eau Seine-Normandie et l'association Ramsar France ont signé le 31 janvier un accord pour promouvoir et soutenir la conservation et la protection durable des zones humides. L'agence apporte son concours financier aux opérations d'acquisition, de restauration et d'entretien des zones humides sur son territoire. En 2017, 2.543 hectares ont bénéficié d'un financement dans ce cadre là. Les zone humides ne représentent que 5,9% du bassin Seine-Normandie, particulièrement impacté par les crues actuelles.
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Détentrices et responsables de terres humides, les villes ont un rôle majeur à jouer", estime la LPO. Plusieurs exemples d'aménagements urbains confirment cette prise de conscience. Ainsi, la ville de Rennes, élue
capitale française de la biodiversité en 2016, aménage un parc de 30 hectares constitué de zones humides en plein cœur de ville. Il doit permettre de protéger la ville des inondations en servant de zones d'expansion des crues.
C'est le cas également de la Teste de Buch en Gironde. La destruction des polders sur les prés salés ouest de la ville rend à la zone humide ses atouts : "elle se remplit à nouveau au gré des marées et peut assurer le stockage de 37.000 m³ d'eaux pluviales, un précieux réservoir qui limite le risque d'inondation", rapporte FNE.
Ces initiatives sont encouragées par les ministères de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires qui ont lancé en juillet 2017 le deuxième Grand Prix "milieux humides et urbanisme", dont les résultats seront connus au printemps. La première édition avait récompensé huit collectivités, et en particulier la ville de Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine) pour l'aménagement d'un parc urbain de 14 hectares qui a permis de préserver des milieux naturels existants tout en créant de nouvelles zones humides.
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