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AccueilAntoine NogierPhotovoltaïque et bulle spéculative : il est temps de séparer le bon grain de l'ivraie

Photovoltaïque et bulle spéculative : il est temps de séparer le bon grain de l'ivraie

Antoine Nogier, président de Sun'R, nous propose un Avis d'expert sur les raisons de la bulle spéculative du photovoltaïque en France et le rôle des producteurs d'électricité dans les nécessaires corrections du marché.

Publié le 30/04/2010
Quelle n'est pas ma surprise lorsque je lis, ici et là, que les responsables de la bulle photovoltaïque sont les ''loueurs de toiture'', ce terme inapproprié désignant tantôt les producteurs d'électricité ayant une approche industrielle centrée sur l'exploitation des centrales, tantôt les ''prospecteurs fonciers'' vendeurs d'équipements à des auto-producteurs néophytes. Car ces univers professionnels sont diamétralement opposés. Producteur ou bien vendeur ? Un producteur d'électricité, propriétaire et/ou gestionnaire d'infrastructures, est censé avoir mis en place un modèle de rentabilité de long terme, sans chercher absolument à maximiser la rentabilité de court terme. Bien qu'il y ait des exceptions, ce modèle d'entreprise prend ses distances avec toute bulle spéculative ''court-termiste'' et se distingue de la vente pure et simple de centrales à des agriculteurs ou à des industriels, promus auto-producteurs du jour au lendemain. Par nature, les vrais producteurs d'électricité pratiquent une activité d'infrastructures de long terme qui suppose, premièrement, que les centrales photovoltaïques soient construites dans le respect des normes de qualité (conception, installation, choix des matériaux), et deuxièmement, qu'une exploitation de qualité soit mise en place sur la durée. Dans ce cas, nous sommes bien loin d'une activité spéculative ! Installation ''clefs en main'', et après ? À titre personnel, mes 13 années d'expérience dans le photovoltaïque m'ont amené à voir davantage de centrales photovoltaïques en dysfonctionnement que de centrales en fonctionnement. Les programmes photovoltaïques réalisés dans les années 80 et 90 ne prévoyaient pas d'exploitation des systèmes mis en place et aboutissaient, inéluctablement, à ce que près de 100% des installations soient hors service après quelques années, parfois quelques mois. Aujourd'hui, en France, la grande majorité des acteurs que nous avons pu rencontrer considère qu'une centrale photovoltaïque est simple à concevoir, installer, et que l'exploitation ne consiste qu'à nettoyer les panneaux une fois par an, et à remplacer les onduleurs tous les 10 ans. Les panneaux photovoltaïques sont, quant à eux, considérés par ces mêmes acteurs comme étant garantis pendant 25 ans, et donc, seraient remplacés automatiquement par le fabricant en cas d'éventuel dysfonctionnement. Un miroir aux alouettes qui fait gonfler la bulle Cette perception est fondamentalement erronée et conduit à sous-estimer radicalement les risques d'exploitation ainsi que les coûts associés. Plus gravement, elle va remettre en cause la rentabilité des centrales et entraîner des faillites après quelques années de fonctionnement. La conséquence de la bulle spéculative du photovoltaïque a été que nombre d'acteurs nouvellement arrivés sur le marché ont rapidement promu, ou vendu, des installations à des ''investisseurs'', sur la base de business plans mensongers ou largement tronqués. Sur le papier, l'opération reste d'autant plus attractive que les charges d'exploitation ont été sous-évaluées. Certains acteurs ont également surestimé la production, dans des proportions parfois spectaculaires, sans que personne n'y trouve à redire. La vérité sur les faits L'idée s'est vite répandue que tout le monde pouvait devenir ''producteur d'électricité'' et pouvait gérer une centrale de taille professionnelle. Ainsi, il est devenu courant de vendre une installation de grande taille, pouvant atteindre 1 M€ et 200 kWc, au propriétaire d'un bâti, en lui promettant qu'il fera fortune. Certains agriculteurs, attirés par des perspectives de complément de revenu, se sont jetés sur l'aubaine et se sont surendettés. Mais quasiment personne n'a vu que ce modèle d'auto-producteur est moins efficace que le modèle de producteur d'électricité louant l'espace au propriétaire du bâti. Ainsi, l'auto­producteur qui achète un équipement clé en main contribue, avant tout, aux objectifs de profit à court terme de l'installateur, parfois aux détriments de la qualité, de la pérennité et de la rentabilité globale du projet. C'est ce conflit d'intérêt qui a souvent mené des investisseurs sincères vers de funestes logiques de court terme, hautement spéculatives. Le producteur d'électricité, en revanche, s'approvisionne directement auprès des fabricants de modules photovoltaïques et, en évitant les intermédiaires, obtient des coûts nettement plus compétitifs. Sur le plan technique, il cherche à maximiser l'efficacité de fonctionnement de sa centrale au long des 25 à 30 années d'exploitation. Autre réalité que les auto-producteurs découvriront peu à peu : l'exploitation et la maintenance, et de façon plus générale la gestion du risque lié aux centrales photovoltaïques, nécessitent des compétences spécifiques qu'ils ne possèdent pas. De même qu'ils n'ont pas plus la capacité de garantir et obtenir les stocks de pièces de rechanges requis : modules, onduleurs, câbles, équipements de protection, instrumentation, … La vérité sur les chiffres La pérennité des investissements dans le photovoltaïque a un prix : celui, notamment, des coûts de remplacement de panneaux, des coûts de démantèlement et de recyclage de la centrale en fin de vie, et enfin, du financement des interventions curatives régulières et des protocoles sérieux d'interventions préventives. Tous les projets doivent intégrer ces postes budgétaires et être provisionnés dès le démarrage de l'exploitation des centrales photovoltaïques. Ce faisant, le niveau crédible des charges d'exploitation pour les centrales intégrées au bâti sera de l'ordre de 20% du chiffre d'affaires et non pas de 7 à 10% comme l'avancent certains. Les ''loueurs'' de toiture assureront la pérennité du photovoltaïque en France Prétendre que ce sont les ''loueurs'' de toiture qui sont à pointer du doigt serait montrer l'arbre qui cache la forêt. Au contraire, la démarche de production d'électricité, réalisée par des professionnels, reste la seule démarche de pérennisation du secteur photovoltaïque, ainsi que de son industrialisation. Prétendre, comme nous l'avons souvent entendu, que si le métier de producteur d'électricité est rentable, autant le faire soi-­même, reste une tromperie intellectuelle. La bulle spéculative du photovoltaïque s'est nourrie d'un phantasme collectif, parfaitement orchestré par les marchands du Temple. Et si l'on fabriquait soi-même sa voiture, son essence, sa maison, et les matériaux qui la composent ? Avis d'expert proposé par Antoine Nogier, président de Sun'R.

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2 Commentaires

Polo 83

Le 03/05/2010 à 11h27

Enfin une réponse réaliste et objective pour les projets + de 250 kw. ( en autres)
Propriétaire de 10.000 m2 de serres verres pour poser 4850 m2 de PV , 80% des devis établis par les "professionnels du photovoltaique"
sont soit des incompétants soit des escros.

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Daniel salib

Le 22/04/2011 à 16h07

que pensez vous du plan d'investissement du livret ecologique

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